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vendredi 29 septembre 2023 par JMD
À une vingtaine de kilomètres de Saint-Laurent-du-Maroni, sur les bords d’une crique[1], se trouvaient deux groupes de baraquements en bois. Le premier, était le camp libre, le second (entouré de palissades) était le camp disciplinaire des Incorrigibles de Charvein.
Il était formé de plusieurs cases, dont les murs étaient constitués de poteaux à travers lesquels on pouvait voir ce qui se passait et entendre ce qui se disait à l’intérieur.
C’est là où l’on envoyait tous ceux qui avaient encouru plus de trois mois de cachot dans un même trimestre, ainsi que les évadés punis disciplinairement ou acquittés par le Tribunal Maritime spécial.
Charvein ! Ce mot résonnait lugubrement aux oreilles de ceux qui ne connaissait la chose que par ouï-dire. Il était l’évocation d’un cauchemar pour les autres qui savaient…
En principe, il fallait six mois de bonne conduite en ces lieux, pour en être déclassé, mais ce minimum de séjour obligatoire était, en fait, largement dépassé.
Les « Incos », ainsi qu’ils étaient dénommés par abréviation, étaient soumis à des travaux extrêmement pénibles. Complètement nus, de la tête jusqu’aux pieds – à part une sorte de léger caleçon […] au-dessus des genoux et appelé là-bas trousse-c… – ils partaient avant le jour pour rejoindre l’abattis, situé à plusieurs kilomètres. Avec un quart de café dans le ventre, ils devaient abattre de l’ouvrage jusqu’à onze heures.
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Tags: abatti, assassinat, bois, cachot, canard, Charvein, Decauville, forêt, incorrigible, Incos, Liontel, porte-clés, punition, réforme 1925, Roussenq, Saint Laurent du Maroni, surveillant
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mercredi 27 septembre 2023 par JMD
À l’île Royale, les cachots occupaient l’aile droite des locaux disciplinaires.
Ils étaient disposés sur deux files, séparées par un couloir assez étroit.
Chaque cachot était flanqué d’un lit de camp, muni du dispositif des fers.
L’ameublement se composait d’un baquet à eau, d’un baquet à vidange et d’une couverture. Un trou était ménagé au plafond, et un petit tuyau recouvert d’un capuchon en zinc l’encadrait, qui prétendait être un tuyau d’aération – car il n’y avait pas de fenêtre. En outre, une plaque métallique encastrée au bas de la porte, était percée d’une quinzaine de trous, qui tendait au même but – mais avec plus de succès.
Ainsi que je l’ai déjà dit, les punis de cachot étaient soumis au pain sec deux jours sur trois[1], et aux fers pendant la nuit. Le peu d’air et de jour qui pénétrait par la plaque de la porte, ne provenait pas directement de l’extérieur, mais du couloir.
La porte de chaque cachot était tenue ouverte le matin, pendant trois minutes, pour permettre la corvée des baquets et le balayage du local.
Indépendamment de cela, les punis de cachot sortaient dans la cour pendant un quart d’heure chaque semaine, à l’effet de prendre une douche.
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Tags: baquet, cachot, camisole, commission disciplinaire, discussion, fers, hospitalisation, lettres, Louis Chadourne, odeurs, pain sec, porte-clés, repas, Roussenq, saleté, silence, suicide, tabac, télé
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mercredi 20 septembre 2023 par JMD
Le Second Empire ayant aboli les bagnes maritimes – qui se trouvaient dans les ports de guerre – institua, par la loi de 1854, le Bagne colonial de la Guyane où devaient être transportés les condamnés aux travaux forcés. En style administratif, l’ensemble des condamnés en cours de peine fut dénommé Transportation, et chacun des condamnés en particulier, reçut l’appellation de transporté.
La loi de 1854 marqua une étape considérable vers l’humanisation des traitements répressifs.
L’abolition de la marque infâmante, imprimée au fer rouge sur l’épaule de chaque forçat, celles du boulet aux pieds et de l’accouplement obligatoire – qui faisait des forçats ainsi que des frères siamois – furent des innovations capitales.
L’appellation de transporté, elle-même remplaçant celle de forçats, indique un souci de respect humain. L’exposé des motifs de cette loi, n’est pas dénué de sentiments élevés.
Il n’envisage pas la répression comme une fin, mais comme un exemple ; il voudrait que le châtiment soit générateur d’amendement et de relèvement. Malheureusement les faits ont démenti ces théoriques aspirations.
