Actualité de Bakounine. 1814-2014
Vient de paraître, aux Éditions du Monde Libertaire, un volume coordonné par Philippe Pelletier, sous le titre Actualité de Bakounine. 1814-2014. J’y ai contribué à travers un article intitulé « Bakounine contre Dieu. Enjeux contemporains de l’antithéologisme ». On trouve également dans l’ouvrage des contributions de Franck Mintz (« Bakounine et notre militantisme »), de René Berthier (« Théorie politique et méthode d’analyse dans la pensée de Bakounine »), de Maurizio Antonioli (« Bakounine syndicaliste ? Une ‘vieille » polémique toujours actuelle »), de Gaetano Manfredonia (« Bakounine en Italie (1864-67) : révolution sociale ou révolution nationale ? »), de Philippe Pelletier (« Bakounine géopolitique, esquisse ») et de Philippe Corcuff (« Sentiers hérétiques pour une philosophie politique de la liberté et de l’égalité : en partant de Bakounine »). On peut trouver ici une présentation du livre par l’éditeur. L’ouvrage coûte 10 euros (ou 9,50 si l’on se fournit auprès d’une célèbre multinationale qui paye ses maigres impôts au Luxembourg, exploite ses employé.e.s et est passée maître dans l’art de tracer ses client.e.s sur Internet).
Dans un prochain billet, je donnerai le texte de ma contribution (tel du moins que je l’avais envoyé aux éditeurs). On peut trouver des extraits de celle de Philippe Corcuff sur son blog (ainsi que quelques extraits de l’introduction).
À vrai dire, mes impressions sur ce volume sont un peu mitigées. Pour ce qui est de ma propre contribution, je laisse chacun juge. Celle que j’ai préférée dans le volume est celle de Gaetano Manfredonia, mais elle porte plus sur l’histoire que sur l’actualité – cependant, le fait, aujourd’hui, de reprendre les discussions sur l’alternative entre question nationale et question sociale n’est sans doute pas dénué de toute actualité. Le seul regret que j’ai, c’est l’absence de prise en considération de l’ouvrage de référence de David Ravindranathan, Bakunin and the Italians, publié à Montréal en 1989.
Une partie de ma relative déception sur cet ouvrage tient au faible travail éditorial dont il a fait l’objet. Cela se manifeste d’abord par de nombreuses coquilles (y compris sur le nom des contributeurs…) – parfois d’ailleurs ajoutées par l’éditeur au texte qu’il avait reçu (c’est le cas, dans mon article, de la note 1 de la p. 126, où un « 20% » est devenu « vongy pourcent » – fruit d’un décalage des deux voyelles vers la droite sur un clavier azerty…).
Plus gênant encore, l’ensemble du volume ne semble pas avoir fait l’objet d’une relecture attentive sur le fond, de sorte qu’on y trouve quelques grosses erreurs factuelles qui auraient aisément pu être corrigées. Dès la première page, on apprend ainsi que Bakounine est resté dans les prisons du tsar de 1850 à 1857 (en fait: de 1851 à 1857 – mais depuis 1849, il avait successivement été incarcéré dans diverses forteresses saxonnes et autrichiennes) ; qu’il a adhéré à l’Internationale en 1864 (en fait: en 1868, c’est-à-dire quatre années après sa fondation) ; qu’il a participé à la tentative communaliste de Lyon en 1871 (en fait: en septembre 1870) ; et cinq pages plus loin, Fédéralisme, socialisme et antithéologisme est daté de 1871, alors que ce manuscrit (inachevé, bien entendu) a été rédigé au cours de l’hiver 1867-68. Cela fait beaucoup, et c’est un peu dommage, aussi bien pour l’information des lecteurs que pour le défaut de rigueur que cela semble manifester.
Une dernière remarque: la lecture de l’article de Maurizio Antonioli publié dans le recueil, traduit et richement annoté par René Berthier, peut être complétée par la lecture de l’ouvrage que le même auteur consacra, en 1976, à Bakounine et que viennent de rééditer les éditions Noir et Rouge sous le titre Bakounine entre anarchisme et syndicalisme révolutionnaire (voir présentation sur le site de l’éditeur).