Bakounine et l’anniversaire de la Commune au Brésil
À l’occasion des 150 ans de la Commune de Paris, et des 207 ans de la naissance de Bakounine (mais aussi des 145 ans de sa mort), je suis invité, avec René Berthier et Raphael Cruz, à venir évoquer le lien entre ce personnage et cet événement. Tout cela est organisé depuis le Brésil, mais pour tout une série de raisons qui ne sont pas que sanitaires, aura lieu en ligne. Pour assister à la conférence, qui aura lieu à la fois en portugais (du Brésil) et en français, il faut s’inscrire à cette adresse. Je n’ai pas encore connaissance de la plateforme qui sera choisie pour cette conférence en ligne, mais je sais déjà que ce sera le samedi 29 mai 2021, à 14h heure locale – et donc 19h heure française. Alors, au lieu d’aller boire des coups sur de vagues terrasses qui auront déjà rouvert depuis plus de dix jours (so 19 mai !), pourquoi ne pas s’envoler virtuellement pour le Brésil?
J’en profite pour remercier les copains et copines brésiliennes de l’Université Populaire Michel Bakounine pour leur cordiale invitation, et pour les féliciter d’avoir pris cette initiative. Pour ma part, je parlerai très strictement des rapports directs qu’il est possible d’établir entre Bakounine et la Commune de Paris (on ne se refait pas), mais René Berthier évoquera plus largement le possible legs bakouninien au syndicalisme révolutionnaire (et en portugais, s’il vous plaît).
Guy Debord et Bakounine (2) : Debord et l’édition de Bakounine chez Champ Libre
J’entame le détail de cette série de billets consacrés au rapport de Debord à Bakounine. Pour ma part, j’ai longtemps cru que Debord était pour quelque chose dans la publication d’une partie des écrits et de la correspondance de Bakounine chez Champ Libre, mais c’est que je n’avais pas tout à fait les idées claires en termes de dates – ce qui est davantage le cas après la lecture des volumes de la Correspondance chez Fayard. En effet, ce n’est véritablement qu’à partir de l’automne 1974 que Debord se voit confiée par son propriétaire, le producteur de cinéma Gérard Lebovici, la politique éditoriale de Champ Libre, avec le licenciement de l’équipe réunie autour de Gérard Guégan. Auparavant, Champ Libre avait simplement publié des textes de Debord, et celui-ci s’était intéressé aux autres livres publiés par cet éditeur – éventuellement pour les critiquer vertement : ainsi du recueil de textes de Cœurderoy dont il jugea sévèrement la préface ajoutée par son ancien camarade Raoul Vaneigem. Il est possible que Debord ait joué un rôle dans le choix de tel ou tel texte à traduire – on pense par exemple à La révolution de Landauer ou aux Prolégomènes à l’historiosophie du philosophe polonais August von Cieszkowski (qu’il pensera rééditer en 1980 avec une nouvelle préface insistant sur le rôle historique joué, selon lui, par cette première confrontation avec la pensée hégélienne).
Toujours est-il que parmi les livres publiés par Champ Libre qui ont d’emblée intéressé Debord, il y a les premiers volumes des Œuvres complètes de Bakounine. Lire la suite de cette entrée »
Guy Debord et Bakounine (1) : état des lieux du problème
Je commence une série de billets consacrés aux rapports entre Debord et Bakounine. J’ai été amené à revenir à cette question en préparant récemment un article sur les rapports de Guy Debord à l’anarchisme (à paraître dans un prochain dossier coordonné par Bertrand Cochard sur «Debord et la politique» dans la Revue Française d’Histoire des Idées Politiques). J’avais déjà un peu écrit à ce propos, mais sous un angle différent, lorsque j’avais eu, il y a une dizaine d’années, à aborder le rapport que les situationnistes entretenaient avec le marxisme et l’anarchisme, vus comme les deux courants principaux du mouvement ouvrier révolutionnaire (contribution au livre Libertarian Socialism. Politics in Black and Red, Palgrave Macmillan, 2012 et PM Press, 2017, dont il existe une pré-version en français ici).
