Articles taggés avec ‘lettres’

Le Visage du Bagne : chapitre 12 Le pot de terre contre le pot de fer


jeudi 28 septembre 2023 par JMD

La réglementation du Bagne, ainsi que nous l’avons noté, se composait d’une foule de lois, décrets, circulaires et arrêtés. Les modifications et les abrogations, en faisaient un fatras administratif parmi lequel il était difficile de se reconnaitre.

Grâce aux transportés comptables, j’avais pu cependant, de bonne heure, m’initier et me documenter au sein de ce labyrinthe paperassier.

A tel point, que le Directeur Barre[1] passant un jour une inspection aux Iles du Salut, devait avouer que je connaissais les règlements mieux que lui. Cette connaissance des règlements fut pour moi un atout formidable, dans la lutte que j’entrepris dès le début contre l’Administration et ses tenants. Cette lutte, je devais la soutenir jusqu’au bout – inlassablement et sans défaillance.

C’est surtout par des réclamations écrites, que je portais mes coups contre la vieille armature de la Tentiaire[2].

Je les appuyais par des faits probants, fournissant toutes preuves matérielles et testimoniales. Lorsque les règlements étaient violés ou inobservés par ceux-là même qui devaient en faire l’application – et naturellement à notre désavantage – c’est avec une sûreté infaillible que je citai les textes, les articles et les paragraphes – ainsi que les dates. Aussi, la plupart du temps mes réclamations étaient-elles reconnues fondées. Elles avaient des suites fâcheuses, pour les agents et fonctionnaires mis en cause.

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Le Visage du Bagne : chapitre 11 Au cachot


mercredi 27 septembre 2023 par JMD

À l’île Royale, les cachots occupaient l’aile droite des locaux disciplinaires.

Ils étaient disposés sur deux files, séparées par un couloir assez étroit.

Chaque cachot était flanqué d’un lit de camp, muni du dispositif des fers.

L’ameublement se composait d’un baquet à eau, d’un baquet à vidange et d’une couverture. Un trou était ménagé au plafond, et un petit tuyau recouvert d’un capuchon en zinc l’encadrait, qui prétendait être un tuyau d’aération – car il n’y avait pas de fenêtre. En outre, une plaque métallique encastrée au bas de la porte, était percée d’une quinzaine de trous, qui tendait au même but – mais avec plus de succès.

Ainsi que je l’ai déjà dit, les punis de cachot étaient soumis au pain sec deux jours sur trois[1], et aux fers pendant la nuit. Le peu d’air et de jour qui pénétrait par la plaque de la porte, ne provenait pas directement de l’extérieur, mais du couloir.

La porte de chaque cachot était tenue ouverte le matin, pendant trois minutes, pour permettre la corvée des baquets et le balayage du local.

Indépendamment de cela, les punis de cachot sortaient dans la cour pendant un quart d’heure chaque semaine, à l’effet de prendre une douche.

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Mes tombeaux 16


samedi 16 juillet 2022 par JMD

Les Allobroges

7ème année, n° 1289,

lundi 16 février 1948, p. 2.

Mes tombeaux

souvenirs du bagne

par Paul Roussenq, L’Inco d’Albert Londres

XV

Pour communiquer entre les cellules un domestique inattendu et stylé : le cancrelat

Les lettres partaient, suivaient leur cours. Elles revenaient pour enquêtes et renseignements, nécessitant de longues annotations, à telle enseigne que chacune d’elle enfantait un dossier plus ou moins compact. Administrateurs et surveillants « me sentaient passer » selon l’expression populaire. Arrêts simples ou de rigueur, suspensions de solde, rétrogradations à la classe inférieure, telles furent les sanctions que je provoquai maintes et maintes fois à leur encontre. Le Directeur se fit même infliger un blâme par le Ministre. Lire le reste de cet article »

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Demandez le programme !


mercredi 31 août 2016 par JMD

Remisé l’été 2016 et son lot de balnéaires marronniers. Remisés les serviettes, les tongs et le parasol. Remisée les tueries de masse, les morts accidentelles dans les commissariats, les chiens abandonnés et les corridas assassines des férias du Sud-Ouest. La rentrée s’annonce aussi orwellienne et déprimante qu’un été d’état d’urgence prolongé et si prompt à faire passer la question sociale au second, si ce n’est au troisième, plan. Mais nous n’oublions pas que leurs guerres provoquent nos morts. Alors si le capitalisme se joue du principe de frontière, pourquoi devrions-nous, moutons que nous sommes, aller crever pour la patrie, aller suer misère pour le patron et obéir sans rechigner aux chiens de garde de l’ordre sécuritaire ? « Je hais les résignés » écrivait Libertad en 1905. La même année, l’honnête cambrioleur consignait dans ses Souvenirs d’un révolté : « Au nom de la consigne, ça marche, court, boit, mange, dort ; au nom de la consigne, ça vous salue un supérieur d’une main et ça vous revolvérise un pauvre bougre de l’autre ; au nom de la consigne enfin, ça défend le capital en sabrant et en fusillant les grévistes, ça protège la propriété en faisant la chasse aux sans-le-sou ; ça agit, ça respire, mais ça ne pense pas. ». Le Jacoblog poursuit sa route. Demandez le programme et vive les enfants de Cayenne ! Lire le reste de cet article »