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Tags: alimentation, Bravard, cachot, camelote, Cayenne, Cellule, chantier forestier, commandant, commission disciplinaire, directeur, discipline, garçon de famille, Guyane, indien, Kourou, loi de 1854, noir, pénitencier, porte-clés, prison de nuit, règlement, Saint Laurent du Maroni, Second Empire, surveillant militaire, Tentiaire, trafic, travaux forcés
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samedi 16 septembre 2023 par JMD
À Monsieur
Le Docteur Niel,
Médecin-Chef
Du C.S. S de Sisteron
où il représente la
Science et l’humanité
P. R Février 1942
Paul Roussenq
Poème de la géhenne
Pour tout observateur qui le scrute et le sonde,
Le Bagne est en petit ce qu’en grand est le monde,
Mais la honte n’est point, en ce milieu pervers
Où se montrent à nu le vice et les travers.
Le chancre social qui sans cesse suppure,
En rongeant sourdement l’œuvre de la nature;
Les tares, les noirceurs et les expédients –
Forfaits prémédités, méfaits inconscients –
Tout ce qui dégénère et tout ce qui ravale,
Comme en pays conquis cyniquement s’installe.
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Tags: ankylostomiase, bagnard, bagne, Biribi, chaouch, criminel, Guyane, homosexualité, mort, poème de la géhenne, porte-clés, Roussenq, souffrance
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mercredi 20 juillet 2022 par JMD
Les Allobroges
7ème année, n° 1290,
mardi 17 février 1948, p. 2.
Mes tombeaux
souvenirs du bagne
par Paul Roussenq, L’Inco d’Albert Londres
XVI
Pour éclairer la nuit du cachot et permettre aux reclus d’écrire chez eux, il y avait l’hôpital
Les années passaient, les punitions pleuvaient sur ma tête sans interruption. Je me voyais avec trois ans de cachot d’avance à subir. Toute nouvelle punition ne pouvait que m’indifférer.
Mais ces gens-là ne le comprenaient pas. Leur psychologie déficiente ne pouvait se hausser à de semblables considérations. Et ne voyaient pas qu’une répression pareille portait à faux, qu’elle dépassait singulièrement le cadre de son objectif. Qu’au contraire, elle poussait davantage à la rébellion parce qu’elle devenait ainsi inopérante. Alors que de bons traitements, des gestes humains auraient été infiniment plus efficaces. Lire le reste de cet article »
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Tags: 37664, bourrique, cachot, hôpital, médecin, mouchard, porte-clés, punition, Roussenq, Schmith, surveillant militaire
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samedi 16 juillet 2022 par JMD
Les Allobroges
7ème année, n° 1289,
lundi 16 février 1948, p. 2.
Mes tombeaux
souvenirs du bagne
par Paul Roussenq, L’Inco d’Albert Londres
XV
Pour communiquer entre les cellules un domestique inattendu et stylé : le cancrelat
Les lettres partaient, suivaient leur cours. Elles revenaient pour enquêtes et renseignements, nécessitant de longues annotations, à telle enseigne que chacune d’elle enfantait un dossier plus ou moins compact. Administrateurs et surveillants « me sentaient passer » selon l’expression populaire. Arrêts simples ou de rigueur, suspensions de solde, rétrogradations à la classe inférieure, telles furent les sanctions que je provoquai maintes et maintes fois à leur encontre. Le Directeur se fit même infliger un blâme par le Ministre. Lire le reste de cet article »
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dimanche 23 février 2020 par JMD
En juin 1895, le Tribunal Maritime Spécial de Saint-Laurent-du-Maroni acquitte les transportés Lepiez, Foret, Hincelin, Bonacorsi, Bérard et Flamens et condamne deux autres prévenus à la peine capitale. Mais Bernard Mamert meurt avant l’exécution de sa peine le 11 octobre tandis que Jean-Baptiste Girier voit sa condamnation commuée en cinq années de réclusion en février 1896. L’innocent ne survit pas à plus de trente deux mois de ce régime. Les huit bagnards étaient accusés d’avoir peu ou prou participé quelques mois plus tôt à la tentative de soulèvement de l’île Saint Joseph qui fit grand bruit à l’époque et qui, depuis, marque l’histoire des bagnes guyanais d’une empreinte sanglante. Seize morts dont deux chaouchs, lardés de coups de couteau et deux porte-clés. Une répression d’une extrême violence qui révèle que la peur des anarchistes s’est largement véhiculée à plus de 7 000 km de la métropole. Lire le reste de cet article »
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Tags: anarchiste, bagne, Bérard, billet, Boasis, Bonacorsi, Bonafai, Boubou, Bouchet, Briens, chaouch, Chevenet, Clément Duval, Cretallaz, Flamens, forêt, Garnier, Girier-Lorion, Hincelin, île Royale, île Saint Joseph, îles de Salut, Jourdran, Léauthier, Lebeau, Lepiez, Liard-Courtois, Mamert, Marianne Enckell, Marpaux, Mattei, Mazarguil, Meyrueis, Mosca, Pigache, porte-clés, révolte, Simon, surveillant, Thiervoz, TMS
