Bakounine sur Radio Prague

En février dernier, j’ai été interviewé sur Radio Prague, dans le cadre de son émission en langue française, pour parler de la participation de Bakounine à l’insurrection de Prague de juin 1848. Je donne la retranscription de l’entretien, qu’on peut aussi trouver sur le site de la radio, avec la version audio. Je remercie Pierre Meignan, qui anime cette émission, pour la qualité de ses questions (pour les réponses, je vous laisse juges !) et l’intérêt qu’il porte à cet épisode.

Bakounine au Congrès slave de Prague en 1848

En juin 1848, dans le contexte bouillonnant des révolutions européennes, Prague accueille un Congrès slave, une des premières occasions où les nationalités slaves européennes se réunissent pour faire valoir leurs droits. Il y a un seul représentant russe à ce congrès, mais pas des moindres, puisqu’il s’agit de Mikhaïl Bakounine (1814-1876). Maître de conférences en philosophie, Jean-Christophe Angaut, spécialiste de la pensée et du parcours du célèbre révolutionnaire, évoque pour Radio Prague le séjour pragois de celui qui deviendra plus tard l’un des plus importants théoriciens de l’anarchisme. Lire la suite de cette entrée »

Parution: « Revolution and the Slav Question: 1848 and Mikhail Bakunin »

Vient de paraître chez Cambridge University Press le volume coordonné par Douglas Moggach et Gareth Stedman Jones et intitulé The 1848 Revolutions and European Political Thought. On peut consulter le site de l’éditeur pour une présentation détaillée. Le livre rassemble une vingtaine de contributions, dont la mienne, intitulée « Revolution and the Slav Question: 1848 and Mikhail Bakunin » (p. 405-428). Je profite de ce billet pour remercier chaleureusement Edward Castleton qui a pris la peine de traduire ma prose en bon anglais académique.

Ça, c’était la bonne nouvelle. La mauvaise, c’est que, bien entendu, ce livre coûte un bras (dans les 85 euros), bien que, comme toujours avec ce genre d’ouvrage, les auteur.e.s doivent considérer le fait d’être publié.e.s par un tel éditeur comme une rémunération en soi. La seule clientèle, en attendant une hypothétique version paperback, semble donc devoir être celle des bibliothèques publiques. Cela dit, pour celles et ceux qui souhaiteraient avoir communication du contenu, il reste toujours HAL-SHS et, outre qu’on peut parfois s’arranger, une partie de ce que je dis dans ce texte se retrouve dans mon intervention à l’EHESS, qui sera l’objet du prochain billet.

Bakounine et Engels à l’EHESS le 9 février 2018 (et en 1848)

Ceci est la première de quatre billets à propos de Bakounine et des révolutions de 1848. Avec un bon mois de retard, je procède à la désannonce (comme on dit à la radio pour donner le titre d’une chanson que l’on vient de diffuser) de mon intervention dans le cadre du séminaire « Révolutions du XIXe siècle et sciences sociales » organisé par Quentin Deluermoz et Caroline Fayolle. Je profite de ce billet pour les remercier de leur invitation et de leur accueil. On peut trouver le programme de leur séminaire en suivant ce lien. Le prochaine (et dernière) séance a lieu ce vendredi, avec Michèle Riot-Sarcey, Kristin Ross et Isabelle Garo.

Pour la séance à laquelle j’ai participé, le titre de mon intervention était « L’Appel aux Slaves de Bakounine et Engels : dimensions démocratique, sociale et nationale des révolutions de 1848 ». Dans la lignée d’une publication récente dont je ferai état dans un prochain billet, il s’agissait pour moi d’actualiser des travaux déjà vieux de dix ans sur Bakounine et les révolutions de 1848, et notamment de prendre en considération les débats dont les interventions de Bakounine et la polémique d’Engels contre l’Appel aux slaves ont fait l’objet à l’intérieur du marxisme. Je reviendrai plus en détail dans un prochain billet sur Roman Rosdolsky et son ouvrage sur le traitement par Engels des peuples sans histoire, notamment dans la Neue Rheinische Zeitung (Nouvelle Gazette Rhénane). Pour le fac-similé en ligne de ce journal édité par Marx et Engels, on peut se rendre à cette adresse, d’où j’ai extrait l’image qui illustre ce billet. Lire la suite de cette entrée »

Une rue Bakounine à Saint-Imier

rue-bakounineIl y a six ans de cela, je faisais état d’une rue Michel Bakounine à Morlaix, et d’un début d’enquête que j’avais conduite pour établir les circonstances de ce baptême. Aujourd’hui, (Marianne Enckell m’informe que) la Tribune de Genève nous apprend que la petite ville suisse de Saint-Imier vient à son tour de se doter d’une rue Bakounine. Évidemment, ce n’est pas un hasard, puisque Bakounine prononça dans cette ville en 1871 trois conférences qui furent ensuite éditées en volume et qui témoignent des relations d’amitié qu’il avait pu établir avec les ouvriers (notamment horlogers) de la région.

