En l’année 1924[1], me trouvant dans un cachot de la Réclusion cellulaire, j’entendis le guichet s’ouvrir et dans son encadrement je vis apparaître la sympathique tête du Commandant Masse. Il me dit ceci :
« Roussenq, il y a ici un journaliste de Paris qui vient se renseigner sur le Bagne ; il demande à vous voir. Nous allons vous laisser seul avec lui et vous pourrez lui dire tout ce que bon vous semblera. »
Ici, une parenthèse.
Le Commandant Masse, qui dirigea à plusieurs reprises les Iles du Salut, était un fonctionnaire qui ne manquait pas de doigté. Sévère à l’occasion, il savait « passer la main » quand il le fallait. En somme, c’était un opportuniste. Il s’était longuement entretenu à mon sujet avec le visiteur qu’il venait de m’annoncer – et cela, d’une façon tendancieuse.
Le guichet ayant été repoussé, la porte s’ouvrit pour livrer passage à un homme qui ne payait pas de mine par sa stature, ni par sa corpulence. Les yeux bleus étaient d’une singulière douceur ; une légère barbe blonde, encadrait un visage ascétique.
« Je récupère ma prose et ne désire pas la voir figurer dans cette webpublication. » a écrit Philippe Collin sur WhatsApp le 30 juin 2023 à 15h11 précise après que nous lui ayons proposé de mettre en ligne Roussenq une vie enfermée. Quarante minutes plus tard, Vanessa Van de Walle refusait à son tour de voir dans le Jacoblog les parties écrites par ses soins. La veille, Les Éditions Loubatières prenant connaissance des divergences entre les auteurs sur cette étude retiraient leur projet de livre. Rien ne présumait au départ du formidable gâchis à la hauteur de trois années de fructueuses recherches et d’écriture. Cet échec éditorial s’inscrit néanmoins dans l’historiographie des bagnes de Guyane en général et de Paul Roussenq en particulier.
Fluet, la physionomie douce, un homme de cœur dévoile les scandales du Bagne: Albert LONDRES
ALBERT LONDRES AU BAGNE
Par un jour fatidique je me trouvais allongé sur le lit de camp de mon cachot, lorsque j’entendis le bruit du guichet que l’on ouvrait.
Le sympathique visage du Commandant Masse s’y encadrait. « Approchez, Roussenq ! » me dit-il. J’obtempérai.
Le Commandant reprit : « Nous avons ici un journaliste de Paris, venu pour faire une enquête sur la Guyane. Je lui ai dit que vous étiez le plus notoire des révoltés du Bagne. Il va venir vous entretenir sans témoin ; vous pourrez vous soulager le cœur à votre aise » Lire le reste de cet article »
S’il arrive parfois que des archives privées refassent surface[1] tels les cahiers et les photographies du Docteur Léon Colin en 2015[2] ou encore la correspondance du bagnard Arthur Roques en 2021[3], il est nettement plus rare d’exhumer et de redécouvrir de précieux documents dans les fonds d’archives publics. Cela n’est pourtant pas impossible et c’est une ultime version des souvenirs de l’ancien bagnard Paul Roussenq que l’archiviste guyanaise Vanessa Van de Walle[4] et les historiens Philippe Collin[5] et Jean-Marc Delpech[6] ont retrouvé en croisant les informations données par le dossier que les époux Beaumier avaient constitué dans les années 1980. Un peu moins d’un an et demi avant le suicide de Paul Roussenq à Bayonne, parait le dernier des trente-six articles de « Mes tombeaux – souvenirs du bagne » dans le quotidien grenoblois Les Allobroges le 11 mars 1948 : Lire le reste de cet article »
Ce n’était certes pas l’affluence du Grand Soir même si « dans l’amphithéâtre du lycée Jules Ferry, le public se plait toujours à découvrir les conférences Budé ». Malgré tout, nous pouvons constater la qualité des questions posées par un auditoire composé d’une trentaine de personnes. Des questions sur Biribi, sur les femmes au bagne, sur les cachots de Saint Joseph, sur les souvenirs du bagne de Roussenq, réédités par Libertalia … L’article du journal local, rendant compte de la conférence Budé à Saint Dié vendredi dernier, ne dit néanmoins pas notre volonté de démontrer un univers concentrationnaire précurseur des goulags et autres camps de concentration, un des aspects certainement pas positif de la colonisation à la française. L’Inco a vécu cela. Où il est écrit aussi que les malheurs de Paul précèdent ceux de Sophie. Lire le reste de cet article »
Vingt ans de bagne n’ont pas brisé le Gardois Roussenq
Nom : Roussenq. Prénom : Paul. Matricule : 37 664. Particularité : détient le record de jours passés au cachot au bagne de Cayenne. Lire le reste de cet article »