Articles taggés avec ‘travail’
samedi 7 octobre 2023 par JMD
Pour beaucoup de bagnards, la libération était une mauvaise farce. Au Bagne, ils avaient la ration d’assurée, tandis que l’après-Bagne était lourd d’incertitude et d’inconnu.
La Tentiaire fournissait à chaque libéré un complet de toile bleu, une chemise, des souliers-godasses et un chapeau. Si l’intéressé avait quelque argent à son pécule, on lui en remettait la moitié – le restant étant réservé pour le cas d’une hypothétique rentrée en France. Après cela, débrouille-toi !
Il fut un temps où il y avait du travail pour tous les libérés, lorsque l’exploitation du balata était florissante en Guyane.
Mais la découverte du caoutchouc synthétique, l’accumulation pléthorique des stocks sur les marchés mondiaux, portèrent un coup mortel à la production locale – dont la qualité était d’ailleurs médiocre.
À partir de cette époque, sur un millier de libérés répartis en Guyane, deux cent environ étaient employés à des travaux salariés, une centaine travaillaient ou s’étaient établis à leur compte et la grande majorité en était réduit à vivre d’expédients. Un certain nombre de libérés recevaient des subsides de leurs familles, plus ou moins régulièrement.
Saint-Laurent était le grand centre de résidence des libérés.
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Tags: Albert Londres, alcoolisme, AP, dégrad, faim, Laville, libération, mendicité, rélégation, relégué collectif, relégué individuel, Roussenq, Saint Jean du Maroni, Saint Laurent du Maroni, travail
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lundi 25 septembre 2023 par JMD
Dans la case, le forçat est chez lui : il y mange, il s’y repose, il y dort.
C’est là qu’il exécute ses travaux d’amateur, grâce auxquels il peut améliorer son sort. C’est là aussi qu’il se distrait. Dans la case, enfin, se déroulent les manifestations de sa vie intime.
Les surveillants y pénètrent rarement.
Il est dix heures ; les condamnés viennent de rentrer du travail et les hommes de soupe sont de retour de la cuisine apportant les plats, lesquels comportent chacun dix rationnaires.
Chacun a pris son pain, a posé sa gamelle autour du plat de viande et du seau à bouillon et la distribution se fait. Souvent, la viande n’est pas fameuse et le bouillon n’est que de l’eau chaude ; n’importe, on va y parer. Les commerçants sont affairés ; ils s’empressent de satisfaire leurs clients. Ragoûts, nouilles, fruits, épicerie, café, remplaceront avantageusement la ration administrative[1].
Après ce repas, les uns se livrent à la sieste, les autres au jeu ou à la lecture. Les industrieux se mettent à l’ouvrage. A deux heures, c’est la sortie pour le travail ; préalablement, l’appel est fait devant chaque case. A six heures du soir, c’est la rentrée. On sert les légumes et le bouillon, à moins que ce soit du riz – et alors le repas est vite servi.
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Tags: café, camelote, case, marseillaise, mort, plan, prostitution, repas, rixe, Roussenq, tafia, trafic, travail
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samedi 20 août 2022 par JMD
Les Allobroges
7ème année, n° 1299,
vendredi 27 février 1948, p. 2.
Mes tombeaux
souvenirs du bagne
par Paul Roussenq, L’Inco d’Albert Londres
XXV
Soixante pour cent des libérés du bagne étaient voués à la famine et menacés de la relégation : le bagne n°2
Anecdotes
Un curé-aumônier s’était fixé à St-Laurent. Cet honorable ecclésiastique ne pouvait pas voir les bagnards qui le lui rendaient bien. Il allait jusqu’à se joindre aux chasseurs d’hommes pour la poursuite des évadés.
Un jour, dans les alentours du village, trois libérés le croisèrent. L’ayant dépassé, ils imitèrent le cri du corbeau : croa ! croa !