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Amour et mariage chez Bakounine

antoniaUne fois n’est pas coutume, je cède le clavier à un autre bakouninien, en l’occurrence Gaetano Manfredonia, pour la version longue d’une contribution qu’il vient de publier par ailleurs dans un volume d’hommages à Ronald Creagh. Deux raisons à cela: je n’aurais pas fait mieux sur la question, et Gaetano me l’a gentiment proposé. Merci donc à lui de venir enrichir ce blog, auquel je tâcherai un jour ou l’autre de revenir moi-même plus assidûment. Cela ne vous dispense évidemment pas d’aller jeter un œil au volume en question, et d’en faire l’acquisition si cela vous tente!  La présentation de l’ouvrage est ici, et on peut le commander directement sur le site de l’éditeur (qui est aussi l’hébergeur de ce blog) JCA

Amour et mariage chez Bakounine

Bakounine a toujours occupé une place bien particulière au sein du mouvement anarchiste. Sa célèbre phrase de 1842 sur le « désir de destruction » a été utilisée par ses ennemis déclarés et par certains de ses commentateurs peu scrupuleux pour accréditer la thèse d’un Bakounine « apôtre de la pan-destruction » bien plus attiré par l’action que par la réflexion. Rien de plus erroné pourtant, pour peu que l’on prenne la peine de se pencher avec un minimum de sérieux tant sur son parcours militant que sur ses écrits. Lire la suite de cette entrée »

Ma thèse et autres vieilleries

2005nan21031_1pdf-pagesresizedComme un lecteur de ce blog m’a récemment demandé comment on pouvait accéder à ce que j’avais publié sur Bakounine, et comme il s’agit d’une demande qui s’est plusieurs fois manifestée ces dernières années, je me livre (comme on dit) à une petite recension de ce qui est disponible de ma pomme sur Internet.

Ma thèse de doctorat en philosophie, préparée sous la direction de Michel Senellart et soutenue à l’Université Nancy 2 en décembre 2005, peut être lue ici pour le premier tome et ici pour le second. Attention: il s’agit de gros fichiers, en format pdf, numérisés sans outils de reconnaissance de texte, donc d’une exploitation qui n’est guère aisée…

Le premier livre que j’ai publié sur Bakounine, Bakounine jeune hégélien. La philosophie et son dehors, Lyon, ENS Éditions, 2007 contient la traduction depuis l’allemand des textes écrits par Bakounine lors de son passage par le mouvement jeune hégélien (1842-43). J’avais déjà signalé qu’il était possible de lire ce texte en ligne. On peut désormais aussi le consulter en dans les formats epub ou pdf en se connectant depuis l’une des bibliothèques qui ont souscrit à une offre du nom de Freemium, je vous laisse découvrir ça sur la page de l’éditeur.

Par ailleurs, sur le site d’archives ouvertes HAL-SHS, je dépose à peu près tout ce que j’ai le droit d’y mettre, c’est ici.

Mais il y a une solution encore plus simple pour accéder à bon nombre de textes que j’ai pu publier, et qui ne se trouveraient pas en ligne: c’est de me les demander!

Bakounine et Wagner

wagnerMichel Bakounine et Richard Wagner se sont connus à Dresde en 1849. On connaît les détails des relations entre les deux hommes à travers les mémoires du musicien (Mein Leben), dictés à sa femme Cosima à partir de 1865, et qu’il commença à faire circuler à quelques dizaines d’exemplaires à partir des années 1870 parmi ses amis intimes (Nietzsche participa d’ailleurs à l’impression des premiers tomes). Dans ce texte volumineux (1600 pages), pas moins d’une soixantaine ont à voir avec les événements de Dresde, et donc directement ou indirectement avec Bakounine, qui est l’une des figures dominantes de ce passage (son nom apparaît une trentaine de fois). En revanche, Wagner n’est jamais mentionné dans la Confession de Bakounine, qui relate pourtant sa participation à l’insurrection de Dresde. À qui s’étonnerait de retrouver aux côtés de Bakounine le compositeur allemand, qui n’est pas précisément connu comme un apôtre de la révolution sociale mais plutôt comme un chantre de la germanité (avec un antijudaïsme non dissimulé), on rappellera qu’il fut aussi, dans sa jeunesse, un sympathisant enthousiaste des idées libérales et constitutionnelles agitées lors de la révolution de 1848 en Allemagne et que, comme beaucoup d’autres personnes de sa génération, ne resta de son nationalisme démocratique de jeunesse que le nationalisme… Toutefois, pour en revenir à la rencontre avec Bakounine telle qu’elle est narrée dans Ma vie, on ne doit pas perdre de vue que ces mémoires sont sujets à caution, à plusieurs titres. Lire la suite de cette entrée »