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Hors du commun ?


samedi 14 septembre 2013 par JMD

Il convient d’aborder avec une certaine méfiance les papiers ayant, sur la toile, l’honnête cambrioleur comme sujet. D’abord parce que c’est souvent du n’importe nawak pompé allègrement sur oui-oui qui pédia et sans aucune mention de sources. Ensuite, parce que l’auteur fait fréquemment preuve  si ce n’est d’un égo surdimensionné, en tout cas d’une formidable prétention historique à détenir une réalité vraie et affirmée là où, finalement, on ne trouvera que prisme déformant et a priori pour le moins subjectifs. Recenser ces nombreux articles revient donc à s’inscrire dans une démarche historiographique. Celui, très long et publié sur Criminocorpusle 27 mars 2013, de Colombe de Dieuleveult, nous est apparu à dix lieux de ce qu’habituellement on peut lire … même sur ce site réputé gage de probité scientifique. Lire le reste de cet article »

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Lettres du Zoo de Ré 6


samedi 22 juin 2013 par JMD

Outre l’écriture des lettres, peu de choses viennent égayer la monotonie carcérale du détenu Jacob. N’en faisant qu’à sa tête, Marie Jacob est venu voir son rejeton interné au dépôt pénitentiaire de Saint Martin de Ré le 11 novembre. C’est ce qu’elle confie en 1925 au journaliste Louis Roubaud dans les colonnes du Quotidien. Nous ne savons pas si elle a réitéré sa visite. Toujours est-il que le pragmatique détenu met à profit son ennui pour disserter longuement sur l’ingéniosité d’un moineau qu’il observait depuis sa cellule. Citant au passage la Fontaine, Jacob raconte comment l’oiseau utilisait un bout de tissu pour filtrer de l’eau de pluie et ramasser au passage les insectes pris au piège. Faut-il considérer l’historiette du volatile animal comme une parabole, un code utilisé par Jacob dans cette lettre du 26 novembre 1905 ? Tante marie et les cousines font aussi leur apparition dans cette famille imaginaire que l’on retrouve désormais au fil de la correspondance de l’enfermé en date du 3 décembre. Mais Jacob  entend surtout profiter de la moindre occasion et des failles du système pour améliorer son sort … tenter de passer inaperçu. Lire le reste de cet article »

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Lettres du Zoo de Ré 4


samedi 13 avril 2013 par JMD

Au Zoo de Ré, le temps passe inexorablement. Confiné à l’infirmerie du dépôt pénitentiaire, le numéro d’écrou 4043 s’ennuie et craint les changements météorologiques pour sa santé. La pluie et le gris de l’automne rythment l’attente du départ pour la Guyane. Celui-ci ne s’effectue que deux fois l’an. Faute de pouvoir s’évader, il ne reste donc plus qu’à se soumettre à la discipline carcérale. Le pragmatisme jacobien n’est pas pour autant fait de soumission ; le détenu contourne les règles. Le détenu écrit et les lettres d’octobre 1905, dont en particulier celle inédite en date du 29,  montrent cela. Lire le reste de cet article »

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Robert et Marius : les premières lettres


jeudi 15 mai 2008 par JMD

Jacob dans sa maisonRobert PassasRobert Passas est né en 1926. La lecture d’un anarchiste de la Belle Epoque d’Alain Sergent impressionne fortement ce jeune instituteur de la Drôme, récemment marié à Josette Duc. Antimilitariste, libre-penseur, anarchiste et poète, Robert Passas ne peut-être que touché par le récit épique du biographe d’Alexandre Jacob. Robert écrit alors à Marius. Et Marius lui répond, prélude épistolaire d’une amitié indéfectible qui naît de la venue, en vélo, du premier à Reuilly durant l’été 1951. Lire le reste de cet article »

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Marius et Josette


lundi 21 avril 2008 par JMD

Marius Jacob dans son jardin A 74 ans, Alexandre Jacob se découvre une passion amoureuse pour Josette, jeune femme de 26 ans. Mais ce n’est que lors d’une troisième visite du couple Passas, en septembre 1953, qu’il avoue le sentiment qui l’anime depuis un an. Robert Passas, parfaitement au courant de cette relation, ne connaît pas la jalousie pour autant et laisse sa femme correspondre pendant un an avec son ami. Il sait aussi que cet amour maintient le vieil anarchiste en vie. Car, de plus en plus ce dernier évoque le suicide dans ses nombreuses lettres. De septembre 1953 à juillet 1954, ce sont plus de 150 missives que Josette reçoit de Bois Saint Denis. Certaines font plus de six pages. Si nous pouvons entrevoir le quotidien du vieil homme, ses souvenirs et ses pensées, cette intense relation épistolaire met aussi et surtout en avant un amour presqu’adolescent. Beau et touchant. Extraits. Lire le reste de cet article »

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