Dieu et l’État en roumain: réédition
Une nouvelle susceptible d’intéresser les éventuels lecteurs roumanophones de ce blog et qui m’a été transmise par les amis du CIRA de Lausanne : une nouvelle édition de Dieu et l’État en langue roumaine a paru en novembre dernier, sous le titre Dumnezeu și Statul. Il s’agit de la reprise de l’édition publiée en 1918 par Panait Musoiu. Comme l’ont signalé les amis roumains à l’origine de cette réédition, la version de Panait Musoiu a quelque chose d’unique. Celui-ci, avec l’intention d’en faire le texte qui résumerait l’intégralité des conceptions philosophiques de Michel Bakounine, avait ajouté à la sélection opérée par Élisée Reclus et Carlo Cafiero une douzaine d’autres fragments, tirés des Considérations philosophiques sur le fantôme divin, le monde réel et l’homme. Cette décision n’a rien d’absurde, si l’on se rappelle que ce qui constitue à ce jour l’unique best-seller de Bakounine fut publié après sa mort par ses amis et légataires testamentaires Reclus et Cafiero sur la base des manuscrits laissés par le révolutionnaire russe, manuscrits recousus entre eux, et parfois légèrement arrangés du point de vue du style. De sorte que Dieu et l’État, livre le plus connu de Bakounine, n’est pas un livre de Bakounine, et ne correspond pas à un projet qu’il aurait eu de présentation de ses idées sociales, politiques et philosophiques. Tous les textes qui composent Dieu et l’État sont toutefois extraits d’un même et vaste ensemble de manuscrits qui entourent la rédaction de L’Empire knouto-germanique et la révolution sociale (1870-71) – l’une des tentatives de présentation par Bakounine de l’ensemble de ses conceptions, comme toujours développée à partir d’un écrit de circonstance et comme les autres (Fédéralisme, socialisme et antithéologisme, La théologie politique de Mazzini) vouée à se perdre dans les sables.
Si l’on tient compte, en plus de ces ajouts, de la préface de Reclus, de la brève biographie de Bakounine par Guillaume (qui ne figurait pas dans l’édition de 1918), d’un tableau chronologique, de notes et de deux études inédites (l’une sur Bakounine, l’autre sur Musolu), on comprend pourquoi ce volume fasse près de 400 pages, soit plus du double de la version originale en français. On trouvera une brève description en roumain du contenu de ce livre à cette adresse.
Lectură fericită!