Dimanche soir, je suis allé sentir les parfums des nuits debout lyonnaises, mais simplement en début de soirée, oui, l’âge n’aide pas à passer la nuit assis par terre ou sur des bancs de pierre. Par contre, les mots qui vacillent, qui travaillent (sic) dans ma tête, qui chantent autour de moi depuis très longtemps étaient là, et bien là, et le seront peut-être encore lundi soir, mais sûrement « demain » : utopie, démocratie directe et horizontale, participation collective versus autogestion, culture et initiatives populaires, amour pour l’autre, envie besoin de justice, rêves, beaucoup de rêves de libertés y un largo eccetera.
Bon, j’étais heureux, j’avais l’impression d’avoir entre vingt et trente-trois ans. J’y ai vu de très jeunes étudiant.e.s et de vieux militant.e.s.
Bon, il faut certainement poursuivre, mais comment ?
Bon, demain matin à six heures je vais me lever pour m’inquiéter de la nuit que vous avez passée debout.
Debout frères (et sœurs) de misère, debout et plus de frontières…
PS (Post scriptum et non pas PS) : Vous aurez d’autres images plus tard. Pour aujourd’hui, une chanson de Louise, celle qui attaquait les bourgeois et qui rêvait d’anarchie !
Chant international
Debout les damnés de la terre !
Les despotes épouvantés
Sentant sous leurs pas un cratère,
Au passé se sont acculés.
Leur ligue folle et meurtrière
Voudrait à l’horizon vermeil
Éteindre l’ardente lumière
Que verse le nouveau soleil,
Refrain
Debout, debout, les damnés de la terre !
Ceux qu’on écrase en les charniers humains,
Debout, debout, les forçats de misère !
Unissons-nous, Latins, Slaves, Germains.
Que la troisième République
Se prostitue au tsar pendeur ;
Qu’une foule extralunatique
Adore l’exterminateur !
Puisqu’il faut que tout disparaisse,
Peu nous importe ! C’est la fin,
Partout les peuples en détresse
S’éveillent se donnant la main,
Bons bourgeois que César vous garde,
César aux grands ou petits bras :
Pape, République bâtarde ;
les tocsins sonnent votre glas
Rois de l’or hideux et féroces.
Les fiancés que vous tuez
Demain auront de rouges noces.
Tocsins, tocsins, sonnez, sonnez.
Les potentats veulent la guerre
Afin d’égorger leurs troupeaux :
Pour cimenter chaque frontière
Comme on consacrait les tombeaux.
Mais il vient le temps d’Anarchie
Où, dans l’immense apaisement,
Loups de France et de Sibérie,
Loups humains jeûneront de sang
Texte publié dans l’Almanach du Père Peinard de 1897, paroles de Louise Michel, musique : air de Wach am Rhein