Roussenq, reprends ton luth !
samedi 21 octobre 2023 par JMD
Monsieur le Ministre 1914
Nostalgie 1923
Monsieur le Ministre 1926
Bonne année 1928
Apostolat 1946
Introspection 1946
Défi à la souffrance 1948
Lire le reste de cet article »Monsieur le Ministre 1914
Nostalgie 1923
Monsieur le Ministre 1926
Bonne année 1928
Apostolat 1946
Introspection 1946
Défi à la souffrance 1948
Lire le reste de cet article »Pour la plupart de ces hommes – la presque totalité –, dont la Guyane sera le tombeau, il y a en eux une lueur qui ne s’éteindra qu’avec la vie : l’espérance. Même dans les pires conjonctures, ils espéreront toujours et quand-même. Le mirage de l’évasion ne cesse de les attirer ; cette pensée ne cesse de les hanter.
Les forçats, pour désigner cette chose précieuse et inestimable entres toutes – la liberté – emploient une métaphore touchante dans sa concision : la Belle.
Pour eux, « la belle » c’est de partir au loin vers l’Inconnu, n’importe où ; c’est de respirer un autre air sous d’autres cieux – ne plus entendre la cloche, ne plus voir de casques.
C’est aussi l’espoir tenace, en leur cœur, de revoir un jour la maman et de l’étreindre en versant de douces larmes…
Fuir le Bagne, ses tourments, ses bassesses et ses servitudes, le fuir à tout prix – le reste n’importe ! Lorsque les projets sont mûris, il s’agit de les concrétiser en des préparatifs appropriés, avant que de les mettre à exécution.
Cela demande du temps.
Lire le reste de cet article »En prévention, j’étais en cellule, à Saint-Laurent encore en cellule et aux fers par-dessus le marché, à l’infirmerie, toujours en cellule et isolé, bien qu’à l’ordinaire ce local soit occupé par trois condamnés malades. À vrai dire, j’aime mieux ça. La vie en commun, en troupeau pour mieux dire, a ses désagréments quoiqu’elle offre un peu plus de libertés. De libertés ! je me demande ce que ce mot est venu faire sous ma plume.
Lettre à Marie Jacob, 14 mars 1912
Le chapitre 6 du livre du Docteur Rousseau aborde logiquement le thème de l’évasion après l’analyse plus que critique des processus de normation faisant du bagnard un rouage interchangeable parce que périssable. Eradiquer toute velléité d’opposition, briser les énergies, le bagne est un monde violent et totalitaire qui n’offre aucune perspective de régénération. L’ogre carcéral se nourrit de l’infortune du condamné qui n’a d’autres alternatives pour s’y soustraire que de crever ou d’embrasser la chimérique Belle. 95% des évasions échouent, nous dit en 1930, Dieudonné, forçat anarchiste, ancien membre de la bande à Bonnot, lui-même évadé en 1926[1]. Pourtant, l’infime petit nombre de réussites suffisent à entretenir le mythe, à relever l’espoir du détenu prêt à braver une faune hostile, une végétation particulièrement inhospitalière, une mer houleuse et infestée de requins. Si Louis Rousseau insiste sur les obstacles qui mettent en échec le fuyard, ce n’est que pour mieux stigmatiser « de remarquables exemples d’énergie ». Loin de condamner l’acte, il donne de nombreux exemples d’évasion, utopie libératrice confinant à l’obsession. Les motivations de l’évadé répondent à la souffrance endurée et mettent en relief une espèce « d’instinct de conservation ». Mais, ici, pas de narration dramatique et prodigieuse, à la manière d’un Gaston Leroux ou d’un Henry Charrière[2]. Le médecin a choisi d’exposer un phénomène largement plus complexe qu’il n’y parait et qui fait « partie du système pénitentiaire ». Lire le reste de cet article »
P pour projet ; J pour Jacob. Le PJ ? Une entreprise de démolition électronique. Une musique de sauvage urbain imaginé par l’ami Rank Xe Rom. Depuis presque deux ans, il mixe, il sample, il tord les sons. Depuis presque deux ans il met en scène l’exemplaire vie d’un honnête cambrioleur pour nos honnêtes esgourdes. Ce sont les quatorze morceaux du PJ que vous allez ouïr honnêtes gens. C’est un hommage musical magistral que l’on aimerait bien voir dans les meilleurs bacs des meilleurs disquaires indépendants et que l’on peut retrouver sur Soundcloud ou sur la page Facebook du PJ. C’est un hommage musical réparti sur les deux mois de cet été que l’on aimerait moins résigné que les précédentes transhumances balnéaires et consuméristes. C’est un hommage musical à tous ceux et celles qui, un jour se sont levés au nom du droit de vivre qui ne se mendie pas. Vous allez alors suivre les pas d’un illégaliste, des tournées des Travailleurs de la nuit jusqu’aux chemins torturés de Guyane, de la pince monseigneur bien calée dans sa contrebasse jusqu’au plat d’une purée trop liquide, jusqu’à ce sombre soir du 28 août 1954 où Alexandre Jacob, dit Marius pour les indigènes reuillois, réussit sa dernière évasion. A très bientôt. On sera honnêtement prêt pour la prochaine rentrée. Bonne écoute, vive le PJ et vive les enfants de Cayenne. Lire le reste de cet article »
Dans la vie libre, l’homme qui ne desserrerait point les dents serait mis à l’index par ses semblables ; on le traiterait de sournois, de sauvage, voire de détraqué. Ici au bagne, un tel homme serait considéré comme un modèle des modèles, comme le parangon des forçats.
