6 août 1922 – fête de l’A.R.A.C à Ecully

Dans un des cartons d’archives donnés au Centre de documentation libertaire de Lyon par Roger Dorey, une photo carte postale tirée lors de la fête de l’A.R.A.C. du 6 août 1922 à Ecully. L’A.R.A.C (Association républicaine des anciens combattants) avait été fondée en 1917. En regardant de plus près les journaux tenus par ces jeunes gens, on peut voir :

  • Le Libertaire, (René Bianco, dans 100 ans de presse anarchiste, fait une longue recension de cet hebdomadaire qui deviendra quotidien quelques mois après la photo)
  • Le Cri des jeunes syndicalistes, paru entre 1920 et 1925, domicilié à Lyon puis à Saint-Etienne (Bianco, 100 ans…)
  • La Vague, (« hebdomadaire de combat [puis] pacifiste, socialiste, féministe [puis] journal de débourrage et de combat ») qui paraîtra entre 1918 et 1923 (Bianco, 100 ans…)
  • Le Métallurgiste
  • Travail(?)

Bref, de quoi penser que parmi ces jeunes personnes de 1922, il y avait quelques libertaires.

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Au dos de la photo figurent quelques noms aujourd’hui oubliés.

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Francisco (dit Paco) et Carmen Perez

Francisco Perez (dit Paco) Bonjour, Nous sommes tombées par hasard sur votre blog, ma soeur Sylvie et moi, à la suite d’un voyage en Espagne que je viens de faire suivant les traces de mes parents Francisco (dit Paco) et Carmen Perez, anarchistes libertaires ayant fui l’Espagne poursuivis par les armées franquistes en 1939, avec un bébé de 15 jours dans les bras : moi. Après le passage, à pied, des Pyrénées, dans le froid glacial, dormant sur des matelas trempés, ils ont abouti au camp de Saint Cyprien, après que le gouvernement français a en fin décidé d’ouvrir la frontière.

ma mère, Carmen Perez, jeuneMa mère était accompagnée de sa mère, Josepha Estevez Cubero dont le mari était mort au front de Madrid, son jeune frère et… moi. Mon père se battait encore au front de Valencia. Après s’être échappés du camp ils ont abouti à Lyon. Mon père n’est jamais retourné en Espagne mais a toujours milité à la C.N.T. Ses croyances datent de ses conversations avec «un viejo» anarchiste alors qu’il était berger et ont duré jusqu’à sa mort, d’un cancer, en 1973 à Lyon.

Ses contacts constants avec les copains de Lyon, Toulouse, Federica Montseny, et ses fréquents voyages pour aider les anarchistes prisonniers des prisons fascistes, les aider à s’échapper, procurer de l’aide à leur famille… il n’a jamais renoncé, ses convictions ont été plus fortes que ses séjours à l’hôpital, ses hémorragies pour ulcère à l’estomac, sa vie mouvementée et finalement son arrestation par la police lyonnaise en tant que secrétaire des fonds recueillis pour les prisonniers d’Espagne, lors du fameux procès du «gang des anarchistes lyonnais». Il y gagna un «passage à tabac» dans les locaux de la police après lequel son visage était méconnaissable, et les coups étaient aussi dirigés vers son estomac alors qu’il était à genoux, sur une barre de fer. Il n’a pas flanché, a toujours proclamé son innocence et nié ce qu’on voulait lui faire dire… mais a passé 8 ans en prison. Malgré le bouleversement que cela apporta à notre famille et à notre vie – ma mère devant travailler dans une usine métallurgique pour pouvoir nous élever, moi 11 ans, ma petite sœur 5 ans, notre perte totale d’enfance, d’insouciance –, nous sommes toujours demeurées fidèles et fières de mon père. Tout cela pour dire que la guerre civile espagnole a continué ses ravages, chez certains, bien après la guerre.

