Aphorismes d’un été jacobien
samedi 9 juillet 2016 par JMD
Avec ce chapitre sur la répression qu’il place après celui sur les maladies, le médecin au bagne boucle le cycle des violences et des souffrances endurées institutionnellement par les hommes punis. Louis Rousseau finit ainsi de décrire une organisation systémique totalitaire où le condamné doit forcément s’adapter aux divers processus de normation. Le fagot est un rouage et l’arbitraire administratif permet de corriger – au sens propre comme au figuré – tout récalcitrant. L’arsenal répressif exposé, des chantiers forestiers (dont celui de Charvein) aux sinistres cachots de l’île Saint Joseph en passant par la détention préventive et la mise aux fers révèle en fin de compte que « le régime disciplinaire n’a pas en vue l’amélioration, le redressement du criminel mais tout au contraire son abrutissement. » Lire le reste de cet article »
Il convient d’aborder avec une certaine méfiance les papiers ayant, sur la toile, l’honnête cambrioleur comme sujet. D’abord parce que c’est souvent du n’importe nawak pompé allègrement sur oui-oui qui pédia et sans aucune mention de sources. Ensuite, parce que l’auteur fait fréquemment preuve si ce n’est d’un égo surdimensionné, en tout cas d’une formidable prétention historique à détenir une réalité vraie et affirmée là où, finalement, on ne trouvera que prisme déformant et a priori pour le moins subjectifs. Recenser ces nombreux articles revient donc à s’inscrire dans une démarche historiographique. Celui, très long et publié sur Criminocorpusle 27 mars 2013, de Colombe de Dieuleveult, nous est apparu à dix lieux de ce qu’habituellement on peut lire … même sur ce site réputé gage de probité scientifique. Lire le reste de cet article »
Où il est montré que les lois scélérates de 1893-1894 ont permis de dresser un panel de 33 anars bagnards dont on trouvera une prosopographie complète dans les lignes qui suivent. 7e épisode.
B/ La répression de l’acte anarchiste
Les actes criminels perpétrés sous forme d’attentats en 1892/1894 au nom de l’anarchisme ont suscité une vague de panique, qui, par amalgame, a touché le mouvement anarchiste dans son intégralité. En effet, l’ensemble des mesures que nous évoquerons par la suite semblent démontrer sans équivoque qu’une réelle volonté d’anéantir la « secte anarchiste » se soit exprimée. Lire le reste de cet article »
Où il est dit que l’éloignement du criminel, faisant fi d’une très hypothétique volonté étatique de l’amender, provoque une mort sociale de l’individu sous surveillance. 3e épisode.
CHAPITRE 3
LES BAGNES D’OUTRE-MER OU LE PANOPTIQUE À CIEL OUVERT
La présentation de l’institution du bagne, à travers ses fondements et ses objectifs ainsi que dans fonctionnement, nous conduit à en proposer à la fois une interprétation sociologique, mais aussi une méthode d’appréhension concrète de la réalité que nous tenterons d’observer. Quels mécanismes socio-politiques instaurent ce nouveau rapport à la punition ? Peut-on considérer à travers l’étude de leur organisation et de leurs objectifs que les bagnes d’Outre-mer sont une forme d’institution totale ? En répondant à ces questions fondamentales nous construirons ainsi le cadre de notre réflexion sur l’expérience vécue des condamnés à travers l’exemple des transportés anarchistes de 1887 à 1914. Lire le reste de cet article »
Où il est écrit que du détenu politique l’on passe rapidement au bagnard de droit commun. Condamner plus, pour éliminer plus. 1er épisode
L’INSTITUTION DU BAGNE
CHAPITRE 1
LA DEPORTATION POLITIQUE MERE D’UNE TRANSPORTATION DE MASSE
Le bagne[1] colonial apparaît comme l’une des résultantes d’un long processus de réaménagement de l’espace carcéral français qui tend progressivement à mettre en rapport répression et révolution sociale. En effet, les grandes vagues de réformes qui secouent l’institution pénitentiaire au cours du XIXème siècle, reflètent les valeurs et les exigences en matière judiciaire et pénale des politiques qui justifient l’enfermement puis le bannissement des condamnés de droit commun. Lire le reste de cet article »
Dès le départ, Germinal entend apporter un soutien sans faille « à Jacob et ses camarades« . Le titre de cet article paru dans le numéro 1 de la deuxième année du journal (soit chronologiquement le numéro 4, du 3 au 16 janvier 1905) sonne comme un début de campagne engagée par les libertaires d’Amiens. Au fur et à mesure que s’approche l’ouverture des assises, les articles en faveur des Travailleurs de la Nuit se multiplient. Des plumes reconnues viennent même prêter main forte à l’entreprise des compagnons picards. Si Souvarine verse dans le numéro 11 de Germinal dans le messianique et le prophétique, Albert Libertad donne lui une vision duale où la justice sociale n’a pas vraiment le droit de cité. Lire le reste de cet article »
7 juin 1896 à Barcelone. La procession religieuse du Corpus Christi de Barcelone passe dans la rue Cambio Nuevos. Une bombe explose. Douze morts. Une trentaine de blessés.
