Catéchisme révolutionnaire
Les éditions de L’Herne viennent de publier, dans leur collection « Carnets » le Catéchisme révolutionnaire de Bakounine. C’est l’occasion de revenir sur ce texte, sur son contenu, sur les confusions qui l’entourent et sur les circonstances qui ont entouré sa rédaction.
L’édition du texte est accompagnée d’une brève présentation par Alexandre Lacroix, écrivain, rédacteur en chef de Philosophie magazine et directeur de la série « Carnets anticapitalistes » dans laquelle est publié le texte. Le susnommé indique que le texte est daté de 1865 et il mentionne en note qu’il « s’agit d’un texte rare, qui n’a à l’heure actuelle fait l’objet d’aucune édition autonome », avant de préciser toutefois que le « texte rare » en question a été recopié par Max Nettlau dans son monumental Michael Bakunin – Eine Biographie (Londres, 3 volumes, 1896-1900), publié ensuite dans les Cahiers socialistes libertaires (n°6-9, mars-juin 1956) et enfin présenté dans l’anthologie de Daniel Guérin Ni Dieu ni maître éditée chez Maspéro en 1970.
Mais précisément, si l’on peut se réjouir de voir paraître sur papier un nouveau texte de Bakounine, on ne peut manquer de se demander ce qu’apporte au juste cette nouvelle édition. Ce que ne dit pas Alexandre Lacroix dans sa présentation d’un texte qu’il tente de faire passer pour un quasi-inédit, c’est que la présente édition se contente de reprendre en l’état celle de Daniel Guérin, en ôtant simplement les intertitres que ce dernier avait ajoutés et sans adjoindre au texte le moindre appareil critique. Or depuis les années 1960, l’œuvre de Bakounine a bénéficié des travaux d’Arthur Lehning et de son équipe à l’Institut International d’Histoire Sociale (IISG, selon l’acronyme néerlandais), ce qui a permis notamment d’établir et de dater les textes avec davantage de précision et a débouché sur l’édition d’un CD-ROM qui constitue désormais le matériau de base pour toute édition sérieuse de textes de Bakounine.
Pour qui connaît ces travaux, l’édition du Catéchisme révolutionnaire proposée par les éditions de L’Herne est marquée par le dilettantisme éditorial le plus désagréable.
Cette édition recopie ainsi les plus menues erreurs sans plus ample vérification: le texte est daté de 1865, alors que les travaux de l’IISG ont montré qu’il s’agissait d’un texte rédigé en mars 1866 par Bakounine alors qu’il se trouvait en Italie et qu’il tentait de monter une nouvelle société secrète internationale révolutionnaire. On peut d’ailleurs signaler qu’il s’agit plus exactement de la première partie d’un texte beaucoup plus long qui porte pour titre général Principes et organisation de la société internationale révolutionnaire. La seconde partie, dont j’aurai l’occasion de reparler sur ce blog un jour ou l’autre, décrit longuement l’organigramme de cette société secrète.
Dans sa présentation, A. Lacroix va jusqu’à reprendre à Guérin les deux temps de son argumentation touchant à l’un des griefs qu’il serait possible d’adresser au Catéchisme: celui-ci semble en effet d’un côté en appeler à une destruction de l’État, tout en proposant, de l’autre, une description de ce qu’il devrait être suivant le programme politique défendu par Bakounine. A cela, Guérin répond (et A. Lacroix avec lui en mode karaoké) qu’il y a en fait État et État, et que l’État que semble prôner Bakounine est en fait un organe fédératif sans pouvoir de contrainte sur ce qu’il fédère.
Par ailleurs, dans l’édition du texte (si l’on peut encore parler d’édition puisque ce qui suit prouve au contraire l’absence de tout travail d’édition) les erreurs de transcription dues à la main de Max Nettlau, ou à celle de Daniel Guérin sont recopiées directement. Nettlau a en effet recopié un manuscrit qui était de la main d’une amie de Bakounine, Zoïa Sergueïevna Obolenskaïa (à qui Mikhail Alexandrovitch avait sans doute dicté son Catéchisme). Là où Bakounine parlait, selon le manuscrit conservé à l’IISG, de « distraction de la liberté individuelle ou publique », Guérin a cru devoir lire « destruction », et les éditions de L’Herne ont recopié cette erreur (p. 16) sans en signaler la source. De même, les menues coupes effectuées dans le manuscrit (ainsi p. 26) sont exactement celles que l’on trouve dans la copie de Nettlau (qui par ailleurs a gommé la numérotation des paragraphes et les titres qu’ils comportaient) reprise par Guérin. Bien entendu, rien de tout cela n’est signalé, ce qui permet de faire passer pour rare un texte dont on peut trouver rigoureusement la même édition sur Internet en deux clics – et même en un clic, si vous suivez ce lien vers l’excellent site bibliolib (qui, lui, a le mérite de dire ce qu’il doit à ses sources). J’espère que l’indication de cette version électronique ne conduira pas les éditions de L’Herne dans une procédure juridique pour plagiat par anticipation (comme on dit au Collège de ‘pataphysique) contre le site en question. La chose serait du plus haut comique de la part de gens qui n’entreprennent, en guise d’éditions de textes révolutionnaires, que de débiter en tranches ce que d’autres ont déjà proposé au public dans de plus forts volumes.