Mon père (devant à gauche agenouillé, devant "la barraca" avec les copainsSur les photos de votre blog, je connais bien sûr Melchora Flores, elle était même au mariage de ma tante, je connais «la baraque» du cours Émile Zola à Lyon, lieu des réunions des copains de la C.N.T. Mon père m’y emmenait, j’y ai même pris des cours de claquettes ! Et, bien sûr « el grupo artistico de Tierra y Libertad» et j’ai reconnu sur les photos Juan Flores (sa femme Fifine), Callès, Fontaura, sa femme Gertrudes etc. Tout cela, je ne l’oublierai jamais. Nous avons enterré mon père à Lyon en 1973 et le cercueil de ma mère est entré au tunnel de la crémation aux sons triomphants de la chanson «El pasage del Ebro ( Ay Carmela, Ay Carmela)»…

Violette Perez

PS : nous avons aussi retrouvé, dans des papiers, une carte laisser-passer de la Résistance au nom de mon père.

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Bartolome Flores Cano

Corinne Garcia Flores, filles et petite-fille de militants anarchosyndicalistes espagnols, a réagi suite à une photo que nous avions publié sur le blog Ma Croix-Rousse [alternative]. il s’agit des mineurs qui avaient percé le tunnel de la Croix-Rousse et certains d’entre eux étaient des anarchistes espagnols réfugiés en France.

Je viens de m’apercevoir que vous aviez publié la photo des mines de la Croix-Rousse, de mon grand-père Bartolome Flores Cano et de son ami Andres Alonso et je vous en remercie. Dans les années 1948-60, ils étaient deux piliers de Federica Monsteny. Le grand ami de mon grand-père, l’écrivain Pedro Flores Martinez, el Malagueño, venait le chercher pour organiser les meetings de Federica à Oullins (dans la banlieue lyonnaise) et c’est ma mère, Chorita, qui vendait les cocardes de la CNT. Ma mère, Melchora Flores, écrivait sous le pseudonyme de Chorita, aux Juventudes Libertarias de Clermond Ferrand, et c’est Vicente Galindo, dit Fontaura,  qui lui corrigeait ses articles et les envoyait pour être édité à Alejandro Lamela.

Federica Montseny appelait mon grand-père «mon Lyonnais», car ils étaient deux Flores à Lyon.

Nous nous sommes empressés de recontacter Corinne, qui vit maintenant à Barcelone, pour qu’elle nous raconte plus de choses sur ces cénétistes réfugiés dans la région lyonnaise. Voici sa réponse que nous publions avec les photos qu’elle a bien voulu nous faire passer.

Sur la première photo, ce sont tous des enfants des mineurs de la Croix-Rousse, qui vivaient à la cour des miracles, à Vaise (quartier de Lyon) à la Libération.

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La petite fille à droite, avec un nœud dans les cheveux, c’est ma mère. Derrière avec le béret, c’est son frère, et l’autre garçon avec le béret, c est Andresine Perrez. Cette photo à un sens car le tunnel de la Croix-Rousse a été endeuillé le jour de son inauguration. Ils ont trouve le père de ce garçon, Francisco Perrez, complètement décapité dans les rails. Il a laissé une compagne, Rosa, notre amie gitane, veuve avec 6 enfants. Pour connaître le jour de l’inauguration du tunnel, il faut aller sur la tombe de Franscico Perrez, au cimetière de Loyasse, mais  c’était entre 1951 et 1952 (le 20 avril 1952, voir la vidéo de l’INA). Ils ont dit à Rosa que c’était un accident afin de l’épargner, mais,  pour tous les mineurs aussi bien français qu’espagnols, ce n’en était pas un accident, Francisco Perrez avait été assassiné à cause de ses idées. Il était aussi anarchiste, et le fils aîné de Rosa, Antonio Flores avait été dans la Résistance avec mon grand-père.

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Sur la deuxième photo, mon grand-père Bartolome Flores Cano, en 1948.