L’article du numéro 1 de L’Agitateur, en date du 4 au 19 février 1897, est un des rares traitant de l’actualité internationale. Lire le reste de cet article »
Membre du canal historique de l’Atelier de Création Libertaire avec Mimmo Pucciarelli, JM (avec un B et pas un D) est, quoi qu’il en dise et s’en défende, plus que le simple incitateur du jacoblog. Une espèce de truc indispensable. Une superstructure sans laquelle nos articles ne pourraient webexister. Une sorte de maître Yoda du clavier. L’anarchie et la force sont en lui. Indispensable comme le Gaffiot pour qui fait du latin, comme le Ginette Matiot pour qui tâte de la louche et du fourneau, ou bien comme les outils Facom pour qui le dimanche s’amuse à construire des trucs dans son garage ou ailleurs. Il a bien voulu ici répondre à quelques-unes de nos questions même s’il apparaît, à l’image de la recette secrète du Coca Cola ou de la sauce du Big Mac, que nous ne saurons jamais celle de sa célébrissime paëlla. Les réponses de cet artisan éditeur fusent en revanche sur l’ACL, sur les livres publiés et sur les blogs, sur le petit monde de l’édition libertaire et, bien évidemment sur l’honnête cambrioleur. Lire le reste de cet article »
Une intro sourde, lourde, bétonnée. Lourde et sourde comme les pas des fagots tournant le dos à leur passé d’hommes libres. Dépôt pénitentiaire de Saint Martin de Ré. Ils vont s’embarquer sur La Loire ou La Martinière. Cela dépend de l’époque. Les deux bâtiments de la Société Nantaise de Navigation les transporteront dans des cages appelées bagnes. Tout un programme. Et vogue la galère. Guyane et son enfer vert, vaste comme une dizaine de départements métropolitains. Un pays où il n’y a pas d’avenir. « On est sans nom, on est plus rien » dit une autre chanson. Et celle-ci, écrite par Albert Londres en 1928, dévoile la seule perspective du criminel exilé : « On est plus qu’un bateau de chiens qu’on emmène crever vers une île ». Lire le reste de cet article »
Même spontanée, la mythique révolte des 21/22 octobre 1894 doit être considérée comme un indicateur d’une résistance anarchiste à cette institution totale qu’est le bagne. Résistance qui peut aller jusqu’à la mort. C’est d’ailleurs le seul mouvement d’opposition violente et collective que connaît la colonie pénitentiaire durant toute son existence. Liard-Courtois arrive aux îles du Salut après ces évènements qui voient le décès de 4 surveillants et de 12 forçats, parmi lesquels 10 anarchistes. Clément Duval, lui, se trouve sur l’île Royale lorsque, sur l’île Saint Joseph, l’émeute éclate.
Recto. Des chevaux. L’armée. Un défilé pour sûr ! Oh ! pas celui du 14 juillet mais le spectacle attire la foule. Des badauds. Des gens. D’honnêtes gens. Au balcon. Sur la chaussée. Au passage du convoi. C’est un convoi. Quitter son lieu de travail pour le voir passer. Des hommes et des femmes. Des paniers sous le bras. Combien sont-ils ? Lire le reste de cet article »
Dans les souvenirs rassis qu’il adresse à Jean Maitron en 1948, Alexandre Jacob évoque son implication dans la création, à Marseille, de la feuille L’Agitateur en 1897. « Cette troisième série du journal est due à l’initiative du groupe La Jeunesse Internationale » nous dit René Bianco sur la fiche qu’il dresse dans ses 100 ans de presse anarchiste. De ces deux sources, nous pouvons alors tirer les noms de ceux qui, entre autres, cette année-là, organisent l’agitation et la propagande libertaire dans la cité phocéenne. Lire le reste de cet article »