Mais par rapport à cet angle d’attaque, le dossier Debord/Bakounine semble plus mince, non seulement parce qu’on ne considère plus qu’un membre du groupe situationniste, mais aussi parce qu’on ne considère plus que la seule figure de Bakounine. Il gagne toutefois en épaisseur en incluant les considérations sur Bakounine, les allusions à Bakounine qu’on trouve sous la plume de Debord au-delà du sabordage de l’Internationale Situationniste en 1972 – et cela non seulement dans ses textes publiés, mais aussi dans sa correspondance, désormais en grande partie éditée. Il me semble que ce dossier peut être divisé en trois volets principaux, qui feront l’objet des trois prochains billets, et qui renvoient à autant de difficultés. Lire la suite de cette entrée »
Bakounine et la Commune de Paris
Après avoir lâché ce blog pendant plus d’un an, et à l’occasion des 150 ans du déclenchement de l’insurrection de la Commune de Paris, je donne ici le texte de ma contribution au monumental ouvrage (plus de 1500 pages) coordonné par Michel Cordillot, La Commune de Paris 1871. Les acteurs, l’événement, les lieux, publié à aux éditions de L’Atelier en janvier dernier, et qui, vite épuisé, est en cours de réimpression. Mon propre texte, petite goutte d’eau dans cet océan d’informations petites et grandes, se trouve dans une section spécifique qui porte sur les controverses qui ont entouré l’événement et sa réception. Mais l’ouvrage, qui se présente comme un dictionnaire, vaut surtout pour le parcours qu’il propose dans les biographies des acteurs de la Commune, et dans les lieux de l’insurrection: ouvrez-le au hasard, et laissez-vous porter par le système des renvois, de personnages et de rues disparues en événements marquants.
Pour ma part, j’aurai peut-être l’occasion, dans de prochains billets, de revenir d’une manière moins ramassée que dans cette brève notice sur le rapport de Bakounine à la Commune de Paris. Les lecteurs de ce blog savent déjà en partie que pour Bakounine, ce rapport doit se comprendre bien en amont (notamment avec sa participation à l’insurrection lyonnaise de septembre 1870, parfois qualifiée de Commune de Lyon), et se poursuit en aval de l’événement (en particulier avec la défense de la Commune contre Mazzini). Bref, ce n’est qu’un début! Lire la suite de cette entrée »
Zoé Obolenskaïa, « la princesse de Bakounine »
En décembre dernier, le père Noël (encore un barbu) a glissé sous le sapin le livre de Lorenza Foschini, La Princesse de Bakounine (originellement intitulé en italien Zoé, la principessa che incantó Bakunin, soit Zoé, la princesse qui enchanta Bakounine), publié aux éditions Quai Voltaire en 2017 dans une traduction de Karine Degliame-O’Keeffe (l’original avait paru en 2016). Il s’agit d’un ouvrage consacré à la princesse Zoé (Zoïa en russe) Obolenskaïa, et pour une grande part à ses relations avec Michel Bakounine – je remarque en passant que l’autrice fait tout le contraire de moi : j’avais coutume d’appeler Obolenskaïa Zoïa, et Bakounine Michel, elle en revanche opte respectivement pour Zoé et Mikhaïl, ce qui est tout aussi peu cohérent. Ici, je ferai donc le choix de la version francisée, essentiellement pour cette raison que ces deux aristocrates russes, nourris à la culture française, s’appelaient eux-mêmes de cette manière (et accessoirement parce qu’il s’agit d’une tradition de traduire en français les prénoms russes: Alexis pour Alexei, Paul pour Pavel, Barbara pour Varvara, etc.).