24 septembre 1905
Au Zoo de Ré, le temps passe inexorablement. Confiné à l’infirmerie du dépôt pénitentiaire, le numéro d’écrou 4043 s’ennuie et craint les changements météorologiques pour sa santé. La pluie et le gris de l’automne rythment l’attente du départ pour la Guyane. Celui-ci ne s’effectue que deux fois l’an. Faute de pouvoir s’évader, il ne reste donc plus qu’à se soumettre à la discipline carcérale. Le pragmatisme jacobien n’est pas pour autant fait de soumission ; le détenu contourne les règles. Le détenu écrit et les lettres d’octobre 1905, dont en particulier celle inédite en date du 29, montrent cela. Lire le reste de cet article »
Godelure tenait en grande estime son copain Pierre Valentin Berthier ; en lisant les quelques lignes qu’il nous a envoyées le 02 juillet dernier, nous nous apercevons qu’il s’agit certainement plus que de l’estime. Une communauté d’esprit devait rapprocher ces deux pacifistes invétérés soudés par une amitié de plus de trente ans comme aurait pu dire l’autre. Mais, il y a peu, PVB est passé centenaire de l’autre côté du décor. La presse « amie » n’a hélas que très peu évoqué le poète, l’homme de lettres, le militant anarcho-pacifiste, l’ami de tant de compagnons libertaires dont Alexandre Jacob. L’autre presse non plus d’ailleurs. Godelure lui rend un ultime et magnifique hommage. Ce n’est pas une oraison funèbre car les morts sont tous de braves types. C’est la reconnaissance de la rectitude faite homme. C’est l’histoire d’un mec loyal, honnête et droit. Lire le reste de cet article »
La voix de Robert Passas, lente, grave, émue, est doublement impressionnante. L’ancien instituteur lit des extraits du texte qu’il a écrit pour Défense de l’Homme en septembre 1954. Le timbre trahit une profonde souffrance, une douleur causée par l’absence d’un ami perdu. Mais le tourment qui ne l’a jamais quitté révèle aussi la profondeur des sentiments : admiration, amitié, amour. La mort volontaire de Marius, dernier morceau du cd inclus dans la réédition des Écrits en 2004, sonne finalement comme la conclusion d’un road-movie anarchiste commencée en 1879 dans les quartiers populaires de Marseille et s’achevant dans le hameau d’un village berrichon. Mais, en se suicidant, Marius Jacob laisse derrière lui un ami désemparé : le hideux voyage s’achève et j’ai froid. Cinquante ans plus tard encore. Vivre libre et Mourir libre toujours. L’hommage est à la mesure de l’ami parfait. Lire le reste de cet article »
Olivier est un bon copain. Accessoirement, il philosophe auprès de la jeunesse lycéenne de Meurthe et Moselle. L’idée d’interviewer ce creuseur d’encéphale n’était, à ce titre, point déplaisante. Olivier court aussi. Il fait du karaté et du tennis … mais du sportif accompli nous n’avons cure. En revanche, l’homonyme de Félix Bour, cause, converse, discourt, baragouine, jacte, discute, bavasse, papote, jacasse et dialogue et fait la causette de fort belle manière. Et, ce qui ne gâche rien au propos de cet ancien éleveur de poules, il ne citera pas, à la manière de certains, Jean-Baptiste Botul pour impressionner son auditoire et ne professera pas un quelconque et consumériste anarchisme pour ouvrir une non moins quelconque université populaire. C’est enfin de la matière à réflexion et à débat qu’Olivier a bien voulu ici nous donner en répondant à nos dix questions autour d’un honnête cambrioleur. Lire le reste de cet article »
Où il est narré que la propagande par le fait a envoyé un bon petit paquet d’anarchistes crever de l’autre côté de l’Atlantique, avec le bagne pour horizon. 6e épisode.
Première partie : Les anarchistes et l’appareil répressif
Nous souhaitons développer ici plusieurs questions en rapport avec la situation imposée au groupe que nous nous proposons d’analyser. Afin de circonscrire notre objet, il nous semble important d’aborder le thème de l’idéologie anarchiste, car la répression qui s’exerça contre ses militants en France, puis sur leur lieu d’expiation en Guyane, s’y trouve directement liée. Nous chercherons dans quels cadres idéologiques et politiques se sont inscrits les actes de propagande anarchistes, pour lesquels certains des transportés anarchistes que nous avons identifié furent condamnés. Nous montrerons également comment toute une structure répressive s’est mise en place pour anéantir cette forme de réaction dirigée contre toute forme d’autorité et plus particulièrement contre l’Etat. Lire le reste de cet article »
Le principe de liberté est inhérent à celui d’égalité et c’est peut-être, sûrement, sans aucun doute pour cela qu’il fut constamment nié par le fait du prince. Là où l’épistémologie, l’historiographie, la pensée et les arts officiels mettent en exergue la légitimité des hiérarchies et des pouvoirs, le libertaire bordelais Antoine Antignac oppose logiquement en 1897, dans le deuxième et dernier numéro du journal anarchiste marseillais l’Agitateur, les concepts de nature et d’entraide. Lire le reste de cet article »