Misha Tsovma à Lyon
Au mois de décembre, j’ai reçu la visite à Lyon de Misha Tsovma, dans le cadre de la préparation de son documentaire sur Bakounine et sur ceux qui s’intéressent à lui de par le vaste monde. La photo qui illustre ce papier a bien entendu été prise sur la place des Terreaux, devant cet hôtel de ville qui vit se dérouler la tentative d’insurrection du 28 septembre 1870, et comme le hasard fait parfois bien les choses, ladite place était ornée du fameux A cerclé.
En venant à Lyon, Misha était en quête d’endroits à filmer par lesquels Bakounine serait passé. Bien entendu, les choses ne sont pas si simples: plusieurs de ces endroits n’existent plus, et pour d’autres il est devenu difficile d’en connaître l’adresse exacte. Pour l’essentiel nous nous sommes rendu en 4 endroits:
– la salle de la Rotonde, dont la presse de l’époque nous apprend qu’elle était située au 34 rue de Sèze, dans le 6ème arrondissement; le bâtiment qui se trouve à cet endroit aujourd’hui, s’il semble assez ancien, n’a pas vraiment l’air de la grande salle qui pouvait contenir plusieurs milliers de personnes et qui accueillit les grandes réunions publiques qui allaient servir de prélude à l’insurrection;
– la salle Valentino, au 6 place de la Croix-Rousse: c’est dans cette salle que Bakounine se fit remarquer d’un témoin (hostile à l’insurrection) en approuvant bruyamment un petit vieillard qui avait déclaré qu’il fallait « aller sur la place des Terreaux et tout balayer »; là encore, il est difficile de dire s’il reste quelque chose de cette grande salle: les immeubles qui se trouvent sur la place sont d’époque, mais on ne pénètre pas si facilement dans ces arrière-cours protégées par des digicodes et autres interphones;
– l’endroit où Bakounine créchait à Lyon, chez Louis Palix (un compagnon de l’Internationale qui partageait ses vues politiques), 41 cours Vitton, n’existe probablement plus: en tout cas aujourd’hui, on trouve à cette adresse un gros immeuble neuf et assez vilain;
– en revanche, un des endroits où conspira Bakounine, le domicile d’un autre international de ses amis, Gaspard Blanc, situé au 8-10 rue Pierre Corneille (à l’époque rue Madame) existe toujours, mais encore une fois, l’accès en est impossible.
Bien entendu, il reste l’hôtel de ville, et sa petite cour sur la place de la comédie, par où Bakounine s’échappa après que les chats-fourrés lui eurent mis la patte dessus. Il faudrait poursuivre cette visite des lieux bakouniniens de Lyon, notamment en s’informant auprès des archives locales de l’évolution du cadastre… En attendant, tout renseignement sur ce que sont devenues ces grandes salles servant à des réunions publiques, ou sur d’autres lieux du même type est le bienvenu.
Quoi qu’il en soit, il ne faut pas attendre avec trop d’impatience ce projet de film sur l’Internationale bakouninienne: Misha ne s’est fixé aucun impératif en termes de temps!