Nouveaux textes de Bakounine sur la toile
On trouve désormais sur wikisource les six volumes d’Œuvres qui avaient paru entre 1907 et 1913 chez Stock. Depuis, seuls les deux premiers volumes avaient été réédités par le même éditeur. C’est donc une avancée considérable dans la mise à disposition du public de ceux des écrits de Bakounine qui sont dans le domaine public.Seule petite erreur: il s’agit bien des Œuvres, et non des Œuvres complètes, comme l’indique à tort la page dont j’ai fourni le lien.
De fait, les six volumes qui viennent d’être mis en ligne sur wikisource étaient déjà disponibles sur le site archive.org. Toutefois, sur ce dernier, la recherche lexicale dans les textes devaient faire avec les aléas de la numérisation à la sauce google: numérisation rapide, qui permet de mettre en ligne d’une manière massive, mais s’accompagne de failles plus importante dans la reconnaissance de caractères que, par exemple, le portail gallica de la Bibliothèque Nationale de France, de sorte qu’au moins un mot sur dix est mal reconnu, ou n’est pas reconnu du tout.
En revanche, dans les textes qui sont mis à disposition sur wikisource, ces erreurs ont été corrigés (sous réserve d’un plus ample examen). Parmi les textes, jusque-là très difficiles à trouver, on peut notamment signaler la Protestation de l’Alliance, rédigée par Bakounine en juillet 1871 dans le cadre du conflit avec Marx dans l’AIT, et qui est éditée, malheureusement sous une forme partielle, dans le tome VI de ces Œuvres. Il s’agit de l’un des textes les plus intéressants de Bakounine parce qu’il réfléchit sur sa propre expérience de militant de l’Internationale.
Mais cette nouvelle mise en ligne est aussi l’occasion de faire le point sur les ressources électroniques dont on dispose quand on veut lire du Bakounine sur Internet. Revenons donc à archive.org. Cet excellent site fournissait déjà, on l’a dit, les six volumes des Œuvres qui avaient paru chez Stock, et cela en plusieurs formats. J’en profite pour signaler que le plus récent et le plus efficace est djvu – pour « déjà vu » – qui prend deux fois moins de place qu’un pdf, permet davantage de recherches lexicales et se regarde avec des logiciels libres, dont le meilleur est très probablement djview – à télécharger sur sourceforge. Mais on trouve aussi sur ce même site la correspondance de Bakounine avec Herzen et Ogarev, en russe et en traduction française, ainsi que des anthologies de référence en russe, en anglais et même deux éditions en yiddish, dont une par Rudolf Rocker!
Et bien entendu, il y a toujours les textes que l’on peut trouver sur le très bon site bibliolib, que j’avais déjà signalé à propos d’une édition récente du Catéchisme révolutionnaire.
J’ajoute bien entendu les principaux liens à ceux qui existent déjà, sur la droite de cette page.
Je vous écris pour vous signaler que j’ai publié dans mon livre Le Sentiment Sacré de la Révolte (Nuits Rouges, 2004)le texte de « Protestation de l’Alliance » tel qu’on le trouve dans le volume 6 des Oeuvres. Il n’est donc pas difficile à trouver (le livre est toujours disponible).
Peut-être l’erreur vient-elle du fait que certains ont écrit que Le Sentiment sacré de la Révolte était une réédition de Théorie Générale de la Révolution (même éditeur, 2001, réédité en 2008), ce qui est absolument faux : les deux ouvrages sont totalement différents.
Le premier, inspiré du livre de G.P. Maximov, The Political Philosophy of Bakunin, est une compilation de textes des années 1860-70 sans être une traduction de celui de Maximov, dont j’ai retenu seulement le principe, en en modifiant complètement l’architecture; le second rassemble des textes intégraux, rares ou difficiles à trouver, voire inédits en volume, couvrant une période beaucoup plus vaste (années 1840 à 1870).
Cordialement, E. Lesourd.
Merci à Étienne Lesourd pour ces précisions, et mes excuses pour avoir oublié la publication de la Protestation de l’Alliance dans Le sentiment sacré de la révolte (que je ne confonds pas avec le volume Théorie générale de la révolution!). Un de ces jours, il faudra d’ailleurs que je fasse un billet sur ces deux volumes qui contiennent en effet des textes introuvables ailleurs au format papier.
Un ajout par rapport à ce billet: s’agissant des volumes 1 et 2 des Œuvres, il existe une différence de pagination entre l’édition numérisée sur wikisource et celle qu’on trouve encore dans le commerce (réédition Stock 1980). Par exemple, le manuscrit, de l’époque de l’Empire knouto-germanique, qu’on trouve à la fin du volume 1, qui est une copie de la main de Max Nettlau et constitue l’un des principaux intérêts de ce volume, se termine à la p. 357 dans cette dernière édition, alors que dans la première, il se terminait p. 326.