(De) ma Croix-Rousse alternative

Hier soir jeudi 7 janvier 2009, j’ai été invité par la mairie du premier arrondissement de Lyon, à l’instar de presque toutes les associations politiques et culturelles de notre village, à assister à la présentation des vœux de la mairesse, dans le cadre emblématique du musée des Beaux-Arts. Je m’y suis rendu, aussi par curiosité, et aussi par plaisir de voir des ami-e-s, assister à un « moment politique de la vie locale » et observer les « liens » qui se tissent entre les gens. Mais je m’y suis rendu aussi pour boire un coup, et puis je me suis dit : « Peut-être que je pourrais voler quelques photos pour ce fameux blog. »
Et voilà que de cette sortie « mondaine » il en sort une anecdote et une image « historique ».

En réalité, je me suis retrouvé dans une salle avec plus de 200 personnes, connues et moins connues… une soirée convenue et entre convaincu-e-s, mais en même temps une soirée importante pour ceux et celles qui veulent « agir » dans, ou avec, les institutions, mais aussi avec les groupes, associations et individu-e-s présents au quotidien dans le quartier. Certes mes ami-e-s anarchistes, autonomes, et autres antifascistes radicaux n’étaient pas dans cet « espace public démocratique »… et pourtant ils/elles sont très présents dans les luttes et la vie au jour le jour.
Bref, à un moment donné j’ai même pensé à quitter cette assemblée et rentrer tranquillement chez moi. Et puis, d’un autre côté, je me suis dit que j’avais quand même envie d’écouter les propos de la mairesse. Et c’est là que, tandis qu’elle rappelait les vertus de la culture – surtout en période de crise -, une personne s’avance vers l’estrade en me demandant pardon. Je m’écarte. Et là, je tombe nez à nez avec « l’ami » Colomb. Oui, le maire de notre bonne ville. En me passant devant, il me lance un tout petit regard et il a juste le temps de me dire: « Vous savez, j’ai lu votre article sur Proudhon l’autre jour… » Bon…
Il atteint l’estrade et, quelques minutes plus tard, il va faire aussi son discours. Une copine, malin, me fait remarquer que, en arrivant, il n’a pas fait la bise à Nathalie (notre mairesse). Bon…
Et que dit-il, entre autre chose, dans son discours ? Le maire parle d’humaniser la ville, de la rendre belle et attractive. Et puis, en tant qu’invité d’honneur du premier arrondissement, de la Croix-Rousse, il n’a pas pu s’empêcher de dire à peu près ceci : « Oui, il faut penser aussi au quotidien dans nos quartier. Ces derniers jours, a-t-il ajouté, je lisais un livre sur l’Esprit proudhonien à Lyon, et je me suis rendu compte qu’il est important que l’histoire des Canuts et leur sensibilité soit perceptible à tout en chacun, y compris les touristes qui viennent nous rendre visite… »
Étonnant ? Non, pas tant que ça. Colomb vient de la famille socialiste ; dans sa jeunesse, il a même lu des textes révolutionnaires et la revue Noir et rouge… c’est ce qu’il m’a rappelé lorsque tout le monde s’est précipité pour prendre un verre et goûter aux friandises qui nous étaient offertes. Alors, j’ai eu l’idée de prendre cette photo, ou plutôt j’ai demandé à l’amie avec qui j’avais parlé tantôt de la prendre. Vous avez ainsi sous vos yeux le libertaire qui navigue depuis quarante ans dans les milieux alternatifs, et le socialiste, sénateur de son état, et l’homme qui gouverne notre grande ville depuis une dizaine d’années…
Et la vie continue !

Gérard Collomb fait référence au livre Lyon et l’esprit proudhonien où, parmi d’autres contributions, il y avait l’article suivant :