Colifichets bakouniniens (4) : un mug et du thé
Inévitablement, la conférence de Priamoukhino a enrichi ma collection de colifichets bakouniniens de quelques articles supplémentaires. Je commence aujourd’hui par deux objets qui vont ensemble : un mug réalisé spécialement pour l’occasion du bicentenaire de la naissance de Michel Bakounine, et du thé de Priamoukhino qui fut distribué aux participants par la compagne de Sergueï Gavrilovitch.
Le mug a quelque chose d’anecdotique (bien que je puisse paraître avoir tenté de lui donner une sorte d’inquiétante étrangeté en le prenant en photo de cette manière) : il est fabriqué en Chine, par une entreprise à qui il suffit d’envoyer une photo et un texte pour qu’elle réalise sur demande le mug de votre choix (de sorte que vous pouvez, si telle est votre perversion personnelle, réaliser un mug à votre propre effigie, ou à celle de Gordon le chat). Le texte qui figure au dos est constitué d’une citation de Bakounine, et de la date de la conférence organisée pour le bicentenaire de sa naissance. J’en profite pour lancer un appel aux millions de russophones qui lisent ce blog avec avidité chaque matin : quelqu’un pourrait-il retraduire en français la citation de Bakounine ? Je me doute qu’il y est question de liberté, puisque je vois apparaître deux fois le terme en russe, mais je suis tout juste capable de déchiffrer cette langue, et pas de la lire ni de la parler. Rappelons au passage que la citation en question est probablement une traduction en russe d’un écrit français de Bakounine, puisque ce dernier s’est principalement exprimé en français, langue qui était alors un peu plus internationale qu’aujourd’hui, et qui, de surcroît, était apprise à tous les jeunes de la noblesse russe.
Quoi qu’il en soit, un mug, c’est bien, mais le plus intéressant reste ce que l’on met dedans. Et bien que le paquet ne mentionne pas explicitement le nom de Michel Bakounine, je dois avouer que je suis beaucoup plus sensible au thé de Priamoukhino – joliment appelé Priamoukhinskaia Garmonia, soit « harmonie de Priamoukhino » (mais c’est tout ce que j’arrive à traduire : si quelqu’un peut m’aider pour les ingrédients, merci beaucoup!) – parce qu’il s’agit d’un cadeau offert par les personnes mêmes qui l’ont fabriqué. Le paysage sur l’étiquette est évidemment celui du village de Priamoukhino, avec sa fameuse église. Comme il n’y a à peu près aucune chance que vous puissiez vous en procurer (car tel est le destin des colifichets bakouniniens, à peu près dépourvus de valeur commerciale et à qui tout succès mondial semble d’emblée interdit), je peux sans vergogne faire le publicité de cet excellent thé que j’ai bu chaque matin à Priamoukhino, dans le jardin de Sergeï Gavrilovitch.
Grâce à Marianne, aidée de divers traducteurs en ligne, la citation imprimée sur le mug a pu être retranscrite, et je suis un peu honteux de ne l’avoir pas trouvée moi-même, puisqu’il s’agit d’une citation de la Confession qui est un peu célèbre : « Chercher mon bonheur dans le bonheur d’autrui, ma dignité personnelle dans la dignité de tous ceux qui m’entouraient, être libre dans la liberté des autres, voilà tout mon credo. »