En résumé, est-il bien utile de dépenser 9,50€ pour 50 petites pages de texte que l’on peut avoir gratuitement sur Internet? A moins que ce prix ne soit justifié par la seule présentation d’Alexandre Lacroix?
Pour achever la liquidation du petit commerce des livres révolutionnaires, je me propose pour finir de fournir (gratuitement) quelques indications sur ce Catéchisme révolutionnaire.
Bakounine avait déjà rédigé, à l’automne 1864, un texte intitulé Catéchisme révolutionnaire, qui servait déjà de « programme provisoirement arrêté par les frères fondateurs » pour une « société internationale secrète de la révolution » à laquelle il voulait rallier celui à qui il le fit parvenir, un démocrate suédois du nom d’August Sohlman. Cette première version est beaucoup plus brève et développe beaucoup moins les principes politiques et sociaux qui seront contenus dans le Catéchisme de 1866. On la trouve bien entendu sur le CD-ROM édité par l’IISG.
On pourrait par ailleurs s’étonner du titre choisi par Bakounine pour présenter ses programmes révolutionnaires: depuis quand un socialiste libertaire s’exprime-t-il par catéchismes? N’est-ce pas signifier un rapport religieux à des convictions politiques? Est-ce que cela ne sous-tend pas une forme de dogmatisme politique? Une réponse possible serait de souligner qu’un tel titre n’a rien de rare à l’époque: Auguste Comte, fondateur du positivisme, est par exemple l’auteur d’un Catéchisme positiviste. Mais une telle réponse n’est pas entièrement convaincante: Comte constitue pour Bakounine tout à la fois une référence et un adversaire, et il a expressément affirmé vouloir élever sa propre doctrine au rang d’une religion. En revanche, on trouve dans les années 1840 quantité de catéchismes au contenu à la fois social et politique chez certains penseurs socialistes ou communistes. Ainsi Moses Hess publie-t-il en 1845 un Catéchisme communiste par questions et réponses, dont le titre allemand fournit peut-être une meilleure indication de ce que ce genre de texte peut poursuivre comme objectif: il s’agit en fait d’une Bekenntnis, c’est-à-dire d’une profession de foi, d’un credo, d’un recueil de convictions.
Cela peut contribuer à éclairer le statut de ce texte de Bakounine: il s’agit pour ce dernier de recueillir dans un même texte toutes les convictions qui sont celles du révolutionnaire. De sorte que le texte se présente comme une succession de principes, de plus en plus développés – ceux-là même que Bakounine résumera deux ans plus tard dans la formule qui donnera son titre à l’écrit inachevé Socialisme, fédéralisme et antithéologisme. Il n’est pas anodin, à cet égard, que Bakounine se demande, dans son Catéchisme de 1866, quelles sont désormais les questions qui sont susceptibles de soulever les masses et de les entraîner dans une révolution. C’est cette question qui détermine chez lui la prise en compte de la question sociale: les questions nationale et politique ayant, selon lui, épuisé leur potentiel révolutionnaire, c’est du côté de la question sociale qu’il faut se tourner si l’on cherche de quelle révolution nos sociétés sont porteuses.
Le Catéchisme révolutionnaire, c’est donc le programme politique auquel doivent adhérer ceux qui veulent devenir membres d’une société secrète internationale qui se propose d’œuvrer pour la révolution sur le continent européen. Cela signifie par la même occasion que pour Bakounine c’est l’accord sur les principes qui est déterminant dans toute entreprise politique collective.
