« Je récupère ma prose et ne désire pas la voir figurer dans cette webpublication. » a écrit Philippe Collin sur WhatsApp le 30 juin 2023 à 15h11 précise après que nous lui ayons proposé de mettre en ligne Roussenq une vie enfermée. Quarante minutes plus tard, Vanessa Van de Walle refusait à son tour de voir dans le Jacoblog les parties écrites par ses soins. La veille, Les Éditions Loubatières prenant connaissance des divergences entre les auteurs sur cette étude retiraient leur projet de livre. Rien ne présumait au départ du formidable gâchis à la hauteur de trois années de fructueuses recherches et d’écriture. Cet échec éditorial s’inscrit néanmoins dans l’historiographie des bagnes de Guyane en général et de Paul Roussenq en particulier.
Sisteron, juin 1942. Les écrits de Roussenq (1885-1949) ressemblent à cette vie houleuse et souffrante que le réfractaire a pu endurer. Mais là où on aurait pu le croire, fini, cassé, brisé, il n’en fut rien. Celui qui n’était plus un homme mais un bagne, comme il a pu le dire à Albert Londres en 1923, a su rebondir, retrouver vitalité et énergie ; il a repris une plume que le glorieux parti des travailleurs lui avait confisquée en le faisant revenir de Guyane en décembre 1932. C’est donc à la citadelle de Sisteron que l’Inco, une nouvelle fois prisonnier, donne une autre version de son enfer carcéral et colonial. Lire le reste de cet article »
Le 27 octobre 2017, au petit matin. Il fait nuit et le jour va brusquement se lever sous les cieux équatoriaux. Nous sommes sur la route nationale un et avons quitté Saint Laurent du Maroni pour éviter la chaleur. Nous roulons vers Cayenne. Coauteurs du livre Des hommes et des bagnes paru chez Libertalia en 2015, nous sommes là-bas pour un voyage d’étude sur notre sujet de prédilection et c’est peu dire que le bagne nous colle à la peau comme notre chemise à la descente de l’avion à l’aéroport Félix Eboué. La chaleur est étouffante et on saisit instantanément l’effrayante mortalité carcérale en terre de grande punition. Lire le reste de cet article »
Est-il des lieux où souffle l’esprit ? C’est là, à une trentaine de kilomètres d’Epinal, de Toul et de Nancy, que nous avions posé pour deux jours de salon notre pignolesque production accompagnée de quelques honnêtes ouvrages sur le bagne et sur qui vous savez qui n’est pas qui vous savez. Le chouette, le très chouette festival Pays Paysages réunissait à Sion, 540 m d’altitude, environ 50 auteurs lorrains en dédicace. La tête dans les étoiles et les pieds sur les étoiles aussi. Une vue à couper le souffle, Barres et la Vierge en prime. C’est un lieu de pèlerinage. Cela aurait dû inspirer le journaliste de l’Est Républicain venu couvrir l’évènement le 18 juin 2016. Il faut bien gagner sa croûte et remplir les colonnes de la feuille locale. Alors, pour relever le niveau de sa divine inspiration, il a arpenté l’étalage de livres et s’est posé devant les nôtres. L’œil s’est focalisé sur une biographie de l’honnête cambrioleur (celle de chez Nada). Quelques questions et l’article était écrit dans sa tête. Sauf que … le protocole des sages lupiniens a encore frappé. Un papier où il est question du vrai qui vous savez. Nous, on est allé siffler sur la colline sans dieu ni maître et on a expliqué aux chalands tout le contraire. Zaï zaï zaï zaï. Lire le reste de cet article »
Alors que vont s’ouvrir les 18e Rendez-Vous de l’Histoire de Blois sur le thème des empires, le Jacoblog rappelle qu’au mois d’avril dernier est sorti aux éditions Libertalia un document totalement inédit sur les colonies pénitentiaires françaises. Des hommes et des bagnes rassemble les deux carnets de notes et les photographies du docteur Léon Collin. Direction la Guyane et la Nouvelle Calédonie. Rappelons alors que depuis la création officielle du bagne en 1854 jusqu’au dernier convoi de condamnés en 1938, ils furent plus de 100000 à venir s’échouer en terre de grande punition. Il y a plus d’un an, les historiens Michel Pierre et Jean-Lucien Sanchez relevaient dans le n°64 des Collections de L’Histoire (juillet-septembre 2014) l’aspect exceptionnel de ce « rare » témoignage qui est un des seuls à révéler l’échec des camps à la française sur deux espaces particuliers : la Guyane et la Nouvelle Calédonie. Lire le reste de cet article »
