Aphorismes du bagnard
lundi 22 juin 2020 par JMD
La souffrance, comprise non au sens chrétien comme négation, mais au point de vue individualiste comme renforcement d’énergie, est un puissant tonique.
Lettre à Marie Jacob, 3 juin 1913
La souffrance, comprise non au sens chrétien comme négation, mais au point de vue individualiste comme renforcement d’énergie, est un puissant tonique.
Lettre à Marie Jacob, 3 juin 1913
Qui sait ? ne voudront-ils pas que tu les remercies, que tu leur fasses la révérence ? Eh bien ! nom de Dieu ! il ne manquerait plus que cela. Ce serait là un fait unique dans l’histoire de la résignation ; un fait capable à lui seul de confondre le darwinisme. On ne pourrait plus dire que l’homme descend du singe, mais du chien…
Prison d’Orléans, 03 juillet 1905
La vie est une suite de combinaisons. Que ces combinaisons nous procurent des sensations de douleur et de plaisir selon qu’elles sont pour ou contre nos intérêts, cela se comprend. Mais il y a manière de subir ces sensations, que diable ! C’est se rendre malheureux soi-même que de suivre l’impulsion causée par les événements. Il faut réagir contre cela ; sinon c’est se faire l’esclave de tout événement. C’est vivre dans des transes continuelles ; c’est végéter entre une lueur d’espoir et un brouillard de craintes. Il faut être au-dessus de tels sentiments qui sont le monopole exclusif de ceux qui se meuvent dans le royaume de la Médiocratie.
Prison d’Orléans, juillet 1905
Nous avons mis en ligne cette chanson, interpétée par Daniel Denécheau et Patrick Denain, une première fois le samedi 18 octobre 2008. Nous ne connaissons pas son auteur. Certains ont pu l’attribuer au bagnard Miet. Elle est écrite vers 1912 et est publiée en 1924 par les soins d’Antoine Mesclon. Mais elle ne semble pas avoir connu un certain succès, les bagnards préfèrant de toute évidence entonner le Chant de l’Orapu. Les éditions L’Insomniaque l’incluent une première fois, en 2000, dans le cd accompagnant le livre Au pied du mur, anthologie de textes sur la prison, puis, en 2004 dans le cd de la réédition des Ecrits de Jacob. Lire le reste de cet article »
Où il est indiqué que l’asile et le bagne, espace clos vivant sur eux-mêmes, fonctionnent tous les deux sur le modèle totalitaire en façonnant l’individu et en annihilant les plus récalcitrants. 4e épisode.
B/ Le bagne : une institution « totale » ?
Situer le cadre du bagne en tant qu’institution doit nous permettre de lui donner une définition dont découleront des principes et des modalités d’analyse. En effet, la nature de notre recherche porte sur la perception de l’univers pénitentiaire par une catégorie de détenus et nous souhaitons en décoder les mécanismes. Considérant le détenu comme un reclus forcé, il nous faut rechercher quels vont être les déterminants d’une « adaptation » ou d’une « inadaptation » au modèle pénitentiaire ; ceci en étudiant ce qu’impliquent les changements survenant entre la « vie recluse » et la « vie normale », à la fois dans le comportement du transporté et dans la perception de l’univers qui l’entoure. Lire le reste de cet article »
Par Jacob
Les derniers actes – Mon arrestation
(suite)
Au nom de la consigne ça marche, court, boit, mange, dort ; au nom de la consigne ça vous salue un supérieur d’une main et ça vous revolverise un pauvre bougre de l’autre ; au nom de la consigne enfin, ça défend le capital en sabrant et fusillant les grévistes, ça protège la propriété en faisant la chasse aux sans-le-sou : ça agit, ça respire, mais ça ne pense pas. Lire le reste de cet article »
S’ils m’attaquent, ils trouveront à qui parler : ils gagneront la croix ou bien ils ne jouiront pas de leur retraite. Tant pis pour eux après tout. Ça coûte cher parfois de défendre les riches.
Souvenirs d’un révolté, 1905
Le mouton bêle, le bœuf meugle, le porc grogne, tous jettent leurs cris de révolte en allant à l’abattoir, se débattent, se démènent, se défendent pour échapper à leurs bourreaux, et toi homme, tu irais muettement et tête baissée à l’échafaud ?
Alexandre Jacob, Souvenirs d’un révolté, 1905