Archive pour la catégorie ‘Références’
Colifichets bakouniniens (6) : une carte postale
Après l’enveloppe, la carte postale…
Celle-ci n’émane pas exactement de ce milieu de petits rigolos qui s’amusent à fabriquer toutes sortes de petits objets à l’effigie de Michel Bakounine, mais s’inscrit dans le cadre d’une commémoration officielle, qui n’est pas celle des 200 ans de l’anarchiste russe, mais celle des 200 ans de relations diplomatiques entre la Russie et la Confédération Helvétique. À cette occasion, ont été éditées en Russie, mais à l’initiative de l’ambassade de Suisse à Moscou, des cartes postales à l’effigie des Russes les plus célèbres qui avaient séjourné en Suisse depuis l’instauration de ces relations. Figure à nouveau sous le dessin une phrase en russe que je ne parviens pas à traduire correctement. Au dos de cette carte, on trouve le logo du musée Bakounine de Priamoukhino, auquel il est ainsi fait de la publicité. Lire la suite de cette entrée »
Colifichets bakouniniens (5) : un badge
Toujours dans la série des colifichets ramenés de Priamoukhino, voici le badge qui fut distribué à tous les participants à la conférence organisée pour le bicentenaire de la naissance de Michel Bakounine. Des personnes plus spécialisées que moi me corrigeront peut-être, mais il me semble que le badge a quelque chose de furieusement années 80 (le pin’s étant, lui, l’emblème des années 90), d’autant qu’il ne s’agit pas ici de la petite étiquette que les universitaires ont coutume de s’accrocher au revers de la veste ou à la poche de la chemise lors de leurs colloques, afin de pouvoir s’identifier respectivement, mais de l’objet même de la conférence. Pour ma part, je trouve que cela constitue une sorte de pont entre l’anarchisme révolutionnaire du XIXe siècle et la culture punk de la fin du XXe siècle (Bakunin was a punk rocker !).
Colifichets bakouniniens (4) : un mug et du thé
Inévitablement, la conférence de Priamoukhino a enrichi ma collection de colifichets bakouniniens de quelques articles supplémentaires. Je commence aujourd’hui par deux objets qui vont ensemble : un mug réalisé spécialement pour l’occasion du bicentenaire de la naissance de Michel Bakounine, et du thé de Priamoukhino qui fut distribué aux participants par la compagne de Sergueï Gavrilovitch. Lire la suite de cette entrée »
Un portrait italien de Bakounine
Misha Tsovma m’a transmis ce portrait de Bakounine. Il semble qu’il soit attribué au peintre italien Plinio Nomellini. Celui-ci est un représentant d’un courant néo-impressionniste proche du pointillisme, le divisionnisme, fondé par Seurat en 1884. Si j’en crois wikipedia, il s’agissait pour les peintres de ce courant d’appliquer sur un support de petites taches de couleur pure, de telle sorte que le mélange soit produit dans la perception du spectateur et que le maximum de luminosité soit ainsi atteint. Je signale ces éléments d’histoire de l’art aussi parce que réaliser un portrait divisionniste d’un auteur qui fit à plusieurs reprises l’éloge paradoxal de la division me semble parfaitement approprié.
Comme d’autres portraits de Bakounine, celui-ci a donc été peint, non pas d’après modèle, ni même d’ailleurs d’après photo, mais d’après l’idée que son auteur se faisait du révolutionnaire russe. Après tout, c’est aussi le cas des deux bustes de Korolev dont j’ai parlé dans de précédents articles (ici, et là), mais aussi, à ma connaissance, d’au moins un tableau russe qui représente l’arrestation de Bakounine d’une manière tout à fait fantaisiste.
