« Le visage du bagne », La Bourgogne Républicaine, du 28 juin au 12 juillet 1937
Le Visage du Bagne, manuscrit, C.S.S. de Sisteron, juin 1941
L’Enfer du Bagne, manuscrit, C.S.S. de Sisteron, juin 1942
« Mes tombeaux », Les Allobroges, du 29 janvier au 11 mars 1948
L’enfer du bagne, Pucheu Éditeur, 1957
Un peu moins d’un an et demi avant le suicide de Paul Roussenq à Bayonne, parait le dernier des trente-six articles de « Mes tombeaux » dans le quotidien grenoblois Les Allobroges. S’il arrive parfois que des archives privées refassent surface[1] tels les cahiers et les photographies du Docteur Léon Colin en 2015[2] ou encore la correspondance du bagnard Arthur Roques en 2021[3], il est nettement plus rare d’exhumer et de redécouvrir de précieux documents dans les fonds d’archives publics. Cela n’est pourtant pas impossible et c’est une ultime version des souvenirs de l’ancien bagnard que l’on a pu retrouver en croisant les informations données par le dossier que les époux Beaumier avaient constitué dans les années 1980.
« Le visage du bagne », La Bourgogne Républicaine, du 28 juin au 12 juillet 1937
Le Visage du Bagne, manuscrit, C.S.S. de Sisteron, juin 1941
L’Enfer du Bagne, manuscrit, C.S.S. de Sisteron, juin 1942
« Mes tombeaux », Les Allobroges, du 29 janvier au 11 mars 1948
L’enfer du bagne, Pucheu Éditeur, 1957
L’Enfer du bagne, souvenirs vécus est déposé en 2018 aux Archives des Alpes de Hautes Provence par M. Michel Henry. Un autre carnet, manuscrit lui-aussi, l’accompagne. Il s’agit d’un poème de 72 alexandrins intitulé Les internés de Sisteron[1]. Roussenq évoque les dures conditions de vie dans la citadelle où il est enfermé. Le parallèle avec son existence passée aux îles du Salut parait évidente tant les thèmes de la fatalité, de la violence, de la faim, de la promiscuité et de l’homosexualité aboutissent comme au bagne au rêve de liberté qui ici ne peut s’imposer dans le cadre du conflit mondial que par une paix retrouvée :
Une chronologie pour se repérer. Une chronologie pour comprendre. Une chronologie pour établir un lien, pour suivre un fil. Parfois épais. Parfois ténu. Le fil d’une vie. Celui que l’infatigable réfractaire Paul Roussenq coupe le 3 août 1949. Une chronologie à caractère historiographique aussi. A lire, à commenter, à compléter éventuellement, à imprimer, etc… La chronologie est accessible dans la colonne du milieu, rubrique Alexandre Jacob l’honnête cambrioleur, ou en cliquant sur le mot chronologie.
Si on aime bien commencer par la fin au Jacoblog, c’est aussi pour montrer les trois années de recherche sur L’Inco Paul Roussenq. Ainsi, des archives à l’imprimé, et la liste est forcément incomplète, vous pouvez petit à petit, patiemment, reconstituer toute une vie enfermée. Ne nous leurrons pas. Il reste un grand nombre de zones d’ombre, de trous dans la chronologie. Mais d’Aix-en-Provence à Remire-Montjoly, en passant par Paris, Nanterre, Nîmes ou encore Saint-Laurent-du-Maroni, Saint-Martin-de-Ré, Saint-Martin-d’Hères et Digne-les-Bains, nous avons tenté de cerner, d’approcher, de saisir la vie et les écrits d’un homme devenu bagne.
