Aphorisme du frelon 29
lundi 30 juillet 2012 par JMD
La vie est une suite de combinaisons. Que ces combinaisons nous procurent des sensations de douleur et de plaisir selon qu’elles sont pour ou contre nos intérêts, cela se comprend. Mais il y a manière de subir ces sensations, que diable ! C’est se rendre malheureux soi-même que de suivre l’impulsion causée par les événements. Il faut réagir contre cela ; sinon c’est se faire l’esclave de tout événement. C’est vivre dans des transes continuelles ; c’est végéter entre une lueur d’espoir et un brouillard de craintes. Il faut être au-dessus de tels sentiments qui sont le monopole exclusif de ceux qui se meuvent dans le royaume de la Médiocratie.
Prison d’Orléans, juillet 1905
Tiens ! le procès est cassé ? Oh ! le pauvre procès ! Et puis, au fond, tant pis pour lui après tout ; j’aime mieux que ce soit lui que moi. Ceci soit dit au propre et au figuré. Je suis encore entier, bien entier, absolument entier, et c’est le principal, pas vrai ?
Prison d’Orléans, sans date, 1905
Moi, pauvre bandit inconvertible qui suis désigné à servir d’anthracite dans le foyer de la chaudière du sieur Lucifer, je fais en sorte de jouir des plaisirs de ce bas monde autant que mes moyens me le permettent. Pour l’instant, ces plaisirs consistent à me moquer de tout ; à me montrer supérieur aux événements ; à ne pas me laisser guider par eux, mais à chercher à les guider à mon profit.
Prison d’Orléans, 09 mai 1905
Quant au bagne, que t’imagines-tu que ce soit ? Va, c’est un lieu tout comme un autre. N’as-tu jamais vu un atelier, une usine, un chantier où des hommes travaillent, d’une part ; et d’autres les regardent travailler, de l’autre ; les premiers engraissent les seconds. Les uns ce sont les producteurs, c’est-à-dire la canaille, les forçats ; les autres ce sont les patrons, directeurs, contremaîtres, surveillants, c’est-à-dire les honnêtes gens.
Prison d’Orléans, 09 mai 1905
En ce début du mois de juillet 1905, Alexandre Jacob poursuit dans sa geôle, l’écriture des ses Souvenirs d’un révolté et indique ne pas souffrir de son emprisonnement. Il se gausse même de la médecine carcérale, dans ces deux lettres du pays des frelons, à l’approche de son procès et s’enquiert en revanche de la santé de sa mère. Mais il laisse surtout éclater sa colère en faisant le compte-rendu des conditions de la détention de sa génitrice. Les dix condamnés d’Amiens qui avaient fait appel sont transférés le 8 juillet à Laon. Lire le reste de cet article »
Aussi anodines qu’elles puissent paraître, ces deux lettres du pays des frelons, fort probablement écrites au début du mois de juillet, n’en contiennent pas moins de précieux renseignements sur le détenu Jacob dont le pragmatisme pousse en premier lieu à sermonner sa mère. Marie Jacob s’affole, semble-t-il, d’un retard normal du courrier. Mais l’honnête cambrioleur, qui liquide sa garde-robe par courrier interposé et par l’entremise des époux Develay, ne peut qu’attendre un procès auquel il décide de ne pas assister et subir la chaleur de la saison estivale qui commence. La poursuite de l’écriture de ses souvenirs d’un révolté va ainsi dans ce sens. Ne pas subir l’enfermement … mais en profiter. Lire le reste de cet article »
Juin 1905 au pays des frelons. A l’initiative très certainement des avocats parisiens, dix des condamnés d’Amiens dont Jacques Sautarel et Marie Jacob se sont pourvu en cassation. L’absence de preuves a du être invoquée pour réclamer un nouveau passage devant les assises, mais très certainement aussi l’incident violent de la sixième audience. En effet, Mes Lagasse et Hesse ont déposé au nom de leur client des conclusions en nullité de procédure à la suite de leur altercation verbale avec le président Wehekind. Ce dernier a de plus procédé à l’élection du jury d’une manière contraire à l’organisation prévue par la loi. La chambre criminelle de la cour de cassation est saisie. Le 9 juin, elle casse l’arrêt de la cour d’assises de la Somme pour vices de forme et ce au grand étonnement d’Alexandre Jacob qui ne manque pas d’ironiser sur le fonctionnement de la justice dans les trois lettres qui suivent. C’est alors à Laon que doit se tenir le dernier des procès impliquant les Travailleurs de la Nuit. Dix d’entre eux ont à comparaître à nouveaux : Marie Jacob, Jacques Sautarel, Rose Roux, Léon et Angèle Ferré, Honoré Bonnefoy, Jules Clarenson, François Brunus, François Vaillant et Marius Baudy. Lire le reste de cet article »
L’acéphale culture consumériste nous abreuve continuellement, et depuis belle lurette, d’insipides tranches de vie musicale où l’amour rimerait avec toujours, topinambour et plat au four. La nouveauté a constamment le goût du prémâché et, quand à l’Ouest, à l’Est, au Nord et au Sud, surtout à l’Ouest quand même, il n’y a rien de nouveau sous le sunlight des tropiques, les radios FM s’évertuent à nous balancer les tubes des soi-disant mythiques années 1980. On nous parle alors d’un temps que ceux de vingt ans ne peuvent pas connaître mais qu’ils peuvent consommer. Qui, honteux après coup, ne s’est pas surpris à siffloter les bêtifiants refrains de Désireless, d’Image ou encore de Partenaires Particuliers, en tortillant du croupion comme si l’on se tenait raide, mais sautillant, derrière son synthétiseur ? Nous ne savons pas si la chanson De comptoirs en comptoirs correspond aux canons musicaux de l’époque. Nous ne savons pas non plus la teneur tu texte chanté. Toujours est-il que la pochette du vinyle, datant de 1988, que nous a numérisé et transmis un copain jacoblogueur (merci Rémi) a de quoi nous interpeler. Lire le reste de cet article »