Encore un exploit de la colonie Cecilia! et une photo

Presque trente minutes d’enregistrement et un récit basé sur plusieurs de mes textes (erreurs de lectures à part), certains, qu’à sa demande, j’ai envoyés personnellement à Emilio Franzina quand une radio italienne l’a chargé d’enregistrer un récit sur la colonie Cecilia. En trente minutes, ou presque, pas une référence explicite à ces textes ni au nom de leur auteure… Le récit est « friendly », comme me l’annonçait le récitant dans un sympathique message d’approche, mais guère impartial envers Rossi et les anarchistes, ces « éternels rêveurs », dont il est finalement peu question d’un poing de vue politique. Sans rancune, voici le lien vers le podcast de l’émission: La Colonie Cecilia. Attention, si vous suivez ce lien, ne vous fiez pas à l’illustration qui n’a rien à voir avec la Cecilia. Mais on y voit bien Rossi, avant son départ pour le Brésil: il est debout à droite.
C’est la même illustration qu’on trouve en couverture de l’ouvrage « pionnier » de Rosellina Gosi, Il socialismo utopistico. Giovanni  Rossi et la colonia anarchica Cecilia (1977), lui aussi largement (et explicitement) cité par Franzina.
Voici la seule image de la Cecilia que j’ai trouvée au cours de mes recherches:

colonia_cecilia1

Elle figure,  avec la légende suivante « Groupe d’anarchistes italiens isolés dans la forêt (Colonia Cecilia S. Catarina) », dans L’altra Italia, storia fotografica della grande emigrazione italiana nelle Americhe (1880-1915) de Gianfranco Rosoli et Oreste Grossi (Rome, CSER, 1973), qui n’indiquent pas la provenance de la photographie (décidément!). Malgré l’erreur dans la légende, la Cecilia s’étant implantée dans l’État du Paraná et non dans celui de Santa Catarina, il n’y a pas de raison de douter de l’authenticité de la photographie: on y distingue un groupe d’une trentaine de personnes, plus ou moins le nombre de membres présents sur le site au moment où la communauté atteint son rythme de croisière, vers  1892, et un grand baraquement qui pourrait être celui que Rossi décrit  dans ses comptes rendus.
Moins convaincante une autre photographie, elle aussi sans indication de provenance (ter), qu’on peut voir ici, publiée par un quotidien de Curitiba, Gazeta do Povo, le 18 mars 2011: les vêtements pourraient remonter plutôt aux années 1920, voire 1930, qu’à la fin du XIXe et ne semblent en tout cas pas rapiécés ni en mauvais état comme les décrit Rossi. Ce qu’on voit en arrière-plan, ressemble plutôt à une maison qu’à un baraquement ou qu’à une des maisonnettes en bois que la communauté construit ensuite, toujours selon le récit de Rossi. Enfin, le groupe représenté évoque plutôt une famille qu’une communauté. Mais qui sait, le détenteur de la photographie pourrait bien un jour en citer l’origine.

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L’histoire de l’anarchisme italien est liée, par bien des aspects, à l’histoire de l’émigration italienne. Malatesta lui-même a passé une bonne partie de son existence hors d’Italie, en Amérique du Sud et à Londres (mais aussi en Égypte et ailleurs), avant son retour rocambolesque en Italie en 1919, et il était en contact avec des militants répartis aux quatre coins du monde. Le fil conducteur choisi pour ce blog offre donc un vaste champ d’investigation. Ce sera la seule contrainte que nous nous imposerons : nos « conversations » auront toutes pour point de départ les vicissitudes des anarchistes italiens dans le monde et aborderont, au fil de l’actualité, de l’humeur, peut-être aussi des réactions et des demandes des lecteurs, des sujets variés, que nous illustrerons si possible de photographies, documents d’archives, correspondances, textes traduits de l’italien…

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