On pourrait d’ailleurs, me semble-t-il, partager l’iconographie bakouninienne en trois catégories, qui correspondent à autant de périodes. Tout d’abord les portraits effectués de son vivant (photographies, dessins, peintures), et qui relèvent souvent davantage du document que de l’œuvre d’art. Ensuite ceux qui ont été réalisés dans les décennies qui ont suivi sa mort par des personnes qui ne l’ont pas côtoyé et qui ont davantage peint l’idée qu’ils accolaient au nom de Bakounine que le révolutionnaire russe lui-même. Le portrait de Nominelli entre dans cette catégorie, mais c’est aussi le cas, à mon avis, des deux bustes réalisés par Korolev. Enfin, depuis les années 60, on voit réapparaître des portraits de Bakounine, ce qui coïncide avec un regain d’intérêt pour l’anarchisme et son histoire, mais aussi à la plus large diffusion des documents photographiques : les portraits de cette période, réalisés d’après photo, ont en même temps souvent une coloration contemporaine qui indique qu’à travers Bakounine, c’est l’anarchie, telle qu’elle est perçue aujourd’hui, qui est peinte. J’en donnerais quelques exemples dans de prochains articles de cette nouvelle rubrique.
Colifichets bakouniniens (3) : une enveloppe
Des fois qu’en allant à la poste avec ton T-shirt Bakounine, tu n’aies pas été repéré par les argousins et que la DCRI n’ait pas encore débarqué chez toi pour y découvrir ton buste en plâtre de Mikhaïl Alexandrovitch et ta collection de livres plus ou moins bancals ayant le même Bakounine pour sujet, voire pour auteur, voici l’assurance que ton courrier soit ouvert et qu’on te soupçonne d’appartenir à la fameuse mouvance d’ultra-gauche anarcho-autonome (catégorie policière qui fut gracieusement fournie aux grands médias nationaux et reprise avec reconnaissance par ces derniers il y a tout juste 4 ans), celle-là même dont les intentions sont tellement mauvaises qu’elles suffisent à faire condamner ses membres.
Colifichets bakouniniens (2) : un T-shirt…
Il y a de cela un an et demie, Marianne Enckell, du CIRA de Lausanne, m’a offert ce T-shirt à l’effigie de Mikhaïl Alexandrovitch. Comme il est indiqué dessus, ce magnifique article de prêt-à-porter a été confectionné pour la première édition, en 2001 à Bologne, de la biennale Art et Anarchie, également intitulée « ApaARTe°, materiali irregolari de cultura libertaria », qui s’est tenue à Bologne du 14 au 16 septembre 2001 (on retrouvera ici l’affiche de cette 1ère édition, et ici celle de la suivante).. Les éditions suivantes de cette biennale eurent lieu à Venise (2003), Raguse (2005) et Naples (2009). A ma connaissance, il n’y en a pas eu en 2011. On trouvera ici un article en italien sur la 1ère édition de cet événement.
Je ne connais pas l’auteur du portrait de Bakounine qui est reproduit sur ce T-shirt, et je n’ai pas trouvé de renseignements à son propos sur Internet. Si quelqu’un en a, je suis évidemment preneur, d’autant que je compte ouvrir sur ce blog une section iconographie !
Un monument à Bakounine : la statue cubo-futuriste de Korolev (1919)
[Comme promis dans un précédent billet, je donne ici la traduction de l’article de John Ellis Bowlt sur le monument érigé à Moscou en 1918-19 par Boris Korolev en l’honneur de Bakounine. L’article a initialement paru en anglais dans la revue Canadian-American Slavic Studies, vol. X, n°4, hiver 1976, p. 577-590. Le numéro de la revue dont est tiré cet article est en grande partie consacré à Bakounine. Pour éviter d’avoir à acheter en ligne chaque article à 25€, on peut se tourner vers le CIRA de Lausanne qui dispose de la revue dans sa bibliothèque. Pour les mêmes raisons, j’ai retraduit l’article depuis la version allemande qui a paru dans Bakunin ? Ein Denkmal !, Berlin, Karin Kramer Verlag, 1996, p. 47-55.]
