Un œil sur le confinement – série 2
Ce matin, très tôt en allant chercher mon pain quotidien, j’ai rencontré un SDF qui prenait son petit déjeuner, apparemment abondant, dans une poubelle grise à ciel ouvert. Puis deux autres qui cherchaient avec attention, obstination et beaucoup d’anxiété des mégots de cigarette.
Puis, en longeant un parc près d’une école maternelle, fermée comme toutes les autres de la ville aux animaux sans ailes, plusieurs petits oiseaux me regardaient avec une certaine tristesse, avec quelque peu déplumés et, perplexes, m’ont adressé des messages dans leur parler chantant : « Mais pourquoi ne voit-on plus d’enfants avec leurs parents? N’as-tu pas des miettes de pain au chocolat, celui dont ils nous font cadeau le matin et l’après-midi? » En sifflant le mieux que j’ai pu, je leur ai répondu : « C’est la faute au coronavirus… en ajoutant, avec un trémolo dans la gorge, mes ami·es, demain matin, en allant chercher mon pain quotidien, je vais essayer d’apporter dans mes poches un peu de nourriture. » Quelques secondes après, je me suis demandé : « Mais faut-il que j’aille aussi acheter des cigarettes ? »