IRL, dont nous vous parlerons souvent, était une revue publiée à Lyon, entre 1973 et 1991. Une assemblée générale avait lieu, tous les ans au début, un peu moins souvent ensuite quand une rédaction plus régulière s’est formée. C’est à l’issue d’une de ces assemblées générales, et pour la sortie du numéro de rentrée, que nous nous sommes tous retrouvés devant le local historique du 13 rue Pierre Blanc pour simuler une interminable queue d’acheteurs de la revue.
Zizette Marsella
Marie-Louise Massoubre nous avait quitté, en 1988. Voici l’hommage qui avait été publié à cette époque dans la revue IRL.
Les phrases d’usage sonnent faux. Il serait faux de dire qu’elle était de toutes les luttes. Ceci pourrait laisser croire, en effet, qu’il s’agissait pour elle d’un devoir.
Ce n’est pas par devoir qu’elle était partout où il y avait des risques à prendre pour lutter contre l’injustice, partout où il y avait un copain à aider. C’est parce qu’elle en ressentait la nécessité intérieure. C’est pour cela qu’on la voyait aussi, jusqu’à ces derniers temps, chaque mercredi au Centre de documentation libertaire, tenter de conserver la mémoire du mouvement libertaire, cette mémoire dont elle fait désormais partie.
Il faut parler aussi de la chaleur de son accueil, de sa tolérance, de son ouverture d’esprit et de sa jeunesse.
Mais les mots sont bien banals pour rendre compte de tout ceci. Sa lutte contre la mort, acharnée, ressemble à toutes celles qu’elle a menées contre toutes les injustices, ici contre l’injustice suprême, le scandale intolérable, celui de la mort.
Je ne peux pas lui dire au-revoir. Je sais que d’elle, désormais, il ne reste rien, hormis le souvenir que nous en gardons, et celui de ce qu’elle a réalisé, des actions auxquelles elle a participé. Il n’y a pas d’au delà dans lequel nous pourrions nous retrouver.
La mort est évidemment le scandale intolérable, celui contre lequel la révolte est vouée à l’échec. Chaque instant de notre vie, à peine ébauché, est voué à disparaitre. Raison de plus pour faire en sorte qu’il soit unique et inoubliable. C’est pour ce qu’elle a vécu que nous n’oublierons pas Zizette. De ce que la mort, la vraie est inévitable, il découle que nous pouvons seulement tout faire pour éviter qu’elle ne s’infiltre pas dés à présent dans notre vie pour la modeler. Et la mort, c’est le conformisme, l’indifférence, l’uniforme, l’État, le poids des idées reçues et des habitudes, tout ce qui s’oppose à l’expression la plus libre possible de nos désirs et de notre vie.
C’est pour cette vie que Zizette a lutté.(Photos Mimmo Pucciarelli)