Notre homme, qui avait de l’esprit. leur lança : « Partout où l’on voit des corbeaux, il y a de la charogne ! » Lire le reste de cet article »
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Tags: 37664, AP, bagne n°2, broussier, commerce, gouverneur, hôpital, Jean Galmot, libération, libéré, mendiant, Picard, relégation, Roussenq, Saint Laurent du Maroni, surveillant Buffet, Tentiaire, travail, vol
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samedi 2 juillet 2022 par JMD
Les Allobroges
7ème année, n° 1285,
mercredi 11 février 1948, p. 2.
Mes tombeaux
souvenirs du bagne
par Paul Roussenq, L’Inco d’Albert Londres
XI
De CAYENNE à SAINT-LAURENT les surveillants servaient d’intermédiaires aux débrouillards
LES FORÇATS CHEZ EUX
Généralement, les transportés devaient fournir journellement huit heures de travail.
Le reste du temps, ils le passaient dans leurs cases.
La case, c’était le « home » des bagnards ; ils étaient là chez eux – sans contestation possible. Les surveillants n’y pénétraient jamais qu’en l’absence des occupants, par exemple pour opérer une fouille, ou bien lorsqu’un fait grave s’y produisait. De même que jadis les églises étaient des lieux d’asile inviolables, ainsi en était-il, par analogie, des locaux d’habitation affectés aux condamnés. Lire le reste de cet article »
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Tags: appel, bibliothèque, café, camelote, case, Roussenq, surveillant militaire, trafic, travail
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samedi 28 janvier 2017 par JMD
Rénovation pénitentiaire ? Parce qu’il est le dernier maillon d’une longue chaîne répressive qui a pour but l’éloignement, l’éviction ou plutôt l’élimination du criminel, le bagne ne pouvait aboutir qu’à un échec patent. Et si, dès sa création en 1854, il a su résister aux nombreuses critiques, c’est bien qu’il correspond parfaitement aux principes de préservation sociale et d’exemplarité qui fondent le système pénal français. Louis Rousseau s’attache alors à montrer dans le dernier chapitre de son ouvrage une organisation d’ensemble régie par la loi du talion. Le délinquant doit alors souffrir et faire repentance. Lire le reste de cet article »
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Tags: Administration Pénitentiaire, Alexandre Jacob, amendement, bagne, Belgique, Brésil, cachot, code pénal, crime, criminologie, cruauté, décrets du 18 septembre 1925, double chaîne, du Miral, éducation, élimination, Emile Garçon, enfermement, Enrico Ferri, garde des Sceaux, goulag, gouverneur, Guyane, Guyot-Dessaignes, île Saint Joseph, îles du Salut, Italie, Léveillé, libéré, loi, loi du talion, Louis Napoléon Bonaparte, Louis Rousseau, Milliès-Lacroix, ministre des Colonies, mort, mortalité, prison, psychologie, réforme, régénérer, Rousseau, Russie, Saint Martin de Ré, salaire, santé, souffrir, suppression, travail, Un médecin au bagne, URSS
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samedi 31 décembre 2016 par JMD
Fort de son expérience, le docteur Louis Rousseau a décrit un système éliminatoire sur neuf chapitres. Il s’interroge de fait dans les pages suivantes sur les causes cette barbarie carcérale qu’il a pu constater en Guyane. Les chapitres 10 et 11 peuvent sonner comme une conclusion à l’étude entreprise en dressant une comparaison avec les pratiques pénitentiaires métropolitaines et étrangères. L’école, la lecture, le travail permettent-ils de régénérer le condamné dans les geôles françaises ? Sur quelles bases s’effectuent le régime des sanctions et le recrutement des surveillants ? Ces derniers se montrent-ils moins cruels que leurs confrères d’outre-Atlantique ? Lire le reste de cet article »
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Tags: Alexandre Jacob, AP, bibliothèque, Breton, cachot, cantine, Capart, centrale, colonie pénitentiaire, discipline, Editions Fleury, enfance coupable, fers, France, Fresnes, Huguette Godin, Imbert, inspecteur général, Inspection générale des services administratifs, instituteur, Jacob, Journal Officiel, Les enfants de Caïn, libération conditionnelle, Louis Roubaud, Louis Rousseau, maison d'arret, maison de correction, Melun, patronage, pécule, prétoire, prison, régime alimentaire, Rennes, Richart, Rousseau, Rouvier, salaire, salle de discipline, sanction, surveillant, travail, Un médecin au bagne
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samedi 17 décembre 2016 par JMD