Colifichets bakouniniens (8) : un autre tee-shirt est possible

p1130906resizedJe dois à mon grand pourvoyeur de colifichets bakouniniens, Misha Tsovma, d’être entré en possession de ce tee-shirt à l’occasion de mon anniversaire. Il est encore l’œuvre des copains italiens qui avaient produit le précédent tee-shirt dont j’avais déjà parlé sur ce blog. J’aime beaucoup la désignation old school anarchist, qui suggère qu’il y a une nouvelle école (qui d’ailleurs n’en est pas une), non pas post mais plutôt néo-anarchiste, comme dirait Tomás Ibañez.

Une question me taraude toutefois: ce bout de tissu imprimé est-il en mesure d’impressionner notre sémillant désormais ex-ministre de l’économie et de rabattre le mépris de classe exprimé par son fameux « vous n’allez pas me faire peur avec votre tee-shirt » lancé à deux grévistes de la CGT à Lunel en mai dernier?

Prisons bakouniniennes (1): la forteresse de Königstein

bakkonigsteinÀ l’occasion de vacances en Saxe, j’ai fait un crochet par la forteresse de Königstein, où Bakounine fut emprisonné après l’écrasement de l’insurrection de Dresde en mai 1849. C’est aujourd’hui l’un des sites les plus visités de la région, et lorsqu’on y monte, on comprend vite pourquoi. De là-haut, on dispose d’une vue à 360° sur toute la région: les méandres de l’Elbe, qui passe en contrebas, la Suisse saxonne, l’agglomération de Dresde, les premières montagnes tchèques et les monts métallifères.Pour s’y rendre, il suffit de remonter l’Elbe par le train depuis Dresde en direction de la république tchèque, le village de Königstein se trouve à une petite-demie-heure, et de là, une autre demie-heure permet d’escalader la petite montagne au sommet de laquelle se trouve la forteresse.

vuekonigsteinresized Lire la suite de cette entrée »

La rentrée en chanson : La tomba di Bakunin

Merci à René F. de m’avoir fait découvrir cette chanson sur la tombe de Bakounine, et par la même occasion le répertoire d’Alessio Lega (dont les italianisants pourront lire la biographie ici).

NB: étrangement, la fonction d’insertion de vidéo depuis youtube dans wordpress ne fonctionne pas, je me contente donc de coller le lien : https://www.youtube.com/watch?v=7_kCSw8v-lc

Comme tant de personnages intéressants, mais aussi comme l'anarchisme, dont il est considéré à raison comme l'un des fondateurs modernes, le révolutionnaire russe Michel Bakounine (1814-1876) a mauvaise réputation : apôtre de la violence, faible théoricien, radicalement extérieur au champ intellectuel européen, on ne compte plus les griefs qui lui sont adressés.
Toute une partie de ce blog consistera d'abord à corriger cette image, erronée non seulement parce qu'elle consiste à projeter sur la personne de Bakounine les fantasmes construits à propos de l'ensemble du mouvement anarchiste, mais aussi parce que Bakounine n'est pas seulement l'un des premiers théoriciens de l'anarchisme. En consacrant ce blog à Bakounine, nous entendons ainsi présenter toutes les facettes de sa pensée et de sa biographie, depuis les considérations familiales de ses premières années jusqu'aux développements théoriques anarchistes des dernières, en passant par son inscription momentanée dans la gauche hégélienne et par son panslavisme révolutionnaire. Nous nous permettrons également quelques excursus, dans la mesure où ils pourront contribuer à éclairer la biographie et la pensée de notre cher Michka ! Le tout sera fonction des envies, de l'actualité, des réactions de lecteurs, et contiendra autant que possible de la documentation sous forme d'images et de textes.
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