Huit ans. Huit ans que le drapeau rouge et noir de la flibuste livresque flotte au vent de l’édition indépendante. Huit ans et quelque soixante-dix bouquins de derrière les fagots de l’alternative culture libertaire, antiautoritaire et anticarcérale. Car publier un livre n’est ni une chose aisée, ni même une entreprise neutre. Il faut souquer, aimer le texte, tirer des bords, corriger le texte, ça gîte sec aussi parfois, souvent niveau finance mais les 40e rugissants en valent le coup, et c’est toujours une aventure de pirates où l’on va à l’abordage du lecteur. Dis-moi ce que tu publies et je te dirai qui tu es … et tu nous diras qui tu es plutôt. Libertalia est une maison d’édition qui nous montre que l’engagement c’est la vie et qui, en huit années d’un dur, laborieux, artisanal mais aussi jouissif labeur a su distiller dans son catalogue un fameux arsenal dialectique de critique sociale. La crique du capitaine mais sans capitaine, ni dieu, ni maître. Lire le reste de cet article »
Eric Fournier est historien. Après avoir longtemps enseigné dans le secondaire, il dispense sa connaissance de l’histoire sociale et culturelle du XIXe siècle à l’université de Paris I la Sorbonne et porte un regard singulier et novateur sur cette période « des possibles » qui a vu aussi un honnête jeune homme de Marseille se muer en honnête cambrioleur. Avec l’ébouriffante Cité du Sang, ouvrage illustré par Gil et paru chez Libertalia en 2008, il nous emmène dans l’incroyable monde des bouchers de La Villette au moment de l’affaire Dreyfus. Cinq ans plus tard, Libertalia encore lui permet de livrer une étude lumineuse du souvenir des évènements parisiens de 1871. La Commune n’est pas morte. C’est alors une plume claire, non dénuée d’humour et d’engagement, dont nous vous conseillons fortement la lecture et qui a bien voulu ici répondre à nos dix questions autour bien sûr de l’affaire Dreyfus et du souvenir des Communards, mais aussi du métier d’historien. Lire le reste de cet article »
Alors que les éditions Libertalia s’apprêtent à Publier Des hommes et des bagnes du docteur Léon Collin, nous avons voulu en savoir un peu plus sur ce médecin militaire dont le témoignage, rare et formidable, vient confirmer si besoin est l’horreur de l’enfer carcéral guyanais et calédonien. Le livre devrait faire date et, comme le souligne Michel Pierre dans le numéro spécial du magazine L’Histoire en juillet-septembre 2014, il y a encore des découvertes à faire sur le sujet. Philippe a bien voulu évoquer pour nous son grand-père, le récit de ce dernier ainsi que le grand nombre de photographies qu’il a pu prendre à bord de La Loire ou encore sur ces terres de punition. Dix questions pour aborder un homme, un brin réactionnaire mais profondément humaniste, marqué à vie par son expérience. Les souvenirs de Léon Collin dormaient paisiblement dans la maison familiale de Crèches sur Saône ; Philippe les a exhumés et s’est mis à fouiller, à chercher, à fréquenter les services d’archives et en particulier ceux de l’Outre-Mer à Aix en Provence. Une volonté de comprendre l’aïeul, de saisir ce que ce dernier a pu ressentir. Un travail énorme d’historien. Il est des voyages dont on ne revient pas totalement indemne … Une interview à lire sans modération, sans précaution et sans avis médical. Lire le reste de cet article »
Léon Collin est mort en 1970. Il a subi la boue des tranchées ; il a vécu la défaite de 1940 et l’occupation ; il a navigué sur toutes les mers du globe et a vu la presque totalité de cet empire français où le soleil ne se couchait jamais. Il a 27 ans lorsqu’il débarque en Guyane en 1907. Il s’occupe du transport sur le vapeur le Loire des condamnés aux travaux forcés. Chargé de mission pour les services épidémiologiques, il passe ensuite trois ans en Nouvelle Calédonie de 1910 à 1912. Rien pourtant ne prédisposait ce jeune médecin de l’armée coloniale, homme de son temps, un brin réactionnaire mais profondément humaniste, à affronter l’horreur du bagne. Qui aurait pu deviner que ce fils de négociant en vin bourguignon serait marqué à vie par son expérience ? Les éditions Libertalia ont eu la bonne, la très bonne idée de publier ses carnets de notes. Lire le reste de cet article »
Sabine Barbier est une des animatrices du site web Paroles d’artistes. Nous l’avons rencontrée à l’occasion d’une séance de dédicaces des livres des éditions de La Pigne à la librairie Le Neuf de Saint Dié des Vosges au début du mois de juillet dernier et nous avons pu constater son enthousiasme pour la réédition des Dix-huit ans de bagne de Jacob Law. L’interview qu’elle a proposé et qu’elle a mis en ligne le 05 octobre 2013 a permis d’évoquer l’enfer carcéral guyanais mais aussi de présenter cette micro-production voulant sortir du carde institué. Et, pour une fois, aucune question sur un très hypothétique rapprochement entre un cambrioleur réel et un autre nettement plus littéraire. Quand la lupinose n’est pas là, La Pigne fait sa promo en attendant de montrer sa production et de faire votre connaissance dans les salons du livre de France, de Navarre et d’au-delà les frontières. Mais, amis jacoblogueurs, vous pouvez aussi commander LES MEGOUSTASTOUX DE Steve Golden et Quercus Robur, le BOCALBLUES de Gil ou encore les souvenirs carcéraux de Jacob Law. Cela aidera à sortir le quatrième pignolesque opus de cette toute toute petite maison d’édition vosgienne : FELICE ET MANETTE LES OIES DU CAPITAL. Lire le reste de cet article »