Cela fait six mois, un peu plus même, que le matricule 34777 est sorti vivant des cachots de l’île Saint Joseph. Les trois tentatives d’évasion au cours du second semestre 1912 révèlent presque intacte sa volonté de résistance. Pour autant, ces trois échecs ainsi que les conséquences physiques de presque quatre années de claustration, mettent son moral à rude épreuve. « Je suis complètement schopenhaurisé » déclare-t-il le 11 mars 1913. Une période d’harassement et de faiblesse mentale commence. Lire le reste de cet article »
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samedi 12 novembre 2016 par JMD
Nous pourrions croire Alexandre Jacob moins entreprenant une fois sa peine de réclusion purgée. Quarante-quatre mois d’encellulement ont de quoi épuiser l’homme qui, il y a peu, ne pesait plus que 39 kg avec ses chaussettes ! Nous pourrions le croire déprimé par la claustration, vaincu, brisé malgré une santé physique en nette amélioration. La multiplication des codes dans sa correspondance révèle qu’il n’en est rien. Les péripéties de la famille imaginaire de Barrabas montrent tout le contraire. Auguste le frère de Marie va se faire opérer ; il réclame à sa sœur trois ouvrages de la bibliothèque d’Elisabeth dont un sur la coutellerie ; mais, par la suite et du fait des vilénies d’Octave, Myra (contrepet de Marie) ne doit rien lui envoyer. Tous les forçats rêvent d’évasion ; le matricule 34777 tente d’embrasser la Belle par trois fois. Mais par trois fois, la gourgandine se dérobe. Lire le reste de cet article »
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Tags: 34777, Alain Sergent, AP, Auguste, Barrabas, Belle, Betty, bibliothèque, commandant Michel, commission disciplinaire, Confessions, Deleuze, Elisabeth, évasion, Félicien, Ferrand, Globéol, île Royale, île Saint Joseph, îles du Salut, Jacob, Livres, Marie Jacob, Maya bulgare, Myra, Octave, prise d'armes, Radtke, réclusion, Sept Vaudoyer, Seznec, soulèvement, surveillant Simon, TMS, travail, Valet, Valthard
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samedi 16 janvier 2016 par JMD
Le chapitre I du livre du docteur Louis Rousseau aborde l’histoire de la transportation et l’étude des différents textes de lois qui régissent le bagne. L’apport d’Alexandre Jacob apparait primordial, du fait d’une connaissance encyclopédique en matière de criminologie, acquise tout au long de sa détention. Dix-sept pages sont ainsi consacrées aux décrets du 18 septembre 1925 qui clôturent ce chapitre. Ces décrets n’induisent que quelques adoucissements alors que l’on aurait pu croire à la suite d’une forte campagne médiatique à une réforme totale de l’institution bagne. Louis Rousseau note pourtant quelques suppressions comme celle de la règle du silence absolu pendant les heures de repos, celle de la mise aux fers (ou boucle) ou celle de la punition du cachot. Le médecin relève aussi la mise à disposition d’un hamac pour toutes les classes de forçats ainsi que la réintroduction du travail salarié. Mais l’emploi de ce pécule est déterminé par décret du gouverneur de la Guyane. Les forçats libérés et astreints à résidence ne doivent plus désormais répondre qu’à un seul appel annuel. Ils ne sont plus en outre cantonnés à Saint Jean du Maroni. En prenant par exemple l’aggravation effective de la peine de réclusion prononcée par le TMS (Tribunal Maritime Spécial), le médecin s’interroge en fin de compte sur l’efficacité réelle de ces décrets : « Mais s’agit-il de conquêtes bien définitives ? Nous verrons combien il est difficile d’extirper de la pratique pénitentiaire les vieilles habitudes de répression ». Il est alors écrit que le législateur a enfanté et conforté un broyeur de vies punies. C’est cette machine que dessine Jacob pour illustrer le propos de son ami, médecin au bagne. Lire le reste de cet article »
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Tags: Alexandre Jacob, amendement, AP, bagne, cachot, Cellule, code de 1910, crime, criminologue, décret de 1880, décret du 04 septembre 1891, décret du 27 mars 1852, décret du 4 ocotbre 1889, décrets du 18 septembre 1925, Editions Fleury, éloignement, embarquement, enchaînement, évasion, forçat, gouverneur, Guyane, hamac, Housez, juriste, Léveillé, libéré, loi, loi de 1854, loi de 1885, Louis Napoléon Bonaparte, Louis Rousseau, Miral, Napoléon III, pécule, prison, réclusion, relégation, Saint Martin de Ré, silence, surveillant, transportation, travail, travaux forcés
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lundi 26 août 2013 par JMD
On ne décroche pas ces places-là comme on trouve des bouts de cigarettes sur les boulevards.