Cette dernière précision permet de mesurer l’écart qui sépare le Catéchisme révolutionnaire de Bakounine d’un autre texte qu’on lui attribue parfois, le Catéchisme du révolutionnaire, qui est sans doute l’oeuvre de Serguei Netchaïev (voir notamment un précédent billet sur ce blog consacré aux mentions de Bakounine dans l’Histoire du terrorisme dirigée par Blin et Challiand, et un autre qui repère cette confusion dans un article du Plan B), la difficulté étant que le texte de Bakounine est parfois cité avec le titre de celui de Netchaïev et vice versa. Or dans ces deux textes, il est question de deux choses bien différentes. Le Catéchisme révolutionnaire de Bakounine contient, on l’a vu, le programme politique d’une organisation, et c’est l’adhésion à ce programme qui détermine l’adhésion à l’organisation. En revanche, le Catéchisme du révolutionnaire (dont on trouve une traduction, toujours sur bibliolib) brosse le portrait du révolutionnaire, il insiste exclusivement sur l’ethos du révolutionnaire, indépendamment du programme politique qui est le sien, et il explique que le trait éthique dominant du révolutionnaire est de se faire, d’une manière inflexible, l’instrument de la cause qu’il défend, aussi bien dans sa personne que dans les relations qu’il entretient avec autrui.
Quant au contenu, le Catéchisme révolutionnaire de 1866 est un document précieux sur les positions politiques de Bakounine, mais on aurait tort de considérer qu’il s’agit là de leur formulation définitive. Ce texte appartient en effet à ce qu’on peut considérer comme l’avant-dernière période de la pensée politique du révolutionnaire russe. Après 1868 et son entrée dans l’AIT, s’ouvrira une dernière période, marquée par la prise en compte effective du mouvement ouvrier en cours de constitution. Avant cette date, Bakounine est encore dubitatif sur les capacités politiques des classes ouvrières, et c’est en partie ce qui motive la mise sur pieds de sociétés secrètes, constituées expressément de personnes qui sont des traîtres à leur propre classe (la noblesse et la bourgeoisie). Par ailleurs, sa compréhension de la question sociale demeure encore limitée et il semble davantage intéressé par les questions morales, religieuses et politiques. Enfin, son fédéralisme est alors moins un fédéralisme socio-économique (ce qu’il sera après 1868) qu’un fédéralisme politique: il est moins question de fédérer des associations de producteurs que de fédérer des entités territoriales préexistantes. Ce qui manque peut-être encore à Bakounine à l’époque (mais un tel langage est marqué d’illusion rétrospective) c’est l’idée d’une résorption des nationalités dans la solidarité produite par le travail.
Catéchisme
Dictionnaire Littré :
« Explication, par demandes et par réponses, de la croyance et des usages de la religion chrétienne. Faire le catéchisme. Aller au catéchisme. Le livre qui contient cette explication. Enseigner, réciter le catéchisme. Savoir, dire son catéchisme. Il a déchiré son catéchisme. »
« Par extension, exposition abrégée par demandes et réponses, ou autrement, de quelque science. Catéchisme d’économie politique. »
Etymologie : du grec katêkhismos, de katêhhein (faire retenir, instruire de vive voix)
Parmi les catéchismes que Jean-Christophe n’a pas mentionnés, il y a… le Manifeste communiste. Le IIe Congrès de la Ligue des communistes (29 novembre-8 décembre 1847) avait confié à Marx-Engels la rédaction d’un programme politique. La première mouture de ce texte fut rédigée par Engels. Il en a finalement abandonné la rédaction pour la confier à son pote Marx, qui n’approuvait pas la forme de questions-réponses.
Mais cela cassait un peu les pieds de Marx, qui avait autre chose sur le feu et il a failli se faire engueuler par ses petits camarades du parti parce que ça traînait trop en longueur.
Le texte d’Engels, à mon avis plus « pédagogique » (c’est le but recherché dans un « catéchisme ») s’intitule les Principes du communisme et se présente, comme tout catéchisme digne de ce nom, sous la forme de questions-réponses.
Voici ce que dit Otto Rühle dans sa biographie de Karl Marx :
« Aussitôt revenu de Londres, Engels rédigea un projet de vingt-cinq points traité sous forme de catéchisme. Marx attendit un peu plus longtemps et proposa une autre présentation. Imitant en partie les programmes en usage dans tous les groupes politiques de cette époque, mais renouvelant l’originalité du genre et s’inspirant de la plus parfaite indépendance de pensée, il créa dans l’élan génial de sa grandiose conception un manifeste qui pouvait se réclamer en même temps de l’exposé historique, de l’analyse critique, du programme et de la prophétie… »
On s’intéresse beaucoup à Bakounine depuis quelque temps, dans les maisons d’édition. Probablement que ça rapporte. Le problème – je partage totalement le point de vue de JC Angaut – c’est que les gens qui le publient n’y connaissent en général rien et ne font sans doute pas ça par sympathie pour le mouvement libertaire.