Il ne sera pas tout seul l’honnête. Le deuxième salon des éditions libertaires de Lyon, organisé les 17 et 18 novembre 2012 par le CDL (Centre de Documentation Libertaire), les Amis de la Gryffe et la librairie libertaire la Gryffe, se tiendra le samedi 17 et le dimanche 18 novembre2012. Plus de soixante éditeurs et revues, des centres documentaires, des librairies (neuf et occasion), des groupes locaux seront présents à la Maison des Associations, 28 rue Denfert-Rocherau. Vous pourrez y discuter Alexandre jacob avec l’ACL, Paul Rousenq avec Libertalia ou encore Bocalblues, Mégoustastoux et Jacob Law avec les éditions de La Pigne, sans oublier un programme des plus alléchants. On vous y attend nombreux et nombreuse. Parce que la culture libertaire ne se mendie pas, …
Jean-Pierre Levaray fait partie de ces plumes que l’on aime bien au Jacoblog. Non pas parce qu’il a les mains calleuses de l’ouvrier. Non pas parce qu’il est un actif et inlassable militant syndical, associatif et politique. Non pas parce qu’il décrit une réalité vue de la France d’en bas. Mais bien parce qu’enfin, lorsqu’il nous écrit de l’usine ou d’ailleurs, ses mots font mouche systématiquement. C’est peu dire que son Putain d’usine, sorti en 2002 chez L’Insomniaque, a constitué un coup de tonnerre. C’est peu dire que ses autres livres sont de la même facture, de celle qui remue insensiblement vos neurones et votre colère et qui, fatalement, ne suscite pas uniquement de l’indignation. En février 2010, Tue Ton Patron, roman noir aux accents marvéliens, met en scène un ouvrier licencié qui, pour approcher et flinguer le PDG de son entreprise, revêt entre autres les traits d’un personnage connu pour son illégalisme et sa morale anarchiste. L’ouvrage de Jean-Pierre Levaray ne pouvait que susciter l’intérêt du blog de l’honnête cambrioleur et ce d’autant plus que la saison 2 ne va pas tarder à paraître chez Libertalia et qu’il est depuis le 16 février dernier l’objet d’une version bd brillamment mise en images par Efix aux éditions Fetjaine. Jean-Pierre Levaray a bien voulu répondre à nos dix questions sur la condition ouvrière, sur l’illégalisme et sur la lupinose. Et son propos claque comme coup de grisou dans la mine, comme coffre fort que l’on éventre, comme la balle sociale sorti du canon de del Sindicalista. Lire le reste de cet article »
Une fois encore le nouveau numéro de la revue A Contretemps brille par les analyses développées. Parmi elles, on pourra se délecter des fumeux rapports d’indicateurs policiers, répondant aux doux et très anonymes noms de Caraman, Guillaume et Omnibus, chargés par la préfecture de police de Paris de la surveillance du très remuant Enrico Malatesta. Ce dernier donne alors à la revue qu’anime Freddy Gomez un non moins intéressant point de vue sur un des ses « vieux amis » : Pierre Kropotkine. Passent alors à la moulinette d’une critique aigüe et affinée, comme il est de tradition dans cette feuille ne vivant que des abonnements parce qu’ « A Contretemps n’a pas de prix, juste des frais », nombre de livres ayant pour la plupart l’anarchie en toile de fonds. Et dans ce cadre, A Contretemps fait la recension de l’Enfer du bagne de Paul Roussenq réédité chez Libertalia. Lire le reste de cet article »
Ce n’était certes pas l’affluence du Grand Soir même si « dans l’amphithéâtre du lycée Jules Ferry, le public se plait toujours à découvrir les conférences Budé ». Malgré tout, nous pouvons constater la qualité des questions posées par un auditoire composé d’une trentaine de personnes. Des questions sur Biribi, sur les femmes au bagne, sur les cachots de Saint Joseph, sur les souvenirs du bagne de Roussenq, réédités par Libertalia … L’article du journal local, rendant compte de la conférence Budé à Saint Dié vendredi dernier, ne dit néanmoins pas notre volonté de démontrer un univers concentrationnaire précurseur des goulags et autres camps de concentration, un des aspects certainement pas positif de la colonisation à la française. L’Inco a vécu cela. Où il est écrit aussi que les malheurs de Paul précèdent ceux de Sophie. Lire le reste de cet article »