Dans ce billet, je rappellerai d’abord qui est Zoé Obolenskaïa (dont il semble qu’elle inspira à Tolstoï le personnage d’Anna Karénine et à Henry James celui de la princesse Casamassima) et ce que furent ses rapports avec Bakounine (et au passage ce que j’en ai appris à la lecture du livre), avant de m’intéresser plus particulièrement aux passages qui sont consacrés au révolutionnaire russe. Je précise toutefois pour commencer que je ne connais par l’autrice de ce livre, dont je sais simplement qu’elle a travaillé, en tant que journaliste, pour la radio et la télévision publiques italiennes et qu’elle a publié, depuis la fin des années 1990, un certain nombre de travaux consacrés à Proust. Lire la suite de cette entrée »
Dieu et l’État en roumain: réédition
Une nouvelle susceptible d’intéresser les éventuels lecteurs roumanophones de ce blog et qui m’a été transmise par les amis du CIRA de Lausanne : une nouvelle édition de Dieu et l’État en langue roumaine a paru en novembre dernier, sous le titre Dumnezeu și Statul. Il s’agit de la reprise de l’édition publiée en 1918 par Panait Musoiu. Comme l’ont signalé les amis roumains à l’origine de cette réédition, la version de Panait Musoiu a quelque chose d’unique. Celui-ci, avec l’intention d’en faire le texte qui résumerait l’intégralité des conceptions philosophiques de Michel Bakounine, avait ajouté à la sélection opérée par Élisée Reclus et Carlo Cafiero une douzaine d’autres fragments, tirés des Considérations philosophiques sur le fantôme divin, le monde réel et l’homme. Lire la suite de cette entrée »
Retour sur une émission
L’émission des Chemins de la philosophie consacrée à Bakounine hier, et dans laquelle j’étais invité, peut être réécoutée en suivant ce lien. J’en profite pour remercier toute l’équipe de l’émission, et particulièrement Géraldine Mosna-Savoye (qui œuvrait au micro) et Anaïs Ysebaert (qui a aidé à sa préparation en amont), car le travail qu’elles ont accompli de fréquentation de la pensée de Bakounine n’est finalement pas si fréquent. Bien entendu, en 50 minutes, on ne peut pas tout dire, et je profite de ce billet pour fournir quelques compléments aux personnes que ça intéresserait. Et comme j’ai l’esprit de l’escalier, même sur des sujets que je connais bien, j’ai tendance à ne penser qu’après-coup à ce que j’aurais pu ou dû dire au micro… Ce billet est donc aussi l’occasion de quelques éléments d’auto-critique! Lire la suite de cette entrée »
Bakounine sur France Culture
Ce jeudi 7 novembre, à 10h, je suis invité sur France Culture, dans le cadre de l’émission « Les nouveaux chemins de la philosophie « à venir parler de Bakounine, dans le cadre d’une série de quatre émissions consacrées à la philosophie russe – les trois précédentes ont porté sur Lénine, sur Chestov et sur Tolstoï. L’émission sera présentée par Géraldine Mosna-Savoye. Pour avoir un aperçu de la série en question, et aussi réécouter les précédentes émissions, on peut se reporter au site de la radio, sur lequel ne figure cependant pas à ce jour la mention de celle qui sera consacrée à Bakounine.
À moins donc qu’on ne m’ait préparé une farce, ce sera l’occasion pour moi d’aborder, à travers la figure de Bakounine, la question de la pénétration de la philosophie allemande en Russie au début du XIXe siècle, l’inscription compliquée de Bakounine dans le champ de la philosophie, son rapport à des auteurs comme Hegel, Comte ou Marx, et bien entendu que sa philosophie de la liberté.
Et si, pour une raison absolument inexplicable, vous ne pouviez pas écouter l’émission en direct, il vous est possible de l’écouter après coup en podcast.
À vos postes à galène (dont on sait qu’ils sont aussi des récepteurs à cristal) et autres transistors !
Réédition des Principes et organisation de la Société révolutionnaire internationale
Je l’ai appris incidemment par la personne qui s’occupe de la veille éditoriale au sein de mon laboratoire de recherche : les Éditions l’Escalier ont réédité au printemps dernier l’édition que j’avais concoctée voici 6 ans pour les éditions du Chat Ivre du Catéchisme révolutionnaire et du texte d’organisation de la société secrète dont ledit Catéchisme énonçait les principes, édition dont la parution avait été annoncée, puis évoquée un peu plus longuement sur ce blog. À vrai dire, ce changement d’éditeur n’en est qu’en partie un puisque ce sont ces mêmes Éditions l’Escalier qui avaient pris la suite de celles du Chat Ivre après leur disparition au printemps 2014. Lire la suite de cette entrée »
Dix ans déjà !
Je viens seulement de m’en rendre compte, mais il semblerait qu’en juin dernier, ce blog ait fêté – ou plutôt oublié de fêter – ses dix ans. Tout avait commencé avec la publication au printemps 2009 par l’Atelier de création libertaire de La liberté des peuples. Bakounine et les révolutions de 1848. Alors pour l’occasion, un peu de statistiques, et aussi de la musique… Lire la suite de cette entrée »