La Confession de Bakounine au Passager Clandestin
Le printemps et l’été ayant été bien chargés, je me suis rendu compte, lorsque l’automne fut venu, que je n’avais fait qu’annoncer la parution de la réédition de la Confession, et que je ne l’avais pas désannoncée, comme on dit à la radio. Mea maxima culpa (puisqu’il faut se confesser), mais mieux vaut tard que jamais.
Depuis le mois de mai 2013, il est donc possible de se procurer, dans toute bonne librairie (par exemple, à Lyon, à La Gryffe ou au Bal des ardents si vous l’achetez, et ailleurs si vous la volez), cette nouvelle édition de la Confession de Bakounine. Pourquoi préférer cette acquisition à l’un des 555 livres qui marquent la rentrée littéraire en France? Tout simplement pour les raisons suivantes:
– pour apprendre ce qu’un révolutionnaire russe, au milieu du XIXe siècle, peut bien avoir à raconter au tsar qui l’a relégué au fin fond d’un cachot malsain ;
– pour savoir comment l’on peut aller de Russie en Russie en passant par l’Allemagne, la Suisse, la Belgique, la France et la Bohême, et finir le voyage couvert de chaînes ;
– pour contempler la transformation d’un aspirant-philosophe un brin conformiste en révolutionnaire et ennemi public numéro un ;
– pour retrouver l’ambiance de la révolution de 1848 en France et dans le reste de l’Europe (parce que ça change de 2013) ;
– pour enfin découvrir, grâce aux notes de bas de page, ce que vous brûliez de lire depuis toujours, à savoir qui est « ce jeune prince, parent […] d’un des petits souverains allemands et venu à Dresde pour se faire soigner les yeux », qui fut poignardé par erreur avec son valet de chambre à Dresde en mai 1849 par des soldats lors de la reprise de la ville par les troupes prussiennes et saxonnes, à la suite de l’insurrection à laquelle Bakounine a participé ;
– pour vous rendre compte avec stupéfaction, à la lecture de la p. 43, que la brochure du politicien suisse Bluntschli (sur lequel je reviendrai peut-être dans un prochain billet) dont il est question dans la note de Bakounine ne fut pas publiée en 1848, comme vous l’aviez toujours cru en vous fiant à la précédente édition de la Confession, mais en 1843 (comme l’indique le manuscrit auquel on s’est référé pour corriger le texte).