Le marché, c’est une petite poésie quotidienne que les couleurs des saisons nous peignent sur des étals qui se pointent comme par magie chaque matin… y compris lorsque les flocons sont de la partie. Et là çà toute une autre allure… ah ! le marché !
Il est vrai que, à chaque fois que je le rencontre, il a un sac diffèrent dans ces mains qu’il tient dans son dos pour se donner courage et nous dire qu’il est là, mais qu’il ne veut pas être dérangé… Je suis sûr qu’il aimerait être invisible. Je crois que nous le verrions quand même car, à l’instar d’autres Charlot, il est un peu dans chacun d’entre nous.
Ces quelques images de 2009, derniers vestiges d'un marché qui aujourd'hui n'existe plus. Le groupe Carrefauchan a racheté le boulevard de la croix-Rousse pour en faire le plus grand hyper-marché européen. Demain, j'embauche au rayon images et son.
Sans paroles.
Le marché, c’est la démarche qui me permet de frôler le monde : celui que j’ai dedans et celui que se montre dehors. Le dimanche souvent, les autres jours de temps en temps !
Sans parole.
C’est dimanche et c’est marché. Si Mimmo nous regarde, au fin fond de son Italie du sud, il aura sans doute une petite larme au coin des yeux à la vue des photos de son marché du dimanche.
Mon rédacteur en chef m’a demandé de lui donner quelques images de campagne.
Heureusement qu’il y a le marché. Aujourd’hui, dimanche 31 mai vers midi, il y avait des socialistes souriant-e-s. Le maire du quatrième était lui aussi de la mêlée.
Un ami du quartier, que je connais de longue date, m’a confessé que, bien qu’il soit respectueux des lois de la république, cette fois-ci il n’ira pas voter : «Je ne voulais pas de cette Europe élargie à la va- vite… nous aurions dû rester entre pays fondateurs…» «Oui, mais bon… oui une Europe sociale…», je lui ai glissé ce mot. Puis, après quelques autres observations convenues, nous nous sommes quittés. Voter ou ne pas voter ? Une parisienne de passage à la Croix-Rousse m’a demandé ce qu’elle devait faire. J’étais embêté… je n’aimerais pas que les sarkosistes ramassent trop de voix, et je ne vous dit pas ce que je pense de l’Italie !
J’ai terminé mon marché avec dans les yeux le sourire de cette militantes socialiste… sincère.
Le clonage pas très réussi… entre la Croix-Rousse et la Croix-rouge !
Des mauvaises langues, sur le marché, chuchotaient : « Nous voudrions voir l’original ! »
