Place de la Croix-Rousse.
Cet âne et cette vachette préparent la crèche pour le Rédempteur. Et les badauds, qui viennent faire des emplettes à mettre sous l’arbre-à-cadeaux, leur jettent un regard certes attendri, mais pas croyant…
Tout fout le camp !
Dimanche matin je me suis rendu, comme d’habitude, au marché.
Avec la tête accroché au ciel bleu et le pas nonchalant de la personne qui prend un peu de temps pour flâner et en même temps remplir son sac à dos avec des fruits et légumes pour la semaine.
Heureux? Oui… nous ne sommes pas à Athène où les flammes de la révolte ont répondu au feu des hommes armés pour faire respecter les lois… mourir à quinze ans…
Nous sommes dans ce charmant quartier des Canuts postmodernes qui se déplacent en voiture sur ce grand boulevard de la Croix-Rousse… l’un d’entre eux/elles n’a sûrement pas vu mon ami le pigeon qui avec la tête accroché au ciel bleu, le pas nonchalant…
Le choc fut violent. Je ne suis arrivé sur place qu’un peu plus tard… après que plusieurs dizaine de voitures soient passées sur son petit corps de volatile qui ne volera jamais plus…
Heureux? Non… et pourtant j’ai fini mon marché comme à l’accoutumée…
Les pigeons des pays riches sont plus riches que les pigeons des pays pauvres… (proverbe croix-roussien)
Aujourd’hui je n’ai pris que cette photo. Dans un premier temps j’ai pensé l’accompagner avec un texte qui aurait fait référence aux SDF qui sont morts ces jours-ci. Puis je me suis posé la question s’il était possible de faire un parallèle entre des hommes, des femmes et des pigeons… d’autant plus que j’avais pensé à la légende suivante : « Un nouveau SDF trouvé mort dans un vieux quartier de Lyon. » J’ai écarté cette possibilité.
Un petit aperçu des animaux qui fréquentent les rues et le ciel de la Croix-Rousse. Peut-être que leurs grand-parents avaient joué avec les canuts de l’époque. Enfin, c’est ce qu’on peut se dire en les voyant.
Ce matin en allant à « la » poste, puis à « ma » banque, j’ai rencontré mes frères pigeons et moineaux. De leurs dires, j’ai pu comprendre qu’ils avaient particulièrement froid. Je leur ai fait cadeau d’un regard qui a croisé celui de cette personne qui vient depuis des mois devant « sa » boulangerie. Elle m’a fait à son tour un petit cadeau : un sourire d’enfant émerveillé par le lien que l’on peut tisser entre tous ceux et celles dont le cœur fait clic clac, clic clac…
Nos amis les bêtes vivent à la Croix-Rousse comme des coqs en pâte. Et, quartier oblige, on vit très bien entre chats et chiens, mixité oblige !
La place des Terreaux était le repère des pigeons, il y a quelques décennies de cela. On photographiait les gones au milieu d’un vol de pigeons et tout le monde était content : parents, enfants et photographes. Puis on les a chassés, mais il en reste encore quelques uns qui font de la résistance.