« Je récupère ma prose et ne désire pas la voir figurer dans cette webpublication. » a écrit Philippe Collin sur WhatsApp le 30 juin 2023 à 15h11 précise après que nous lui ayons proposé de mettre en ligne Roussenq une vie enfermée. Quarante minutes plus tard, Vanessa Van de Walle refusait à son tour de voir dans le Jacoblog les parties écrites par ses soins. La veille, Les Éditions Loubatières prenant connaissance des divergences entre les auteurs sur cette étude retiraient leur projet de livre. Rien ne présumait au départ du formidable gâchis à la hauteur de trois années de fructueuses recherches et d’écriture. Cet échec éditorial s’inscrit néanmoins dans l’historiographie des bagnes de Guyane en général et de Paul Roussenq en particulier.
Que s’est-il passé sur l’îlet L’Enfant-Perdu au large de Cayenne ? Un coup de folie menant à une rixe meurtrière ? Des bagnards affamés que l’on a oublié de nourrir et qui sont arrêtés à Kourou pour évasion alors qu’ils tentaient d’échapper à une mort certaine après avoir épuisé leurs rations alimentaires ? Il y a sur l’îlot un phare dont doivent s’occuper deux ou trois forçats, isolés du reste du monde. La scénographie se prête ainsi au plus improbable des drames, lui fournissant un extraordinaire huis-clos.
Les mythes et légendes du bagne ont une double utilité. La morbide histoire repousse la velléité d’évasion ou d’opposition du condamné face à l’ogre carcéral ; elle alimente aussi en métropole un fataliste et voyeuriste discours médiatique. Faitdiversification oblige pour reprendre le néologisme inventé par l’historien Dominique Kalifa, les feuilles à cinq sous édifient ainsi un lectorat atterré avec force de prodigieuses et singulières illustrations, avec force de détails tragiques, sanglants et violents. L’imaginaire se nourrit toujours sur la peau du forçat mélangeant allégrement la rumeur et la réalité.
L’Hôpital avec ses insuffisances reste le dernier refuge des parias de la société
Dans une autre circonstance, un homme fut tué d’un coup de mousqueton – Ces gens-là étant armés jusqu’aux dents. Comme au Bagne. Mais le Bagne n’était qu’un vulgaire pensionnat à côté de ça. Et l’on envoyait là, pour y souffrir et pour y mourir misérablement, des hommes qui ne savaient même pas pourquoi on les y détenait. Quelle honte ! Puis de Gaulle est venu. Comme Daladier, qui les avait instaurés, comme Pétain, qui les avait renforcés, il les a maintenus comme l’ont fait, après lui, les divers gouvernements qui se sont succédé. Et pourtant, rien n’est plus odieux que de vouer ainsi à la mort des hommes contre lesquels ne prévalait aucune suspicion légale. Lire le reste de cet article »
A Sisteron, à Fort Barraux les internés se disputaient les épluchures et le pou était roi
A SISTERON
Je fus d’abord envoyé dans un camp de la Haute-Vienne. Huit jours après, je fus transféré à Sisteron. C’est à la citadelle de la patrie de Paul Arène qu’était Situé le camp. Les anciennes casemates étaient bondées d’internés famé-Piques, au nombre de 250 environ. Il y avait là un peu de tout, militants politiques et syndicalistes, récidivistes, souteneurs, patrons de maisons, commerçants qui avaient enfreint les prescriptions du ravitaillement. Lire le reste de cet article »
Par la grâce de Pétain un honnête homme connaît les camps de concentration
Diable ! Je ne pouvais guère demander de telles pièces. Je laissais les choses suivre leur cours. Une dizaine de jours s’écoulèrent; le même employé vint me retrouver. Je lui dis n’avoir encore rien reçu, que certainement ça ne tarderait pas… Il avait l’air assez ennuyé. Peu après, la paye eut lieu. J’en profitai pour prendre le large. Trois mois passèrent. Vers le mois de juin 1940, me trouvant non loin de Bessèges, dans le Gard, après avoir fait mon repas champêtre, je fis une petite sieste sous un arbre, près de !a route. A mon réveil, une petite caisse où se trouvaient mes marchandises avait disparu. Il ne me restait qu’une dizaine de francs en tout et pour tout. Je m’acheminai vers la ville. Passant devant une usine, je vis une pancarte accolée à la porte d’entrée: on demande des manœuvres. Je me dirigeai vers les bureaux. On me demanda ma carte d’identité; je n’avais que ma patente suffisante pour me déplacer. Lire le reste de cet article »
Quand le poids d’un passé qu’on croyait révolu s’attache à nos pas les prisons s’ouvrent seules
Chacun de nous s’était assis à l’une d’elles, dans les deux vastes salles où se prenaient les repas. Les assiettes blanches à fleurs, les couverts récurés à neuf, le menu bien ordonné, tout cela nous fit la meilleure impression. De jeunes éducateurs choyaient ce petit monde.