Il y a très longtemps – trente ans au moins – j’analysais les raisons de la discrétion du mouvement libertaire dans la réalité sociale. L’une des raisons que je soulevais tenait à son incapacité à publier les grandes œuvres de notre mouvement. Et surtout, à les publier d’une manière commentée et critique.
Je pensais en particulier à Bakounine, longtemps délaissé par les anarchistes eux-mêmes. Je faisais d’ailleurs en même temps une analyse de ce « délaissement », mais c’est une autre histoire.
Je faisais un parallèle. Je disais : est-ce que le marxisme aurait pris une telle extension si les principales œuvres de ce courant n’avaient pas été publiées, republiées, commentées, expliquées ad nauseam ? Bien sûr que non.
Le déficit de publication au sein du mouvement libertaire s’est considérablement réduit depuis l’époque où des gars comme moi n’avaient comme alternative que de plonger dans l’anthologie de Daniel Guérin (ni Dieu, ni Maître, ni Bibliographie) ou d’acheter à des prix astronomiques des éditions originales de Proudhon.
Aujourd’hui, on se trouve dans la situation suivante :
♦ Des éditeurs lambda sans motivation politique réelle ni connaissances publient des textes parce que ça se vend ;
♦ Une multitude de petits éditeurs libertaires publient sans concertation ni projet à long terme des textes « fondateurs » au coup par coup.
Je pense que ce serait intéressant de montrer que nous sommes capables de fédérer nos efforts dans un projet dans lequel chaque éditeur libertaire conserve son autonomie de choix, mais consacre une partie de ses efforts à un projet commun d’éditions coordonnées et planifiées qui paraîtraient sous un label commun.
Une idée en l’air, comme ça.
Salut à tous
René BERTHIER
CATECHISME REVOLUTIONNAIRE ET CATECHISME DU REVOLUTIONNAIRE
L’amalgame entre anarchisme et terrorisme est extrêmement ancré dans l’opinion publique, y compris chez ceux dont on pourrait attendre un minimum de nuances. Sur le plan théorique, l’un des éléments qui fonde l’amalgame est le « Catéchisme du révolutionnaire » attribué à Bakounine mais qui est en réalité de Netchaïev, texte qui est confondu avec le « Catéchisme révolutionnaire » de Bakounine, qui est tout autre chose. Le fait que Bakounine ait été, très fugitivement, en relations avec Netchaïev contribue largement à entériner la confusion. Si le nihiliste russe a pu un temps faire illusion, Bakounine a très rapidement pris ses distances ; dans une lettre datée du 2 juin 1870, il rompt avec Netchaïev :
« Vous bannirez de votre organisation l’emploi systématique des méthodes policières et jésuitiques, vous bornant à n’y recourir que dans la mesure où ce serait effectivement et absolument nécessaire et surtout raisonnable et seulement vis à vis du gouvernement et des partis ennemis ; vous rejetterez l’idée absurde qu’on peut faire la révolution en dehors du peuple et sans sa participation et accepterez comme base fondamentale de votre organisation l’idée de la révolution populaire spontanée, où le peuple sera l’armée et l’organisation, rien de plus que l’état-major. »
L’article « du » fait toute la différence, mais c’est une nuance qui a rarement été perçue. Le catéchisme « du » révolutionnaire définit, comme la formulation l’indique, le comportement de l’individu révolutionnaire. Netchaïev écrivit son « catéchisme » en 1869 afin de codifier l’action des révolutionnaires :
« Attitude du révolutionnaire envers lui-même :
« 1) Le révolutionnaire est un homme perdu d’avance. Il n’a pas d’intérêt particulier, d’affaires privées, de sentiments, d’attaches personnelles, de propriété, il n’a même pas de nom. Tout en lui est absorbé par un seul intérêt à l’exclusion de tout autre, une seule pensée : la Révolution.