Saint Martin de Ré, 03 décembre 1905
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Tags: piston, travail
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dimanche 25 août 2013 par JMD
Ce qu’il te faut avant tout, c’est du mouvement, du va-et-vient, de l’agitation physique ; et non demeurer assise sur une chaise du matin au soir comme un sous-chef de bureau.
Saint Martin de Ré, 03 décembre 1905
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Tags: activité, bureaucratie, chef, rond de cuir, sous-chef, travail
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dimanche 11 août 2013 par JMD
Cherche-toi un tout petit travail bien facile et beaucoup lucratif. Il va sans dire que par travail, je ne veux pas te dire de t’aller louer comme une bête de somme : garde-t-en bien. Prends un commerce et n’oublie pas que le monde est composé de dévorés et de dévorants. Fais en sorte d’être toujours parmi les derniers.
Saint Martin de Ré, 05 novembre 1905
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Tags: commerce, exploitation, travail, vol
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samedi 25 août 2012 par JMD
Après le dressage par le travail forcé, la défense de ces privilèges par les armes. Et de ce circuit va éclore un parfait citoyen.
Lettre ouverte à Georges Arnaud, 1954
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Tags: armée, bourrage de crâne, citoyen, prison, travail
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vendredi 17 août 2012 par JMD
Dans tous les lieux, on apprend à travailler, à produire, à se rendre utile, mais à la caserne on n’apprend qu’à assassiner.
Souvenirs d’un révolté, 1905
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Tags: apprendre, caserne, école, militaire, travail, tuer, usine
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samedi 18 février 2012 par JMD
Jean-Pierre Levaray fait partie de ces plumes que l’on aime bien au Jacoblog. Non pas parce qu’il a les mains calleuses de l’ouvrier. Non pas parce qu’il est un actif et inlassable militant syndical, associatif et politique. Non pas parce qu’il décrit une réalité vue de la France d’en bas. Mais bien parce qu’enfin, lorsqu’il nous écrit de l’usine ou d’ailleurs, ses mots font mouche systématiquement. C’est peu dire que son Putain d’usine, sorti en 2002 chez L’Insomniaque, a constitué un coup de tonnerre. C’est peu dire que ses autres livres sont de la même facture, de celle qui remue insensiblement vos neurones et votre colère et qui, fatalement, ne suscite pas uniquement de l’indignation. En février 2010, Tue Ton Patron, roman noir aux accents marvéliens, met en scène un ouvrier licencié qui, pour approcher et flinguer le PDG de son entreprise, revêt entre autres les traits d’un personnage connu pour son illégalisme et sa morale anarchiste. L’ouvrage de Jean-Pierre Levaray ne pouvait que susciter l’intérêt du blog de l’honnête cambrioleur et ce d’autant plus que la saison 2 ne va pas tarder à paraître chez Libertalia et qu’il est depuis le 16 février dernier l’objet d’une version bd brillamment mise en images par Efix aux éditions Fetjaine. Jean-Pierre Levaray a bien voulu répondre à nos dix questions sur la condition ouvrière, sur l’illégalisme et sur la lupinose. Et son propos claque comme coup de grisou dans la mine, comme coffre fort que l’on éventre, comme la balle sociale sorti du canon de del Sindicalista. Lire le reste de cet article »
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