Les dortoirs aux petits lits blancs, recevaient le soleil par de larges fenêtres, lorsque nous les visitâmes, de même que l’infirmerie où se trouvaient quelques petits malades – qui eurent leur part de nos largesses… Là aussi, il y avait cinéma, terrain de jeux, etc… Lire le reste de cet article »
L’expérience de l’U.R.S.S. : Plus de gardes chiourme mais des éducateurs
A la fin du mois de décembre 1932, à bord du « Pellerin-de-La-touche », je faisais le voyage de retour.
Avec le Secours Rouge International, je fis un peu partout une série de conférences. Ma pauvre mère était morte au début de 1930. Cela m’avait beaucoup affecté, car je me retrouvais seul dans la vie. Ma jeunesse perdue était une chose que rien ne pouvait compenser.
Au mois d’août 1933, je fis partie d’une délégation ayant pour objectif un voyage d’études en Russie Soviétique. En ce qui me concerne, ce voyage dura trois mois. Quinze ans se sont écoulés depuis. Je pense qu’une relation compète de mes impressions, dans le cadre spécialisé de ces pages, ne saurait être opportune. Je tiens, cependant, à signaler les belles réalisations opérées là-bas dans l’ordre pénitenciaire. Lire le reste de cet article »
Aujourd’hui… l’archaïque réglementation des prisons demeure ce qu’elle était au siècle dernier
La loi de 1854, qui a décrété la transportation hors du territoire métropolitain, était un progrès certain sur l’organisation des bagnes maritimes.
A leur tour, les décrets du 4 septembre 1891 constituaient un nouveau pas en avant, par l’adoucissement du régime imposé.
Enfin, les décrets de 1925, dont nous avons montré la haute portée humanitaire, venaient couronner cette succession de mesures d’adoucissement. Lire le reste de cet article »
Une retentissante enquête avait changé la face des choses et humanisé le Bagne
Cet article ne m’est pas seulement personnel, c’est aussi une synthèse, le résultat d’une étude psychologique extrêmement fouillée. Albert Londres m’a prêté des propos que je n’ai pas tenus – mais que j’aurais pu tenir en les extériorisant.
Il a dit : « Je pénètre dans le cachot, Roussenq voit quelqu’un qui n’est ni un porte-clefs, ni un surveillant ; il s’écrie : un homme ». C’est à dire un homme libre qui n’est pas un garde-chiourmes.
Il a dit aussi : « Aux abords du camp, L’Inco avait gravé sur l’écorce d’un arbre : « Face au soleil, Roussenq crache sur l’humanité ». Et c’est là qu’apparait, en pleine lumière, la géniale psychologie du grand reporter. Lire le reste de cet article »
Fluet, la physionomie douce, un homme de cœur dévoile les scandales du Bagne: Albert LONDRES
ALBERT LONDRES AU BAGNE
Par un jour fatidique je me trouvais allongé sur le lit de camp de mon cachot, lorsque j’entendis le bruit du guichet que l’on ouvrait.
Le sympathique visage du Commandant Masse s’y encadrait. « Approchez, Roussenq ! » me dit-il. J’obtempérai.
Le Commandant reprit : « Nous avons ici un journaliste de Paris, venu pour faire une enquête sur la Guyane. Je lui ai dit que vous étiez le plus notoire des révoltés du Bagne. Il va venir vous entretenir sans témoin ; vous pourrez vous soulager le cœur à votre aise » Lire le reste de cet article »