« 2) Au fond de son être, non seulement en paroles, mais en actes, il a rompu tout lien avec l’ordre public et avec le monde civilisé tout entier, avec toutes les lois, convenances, conventions sociales et règles morales de ce monde. (…)
6) Tous les tendres sentiments qui rendent efféminés, tels les liens de parenté, l’amitié, l’amour, la gratitude, l’honneur même, doivent étouffer en lui par la seule et froide passion pour la cause révolutionnaire. »
L’absence de l’article « du » dans le « catéchisme révolutionnaire » de Bakounine révèle qu’il ne s’agit pas de l’énonciation de règles de comportement individuel mais d’idées, d’un programme politique. De fait, le « Catéchisme révolutionnaire » est le point II d’un document intitulé « Principes et organisation de la Société internationale révolutionnaire », rédigé en 1866 lorsque Bakounine était à Naples, donc bien antérieurement au texte de Netchaïev.
Voici, en résumé, les points que Bakounine y développe :
– Élimination absolue de l’influence divine dans les affaires humaines ;
– Affirmation de la raison humaine comme source unique de vérité, de la conscience humaine comme la base de la justice, et de la liberté individuelle et collective comme source et base unique de l’ordre dans l’humanité
– La liberté de chacun n’est réalisable que dans l’égalité de tous
– Exclusion absolue de tout principe d’autorité et de raison d’État (…)L’ordre dans la société doit être la résultante du plus grand développement possible de toutes les libertés locales, collectives et individuelles
– L’organisation politique et économique de la vie sociale, doit être fondée sur le principe d’association et de fédération libres.
– La liberté est impossible sans l’égalité, mais l’égalité politique et sociale est impossible aussi, sans l’égalité économique.
– Le travail étant seul producteur de richesse.
– Chacun sera libre également de s’associer, ou de ne pas s’associer pour le travail – Mais le travailleur isolé, ne pourra prétendre à aucun des bénéfices généraux ou particuliers, garantis à tous les groupes de travailleurs par le fait de l’association.
– La femme différente de l’homme, mais non à lui inférieure, intelligente, travailleuse, libre comme lui, est déclarée son égale.
– Le mariage religieux et légal est remplacé par le mariage libre.
– L’instruction élémentaire gratuite et obligatoire, les institutions de perfectionnement scientifique et professionnel mises à la portée de tout le monde, offriront à tous les habitants, soit des villes, soit des campagnes, et à conditions égales, les moyens de donner le plus grand essor à leur intelligence, et d’entreprendre la carrière de leur choix.
– « Les libertés nationales étant solidaires, les révolutions particulières de tous les pays doivent l’être aussi – Il n’y a plus des révolutions, il n’y a désormais pour l’Europe et pour tout le monde civilisé que la révolution, comme il n’y a qu’une seule réaction européenne et mondiale »
– « La vraie révolution n’étant guère comprise par la plupart des hommes, c’est à la conspiration de la développer et de l’accélérer dans tous les pays – D’où la conséquence que tout en laissant à l’autonomie et à l’initiative locales cette liberté d’action sans laquelle aucun changement profond et sérieux n’est possible, il faut néanmoins que l’organisation secrète aboutisse à un centre unique ; et cela non pas tant à cause des difficultés inhérentes aux sociétés de cette nature, qu’en vue du besoin suprême de rallier à un plan général d’action et de mouvement les efforts partiels des révolutionnaires de tous les pays. »
Le « catéchisme révolutionnaire » de Bakounine se limite à cela. Il s’agit d’une première mouture d’un programme « pré-anarchiste » assez banal ; si le dernier point présente un caractère conspiratif indéniable, il se comprend par le contexte répressif de l’époque et n’est au fond que l’affirmation que la révolution mondiale ne saurait être spontanée. Il n’y a en tout cas absolument rien de « terroriste » là-dedans. Pourtant, certains auteurs, et non des moindres – Arvon, Avrich, ont fait la confusion entre le texte de Bakounine et celui de Netchaïev.
Merci à vous pour cet article très instructif. Malheureusement j’ai eu la mauvaise idée d’acheter ce livre malgré son prix excessif, simplement parce que c’était le seul de Bakounine disponible dans la librairie près de chez moi. Mais j’ai comme l’impression de m’être fait arnaqué sur le coup…
A part ça, il y a une autre question que je me pose à propos de ce texte : c’est de savoir si c’est bien Bakounine qui l’a lui-même écrit intégralement. Apparemment tout le monde n’en est pas sur.
Sur l’article de Wikipedia consacré à Bakounine, il est question de ça dans la partie consacrée à Netchaiev (dernier paragraphe) : http://fr.wikipedia.org/wiki/Mikhaïl_Aleksandrovitch_Bakounine#Netchaiev
Est-ce qu’on est bien sûr que ce texte est de Bakounine? Qu’en pensez-vous?
Pardon, il fallait lire le commentaire de René jusqu’au bout, il répond justement à cette question…