Le Catéchisme au Chat Ivre
Comme annoncé dans un précédent billet, l’édition des deux textes de 1866, Catéchisme révolutionnaire ainsi que le long texte sur les sociétés secrètes auquel l’équipe de l’IISG a donné pour titre Organisation de la Société révolutionnaire internationale, vient de paraître aux éditions du Chat Ivre. Le livre peut être commandé directement sur le site de l’éditeur, au prix d’un paquet de tabac (avec les feuilles). Il porte pour titre général Principes et organisation de la Société révolutionnaire internationale.
L’édition du Catéchisme est la première qui parvienne à ce degré de fiabilité dans l’établissement du texte. Une première publication avait eu lieu dans l’anthologie de Daniel Guérin Ni Dieu Ni Maître, qui avait été reprise peu près à l’identique à l’Herne il y a quelques années (j’avais rendu compte ici de cette entreprise éditoriale). On le trouvait par ailleurs dans cette même version sur Internet. Cette version était toutefois entachée de nombreuses erreurs de transcription, et elle comportait par ailleurs des titres qui n’étaient pas toujours présents dans l’original. L’importance de ce document tient notamment au fait qu’il s’agit de la première présentation (un peu) méthodique des idées politiques et sociales qui caractérisent le premier anarchisme de Bakounine. Il mériterait d’ailleurs une comparaison systématique avec un autre texte posthume, qui le précède de peu dans le temps et qui est du même genre : Société internationale secrète de l’émancipation de l’humanité (1864), texte établi par Michel Mervaud, qui figure en annexe du volume Bakounine. Combats et débats, publié en 1979 par l’Institut d’Études Slaves (p. 185-226).
Quant au texte sur l’organisation révolutionnaire internationale que Bakounine tentait de fonder à l’époque, il n’avait jamais fait l’objet d’une édition papier. Cela tient peut-être à la bizarrerie de ce document, sorte de longue description d’un organigramme fort compliqué, mais aussi sans doute au fait que les éditeurs et commentateurs de Bakounine ont souvent été peu à l’aise avec le goût du révolutionnaire russe pour ce genre d’entreprises, qu’ils regardaient ou bien comme un attachement à des formes d’organisation appartenant au passé, ou bien comme une sorte de jeu, destiné notamment aux Italiens, friands, dit-on, de ce genre de choses, ou bien encore comme la simple formalisation d’amitiés politiques. Dans ma présentation, je tente de trancher entre ces différentes hypothèses.