Un monument à Bakounine : la statue cubo-futuriste de Korolev (1919)
« Les ouvriers et les membres de l’Armée rouge sont décontenancés et indignés lorsqu’ils découvrent que le monument se trouve sur le point d’être dévoilé. »1 Telle fut la réaction du public à la statue de Michel Bakounine qui fut installée en septembre 1919 à Moscou, porte Miasnitski (devenue plus tard rue Kirov). L’auteur de ce monument provocateur était le sculpteur, peintre et architecte Boris Danilovitch Korolev (1884-1963)2, un artiste qui plus tard, en Union Soviétique, fut prisé non pas pour ses sculptures abstraites, mais pour ses bustes et statues expressifs et néanmoins orthodoxes de Lénine. Comme beaucoup de représentants connus du réalisme socialiste – Alexandre Deïneka, Vera Mouchina, Youri Pimenov – Korolev commença sa carrière artistique comme « formaliste ». Jeune homme, Korolev était presque aussi radical dans le domaine de la sculpture que l’était Bakounine dans le champ de la théorie politique. Comment les chemins de l’artiste et du politique se croisèrent-ils ? Cette contribution raconte l’histoire de leur étrange rencontre.
Avenue Bakounine dans « Le plus mauvais groupe du monde »
Suite du feuilleton sur les rues qui portent le nom de Michel Bakounine ! Cette fois, ce n’est pas une rue de Morlaix ou de Tomsk, ce n’est même pas tout à fait une rue de cette planète puisqu’il s’agit d’une avenue du monde imaginaire construit par l’auteur portugais de bande-dessinée Jose Carlos Fernandes dans son album Le plus mauvais groupe du monde (Cambourakis, 2009). Je remercie Anatole Lucet d’avoir attiré mon attention sur ce petit détail.
Dans ce monde, qui semble tout droit sorti d’un roman de Borgès, et où les personnages, qui portent des noms qui rappellent l’Europe centrale, exercent des professions telles que « denteleur de timbres », « contrôleur municipal de briquets », « vérificateur météorologique » ou encore « cryptographe de seconde classe », l’avenue Bakounine croise l’avenue Thomas More. Au carrefour de ces deux artères, un « kiosque de l’utopie » a été installé, destiné à recueillir les suggestions des citoyens, suggestions qui ne sont jamais ramassées et dont on peut soupçonner qu’elles tombent dans un puits sans fond…
Je vous laisse découvrir les autres séquences où apparaît l’avenue Bakounine, dont je remarque simplement qu’elle semble, telle la rue Bakounine de Morlaix, avoir été plus ou moins tracée au milieu d’un no man’s land !
Spaghetti à la Bakounine
Après le pudding Salvator, concocté par Joseph Favre et dégusté à la fin de sa vie par Bakounine, je prends connaissance par René Fugler d’une autre recette bakouninienne : les « Spaghetti a la Bakunin ». René a trouvé cette recette dans un ouvrage récemment paru aux Editions générales First, La Cucina della mamma. Recettes authentiques des grands-mères italiennes (collectif, 414 p., 17,90 euros) – bien qu’en l’occurrence il s’agisse d’une recette mise au point par un homme. Cette référence se trouve sur le site anarlivre.
Le texte de présentation de cette recette indique que Bakounine « arriva en Italie en 1862 et tissa des liens avec Carlo Cafiero , Saverio Friscia, et Giuseppe Fanelli, avec lesquels il élabora les sujets qui allaient être la cause de la scission avec la branche marxiste de la Première Internationale ». En fait, Bakounine n’arriva en Italie qu’en 1864, mais peu importe en l’occurrence. C’est un dénommé Vella, peintre d’Agrigente et fervent admirateur de Bakounine, qui lui dédia cette recette sicilienne.
Bakounine et le Souvarine de Germinal
Le hasard de mes recherches (s’il en est un) m’a fait rencontrer l’ouvrage d’Émile de Laveleye, Le socialisme contemporain, Paris, 1881 et m’a conduit à me demander si Bakounine n’avait pas encore servi de modèle à un personnage littéraire, en l’occurrence celui de Souvarine dans Germinal de Zola. L’image qui illustre ce billet est tirée de la version cinématographique proposée par Claude Berri en 1993, non que j’apprécie particulièrement ce film, mais parce que le rôle de Souvarine y est tenu par Laurent Terzieff, comédien que j’aimais beaucoup et qui est récemment décédé. On trouvera ici un passage assez représentatif de ce personnage caricatural d’anarchiste mis en scène par Berri. Quoi qu’il en soit, comment passe-t-on d’un ouvrage sur le socialisme contemporain à Zola en passant par Bakounine?