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samedi 26 novembre 2016 par JMD
Avec le chapitre 9 sur « l’esprit pénitentiaire », le docteur Louis Rousseau en vient à décrire et à expliquer comment, dans un système pyramidal de type quasi féodal, les agents de l’AP peuvent à loisir s’entraîner à la méchanceté. Si tout au long de son ouvrage il n’a de cesse de dénoncer le sadisme, la férocité, la brutalité, la perversité, la veulerie, la lâcheté, l’alcoolisme du chaouch qui, pour se couvrir, pour bénéficier d’un avancement, pour punir plus sévèrement un condamné ou encore pour profiter d’un trafic, n’hésite pas à dénoncer ou à produire de faux témoignages ; cela peut se justifier par la haine sociale du criminel. Mais le rapport fort-faible autorise surtout pour le surveillant l’oubli et le refoulement de sa propre condition sociale. De la sorte et en jouant sur le sentiment raciste, les porte-clés, ces supplétifs de la surveillance majoritairement choisis dans la population pénale arabe, reproduisent le même schéma de domination et de violence exercée sur les hommes punis. Lire le reste de cet article »
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Tags: Alain Sergent, alcoolisme, Alexandre Jacob, AP, arabe, autorité, avis, bagne, brutalité, camp, case, chaouch, délation, directeur, Editions Fleury, esprit pénitentiaire, férocité, fonctionnaire, gardien, gouverneur, Guyane, îles du Salut, Léon Collin, Louis Rousseau, méchanceté, médecin, Michel Pierre, ministre des Colonies, mouchard, porte-clés, racisme, Rousseau, Roussenq, sadisme, surveillant, travaux forcés, Un médecin au bagne, violence
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samedi 19 mars 2016 par JMD
Le 12 novembre 1902, Armand Chelle, commissaire aux délégations judiciaires de Cayenne se rend à la prison de la ville pour y entendre le forçat matricule 31011 qu’il a arrêté deux jours plus tôt. Celui-ci a tenté de s’évader. Loin de s’enfermer dans un mur de silence et d’opposition à l’Administration Pénitentiaire, le fagot s’avère plutôt loquace au grand étonnement du policier qui réitère ses visites les 17, 21 et 22 de ce mois et une dernière fois le 9 décembre. De toute évidence, l’idée d’un envoi au camp de la Montagne d’Argent effraie le bagnard au plus haut point. Ouvert dès 1852, le chantier forestier, situé sur la commune d’Ouanary, est évacué douze ans plus tard, les hommes punis y tombent comme des mouches : plus de 60% de mortalité enregistrée par exemple pour la seule année 1856 ! Réoccupé partiellement en 1886, on y envoie désormais les incorrigibles, les réfractaires, ceux qui ont tenté d’embrasser la Belle. Alors, le matricule 31011 se met immédiatement à table ; il justifie son « absence illégale » par les mauvais traitements que lui ont infligé ses codétenus mais surtout, révèle par sa délictueuse expérience l’existence d’une Internationale Anarchiste de la Cambriole. Il énonce des faits, il signale des lieux, il donne des noms. Il est coutumier du fait. Quatre mois plus tard, le 22 avril 1903 au petit matin, l’agent Pruvost est tué à Pont Rémy, dans la Somme, par Félix Bour alors qu’il tenté d’arrêter avec son collègue Anquier trois cambrioleurs signalés la veille au soir à Abbeville. Le même jour Alexandre Jacob est arrêté à Airaisne non loin de là. L’instruction en vue du procès de la bande dite « sinistre » commence et, pour le juge Hatté, les révélations guyanaises du forçat 31011 ne manquent pas d’intérêt. Lire le reste de cet article »
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samedi 6 septembre 2008 par JMD
Si vous remplacez Marius par Martine, vous obtenez les ordinaires aventures d’un aventurier. Plus les extras. C’est ce que l’on retrouve dans ce cinquième papier de l’ancien colonel « qui ne désarme pas », et dans les cinq autres consacrés « à la découverte de Marius Jacob ». Marius et les marins. Marius et les pirates. Marius et les anars. Marius apprenti terroriste. Marius et les voleurs. Marius chez Pierre Loti. Marius à Pont Rémy. Le procès de Marius. Et, ici, Marius et les bagnards, la vengeance de Marius, Marius s’évade, ou encore la libération de Marius. Lire le reste de cet article »
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Tags: à la découverte de Marius Jacob, avocat, bagnard, bagne, Barrabas, Belle, exposition, fagot, forçat, Guyane, îles du Salut, Jacob, la Loire, libération, Marius, Marius Jacob, Martine, Nerrand, Nouvelle République du Centre Ouest, porte-clés, prévôt, Ré, Saint Martin de Ré, transporté, violence
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