Bakounine, Satan et la religion: conférence-débat samedi 4 décembre à La Gryffe
Demain samedi 4 décembre, je serai à Lyon, à la librairie La Gryffe, pour une conférence-débat sur « Bakounine, Satan et la religion ». Cette conférence s’inscrit dans une série de débats organisés par la librairie sur le thème des religions. Le samedi suivant, c’est Yves Coleman qui viendra s’exprimer sur le thème « Extrême-droite, droite et gauche ‘laïque’ unies face aux religions? »
La librairie La Gryffe se trouve 5 rue Sébastien Gryffe, 69007, Métro Saxe-Gambetta. Voici le descriptif que j’ai envoyé aux organisateurs:
« On trouve sous la plume de Bakounine un certain nombre d’éloges de la figure biblique de Satan, ainsi qu’une réappropriation de ce personnage dans les échanges avec ses camarades anti-autoritaires de l’Internationale.
Au-delà d’un jeu que les tenants de la théologie ne manqueront pas de considérer comme blasphémateur, au-delà même d’une référence explicite à Proudhon, qui l’avait précédé dans cette voie, il est possible de rendre raison de ces usages à partir de l’antithéologisme philosophique de Bakounine.
Mais cette enquête permet aussi de rendre compte du rapport, plus complexe qu’il n’y paraît, de Bakounine à la religion en général et en particulier de mentions positives de cette dernière sous sa plume (notamment l’idée d’une religion de la liberté).
Peut-être une discussion autour de ces thèmes peut-elle permettre d’éclairer certaines interrogations actuelles autour du religieux. »
En fait, l’invitation à venir parler à La Gryffe est venue en partie du billet de ce blog que j’avais consacré aux mentions positives qu’on trouve de Satan dans plusieurs textes de Bakounine et qui ne peuvent manquer d’intriguer, et il m’a semblé intéressant d’interroger, à partir de là, la place qui revient à la religion chez le révolutionnaire russe et d’inscrire ses mentions de Satan dans un antithéologisme qui s’attaque avant tout au schème théologique de l’autorité politique. Le fait de s’attaquer avant tout à la figure de Dieu (et de glorifier par contraste son vieil ennemi) conduit aussi à laisser le champ libre pour une religion non-théologique, celle de la liberté, qui pourrait bien consister, comme l’exprime Bakounine dans de nombreux textes où il décrit les qualités qu’il recherche chez les révolutionnaires de son temps, à avoir « le diable au corps ».
Bref, au risque de décevoir celles et ceux qui espéraient une soirée sataniste à La Gryffe, nous n’allons pas célébrer le culte de Satan, ni nous tatouer des crucifix sous les pieds pour pouvoir constamment les piétiner, mais bel et bien parler de la manière dont les théologies diabolisent nécessairement la quête des humains pour leur propre émancipation.
Rendez-vous donc à 15h30, et comme dit l’affiche, venez nombreux!