Portrait lombrosien
samedi 10 novembre 2012 par JMD
Alexandre Jacob présente-t-il les caractéristiques du criminel classique ? La réponse à la question posée, et largement reprise dans la presse, ne laisse aucun doute à ce sujet. Car il y va du stéréotype. Les stigmates de la délinquance doivent se retrouver aisément dans le portrait physique que le journaliste aime à décrire de l’anarchiste cambrioleur. Jacob serait ainsi la reproduction parfaite et concrète des principes lombrosiens. La description physique du voleur accentue et aggrave ensuite la longue énumération des délits jugés à Amiens. Car les crimes d’Alexandre Jacob ne peuvent que relever du droit commun. Il semble hors de question de voir un quelconque acte politique minimisant de fait les délits jugés et l’insécurité constamment dénoncée. En désignant Alexandre Jacob comme un microbe menaçant la santé du corps social, la presse ne fait que reproduire cette idée du criminel-né tout en renforçant la fascination que le lecteur peut alors éprouver. A la crainte, à l’horreur et à la réprobation morale doit se mêler un sentiment équivoque où la curiosité se teinte d’un voyeurisme malsain. Si l’accusé étonne, surprend et présente des aspects sympathiques, il convient de le replacer dans la norme du délit de faciès. Le n°11 du journal libertaire Germinal est entièrement consacré au procès d’Amiens. Parmi les nombreux articles soutenant l’honnête cambrioleur et ses co-accusés, la feuille antiautoritaire reproduit un billet de l’agence Havas que l’on retrouve aussi encore dans le journal L’Aurore en date du 10 mars 1905. Mais la description du principal accusé ne poursuit bien évidemment pas le même but. Là, chez les anarchistes, c’est le pourfendeur du capital, le valeureux protecteur des exploités, le champion du droit de vivre qui ne se mendie pas, qui est mis en valeur. Lire le reste de cet article »