lundi 11 septembre 2023 par JMD
Le 14 janvier 1933, l’homme puni vient se recueillir sur sa tombe au cimetière de Saint-Gilles-du-Gard. Roussenq est libre. Roussenq est en France depuis moins de trois semaines. Le Pellerin de Latouche l’a débarqué à Saint Nazaire le 28 décembre 1932. Le retour en fanfare du « damné sortant de l’enfer »[2] est savamment orchestré par le SRI et le Parti Communiste.
« Qu’a donc cet homme, accompagné d’ouvriers, qui s’avance en hésitant au bord des trottoirs, reculant devant les camions qui roulent en grondant, les tramways qui sonnent, les autos de luxes qui passent en trombe ? D’où lui vient ce teint cuivré ? Pourquoi ces yeux un peu clignotants, cette face amaigrie, ces vêtements flottants sur des membres que l’on devine grêles ? Pourquoi ces longues mains sèches aux doigts gris et noueux ? Qu’a donc cet homme dont on ne saurait dire l’âge ?
Cet homme, c’est un revenant. C’est Paul Roussenq, Roussenq l’inco, recordman du cachot, comme l’appelait Albert Londres dans son livre Au bagne, dont les vérités firent abolir quelques trop criantes infamies. 24 ans de bagne, dont 20 de travaux forcés, dont 10 ans de cachot ! Tel, à 47 ans, dont la moitié passée dans l’enfer de Cayenne, il revient arraché à la mort par l’action vigoureuse des prolétaires, avec à leur tête la section française du S.R.I.. Le voici devant nous. Nous serrons sa main fiévreuse et sèche. »[3]
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samedi 6 juin 2015 par JMD
Gavroche
N°97, janvier-février 1998
La banlieue Nord de Paris et le « Péril anarchiste » 1880-1895
Les quartiers de la banlieue Nord n’ont pas très bonne réputation en cette fin de XIXe siècle. Réputation que la banlieue a d’ailleurs elle-même contribué à forger. Après les décennies 1860-1880 au cours desquelles la capitale a rejeté ses industries les plus polluantes et avides de main d’œuvre vers sa périphérie, la prise de conscience de la spécificité de la banlieue génère de vives controverses avec Paris. Les conséquences de l’industrialisation et de la poussée démographique provoquent des réactions de rejet largement relayées par la presse. Le Journal de Saint- Denis, qui couvre la moitié de la Seine-banlieue, reproche principalement à la capitale « son envahissement par la lie [de la population] parisienne, qui vient chercher asile et coups à faire en banlieue ». Il évoque également « les voleurs et les assassins qui érigent domicile dans la zone »[1].
Cette évolution sociologique aboutit également à une recomposition politique. La banlieue Nord sécrète ainsi les premières municipalités socialistes : Saint-Ouen en 1887 et Saint-Denis en 1892-1894. Les outrances du conseil municipal dionysien à l’égard de la police et son anticléricalisme exacerbé alimentent déjà les colonnes de la presse bien pensante. Lire le reste de cet article »
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