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La troisième photo, c’est ma mère Melchora Flores, à l’époque où mon grand-père était trésorier de la CNT, à la Baraque de Villeurbanne. Il faisait venir un poète gitan, Monsieur Flores de la Croix-Rousse, afin de lire aux jeunes des Jeunesses libertaires des poèmes de Federico Garcia Lorca. A cette époque, entre 1952 et 1959, les Jeunesses libertaires tenaient ses réunions tous les jeudis à la Baraque.

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La quatrième photo a été prise lors d’une sortie de la Gira. L’homme allongé torse nu est le grand ami de mon grand-père, un italien nommé Rolando Sternini qui, entre 1935 et 1936, avait abandonné l’Italie pour combattre du côté des républicains espagnols (voir aussi les Gimenologues). Il est décédé aux alentours de 1970, au fort Saint Irénée,  à Saint-Just. Accroupi, au fond, mon grand-père Bartolome Flores Cano.

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Et, sur la dernière photo, on voit ma mère à l’époque où elle écrivait dans le journal d’Abel Paz, à Clermon-Ferrand, sous le pseudonyme de Chorita.
Los de la Sierra publie une  fiche sur l’ami de mon grand-père, Pedro Flores Martinez,  el malagueño. Ils se connaissaient depuis 1932 à Manresa (province de Barcelone). Lui et mon grand-père organisaient des réunions secrètes à Oullins, entre autre afin de faire passer des Espagnols en Fance. On trouvera aussi une fiche sur mon grand-père dans le Dictionnaire international des militants anarchistes.

Voila pour infos et encore bravo pour tout ce que vous faites.
Fraternellement
Corinne Garcia Flores

Pour finir, Corinne a ajouté deux autres photos de sa famille.

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A droite, Bartolome Flores. A gauche, Chorita Flores et, derrière elle, Juano Alonso, épouse Flores.

juana-alonso-epouse-flores-a-la-cour-des-miracles-avec-un-enfant-de-mineur-dans-les-brasJuano Alonso, épouse Flores, à la cour des miracles avec un enfant de mineur dans les bras.

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«Les tueurs de la rue Duguesclin appartiennent à un redoutable gang d’anarchistes espagnols»

«Les tueurs de la rue Duguesclin appartiennent à un redoutable gang d’anarchistes espagnols», tirait ce journal après l’attaque du fourgon postal devant le bureau de poste de la rue Duguesclin, le 18 janvier 1951. Juan Sanchez et les frères Baïla Mata étaient de la partie.
Sur le site http://ruesdelyon.wysiup.net/PageRubrique.php?ID=1005416&rubID=1005550, il est indiqué :

Le 18 janvier 1951, Juan Sanchez et les frères Baïla Mata ont attaqué un fourgon devant le bureau de poste en faisant trois morts. Lors de leurs arrestations, l’un des frères se suicida, Sanchez fut condamné à mort. Dans leurs logis, pas de trace de butin, c’était des taudis sans même un lit, tout l’argent partait vers les organisations anarchistes CNT et FAI visant à renverser le dictateur espagnol Franco.

Juan Sanchez a vécu ensuite en Suède. Dans les années soixante-dix quatre-vingt, il était abonné de la revue libertaire lyonnaise IRL.

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Les anarchistes espagnols

Ceux qui, comme nous, on milité dans les années soixante-dix et quatre-vingt, ont obligatoirement côtoyé les « vieux Espagnols » qui avaient, d’une manière ou d’une autre, participé à la révolution et à la guerre civile en Espagne, entre 1936 et 1939. Violeta, la fille de l’un d’entre eux, nous a fait parvenir ces quelques clichés. On y retrouvera Juan de la Flor Burgos (le père de Violeta), Manuel Calle et Juan López Carvajal, ainsi que tous ceux du groupe artistique espagnol, Tierra y Libertad.

Bien entendu, n’hésitez pas à nous faire passer des photographies ou tout autre témoignage.

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