Conférence internationale à Priamoukhino pour le bicentenaire de Michel Bakounine

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Certains des amis russes (dont Misha Tsovma) qui s’occupent de l’ancien domaine de la famille Bakounine à Priamoukhino m’ont transmis cet appel à contribution pour un colloque international qui se tiendra sur place les 12 et 13 juillet 2014 à l’occasion du bicentenaire de la naissance du révolutionnaire russe.

Voici l’appel en question.

La photo qui est illustre ce billet a été prise par Sarah Gruszka à Priamoukhino en 2011. On trouvera ici l’article dont elle est tirée.

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Un portrait italien de Bakounine

bakunin_plinionomelliniMisha Tsovma m’a transmis ce portrait de Bakounine. Il semble qu’il soit attribué au peintre italien Plinio Nomellini. Celui-ci est un représentant d’un courant néo-impressionniste proche du pointillisme, le divisionnisme, fondé par Seurat en 1884. Si j’en crois wikipedia, il s’agissait pour les peintres de ce courant d’appliquer sur un support de petites taches de couleur pure, de telle sorte que le mélange soit produit dans la perception du spectateur et que le maximum de luminosité soit ainsi atteint. Je signale ces éléments d’histoire de l’art aussi parce que réaliser un portrait divisionniste d’un auteur qui fit à plusieurs reprises l’éloge paradoxal de la division me semble parfaitement approprié.

Comme d’autres portraits de Bakounine, celui-ci a donc été peint, non pas d’après modèle, ni même d’ailleurs d’après photo, mais d’après l’idée que son auteur se faisait du révolutionnaire russe. Après tout, c’est aussi le cas des deux bustes de Korolev dont j’ai parlé dans de précédents articles (ici, et ), mais aussi, à ma connaissance, d’au moins un tableau russe qui représente l’arrestation de Bakounine d’une manière tout à fait fantaisiste.

On pourrait d’ailleurs, me semble-t-il, partager l’iconographie bakouninienne en trois catégories, qui correspondent à autant de périodes. Tout d’abord les portraits effectués de son vivant (photographies, dessins, peintures), et qui relèvent souvent davantage du document que de l’œuvre d’art. Ensuite ceux qui ont été réalisés dans les décennies qui ont suivi sa mort par des personnes qui ne l’ont pas côtoyé et qui ont davantage peint l’idée qu’ils accolaient au nom de Bakounine que le révolutionnaire russe lui-même. Le portrait de Nominelli entre dans cette catégorie, mais c’est aussi le cas, à mon avis, des deux bustes réalisés par Korolev. Enfin, depuis les années 60, on voit réapparaître des portraits de Bakounine, ce qui coïncide avec un regain d’intérêt pour l’anarchisme et son histoire, mais aussi à la plus large diffusion des documents photographiques : les portraits de cette période, réalisés d’après photo, ont en même temps souvent une coloration contemporaine qui indique qu’à travers Bakounine, c’est l’anarchie, telle qu’elle est perçue aujourd’hui, qui est peinte. J’en donnerais quelques exemples dans de prochains articles de cette nouvelle rubrique.

Le statut de la philosophie chez le dernier Bakounine

colloque_couvJe livre ici le contenu de la communication que j’avais lue en mai 2011 lors du colloque Philosophie de l’anarchie, organisé à Lyon (ENS et Cedrats). Le texte a été publié avec les actes du colloque, dans un volume édité à l’ACL et coordonné par Daniel Colson, Mimmo Pucciarelli et moi (toutes les références utiles sur ce livre à cette adresse, avec notamment la table des matières et quelques captations vidéos du colloque). Bonne lecture (ou pas) !

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Colifichets bakouniniens (3) : une enveloppe

bakenvlp21Des fois qu’en allant à la poste avec ton T-shirt Bakounine, tu n’aies pas été repéré par les argousins et que la DCRI n’ait pas encore débarqué chez toi pour y découvrir ton buste en plâtre de Mikhaïl Alexandrovitch  et ta collection de livres plus ou moins bancals ayant le même Bakounine pour sujet, voire pour auteur, voici l’assurance que ton courrier soit ouvert et qu’on te soupçonne d’appartenir à la fameuse mouvance d’ultra-gauche anarcho-autonome (catégorie policière qui fut gracieusement fournie aux grands médias nationaux et reprise avec reconnaissance par ces derniers il y a tout juste 4 ans), celle-là même dont les intentions sont tellement mauvaises qu’elles suffisent à faire condamner ses membres.

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Colifichets bakouniniens (2) : un T-shirt…

bkshrtresizedIl y a de cela un an et demie, Marianne Enckell, du CIRA de Lausanne, m’a offert ce T-shirt à l’effigie de Mikhaïl Alexandrovitch. Comme il est indiqué dessus, ce magnifique article de prêt-à-porter a été confectionné pour la première édition, en 2001 à Bologne, de la biennale Art et Anarchie, également intitulée « ApaARTe°, materiali irregolari de cultura libertaria », qui s’est tenue à Bologne du 14 au 16 septembre 2001 (on retrouvera ici l’affiche de cette 1ère édition, et ici celle de la suivante).. Les éditions suivantes de cette biennale eurent lieu à Venise (2003), Raguse (2005) et Naples (2009). A ma connaissance, il n’y en a pas eu en 2011. On trouvera ici un article en italien sur la 1ère édition de cet événement.

Je ne connais pas l’auteur du portrait de Bakounine qui est reproduit sur ce T-shirt, et je n’ai pas trouvé de renseignements à son propos sur Internet. Si quelqu’un en a, je suis évidemment preneur, d’autant que je compte ouvrir sur ce blog une section iconographie !

Un monument à Bakounine : la statue cubo-futuriste de Korolev (1919)

korol2[Comme promis dans un précédent billet, je donne ici la traduction de l’article de John Ellis Bowlt sur le monument érigé à Moscou en 1918-19 par Boris Korolev en l’honneur de Bakounine. L’article a initialement paru en anglais dans la revue Canadian-American Slavic Studies, vol. X, n°4, hiver 1976, p. 577-590. Le numéro de la revue dont est tiré cet article est en grande partie consacré à Bakounine. Pour éviter d’avoir à acheter en ligne chaque article à 25€, on peut se tourner vers le CIRA de Lausanne qui dispose de la revue dans sa bibliothèque. Pour les mêmes raisons, j’ai retraduit l’article depuis la version allemande qui a paru dans Bakunin ? Ein Denkmal !, Berlin, Karin Kramer Verlag, 1996, p. 47-55.]

Un monument à Bakounine : la statue cubo-futuriste de Korolev (1919)

« Les ouvriers et les membres de l’Armée rouge sont décontenancés et indignés lorsqu’ils découvrent que le monument se trouve sur le point d’être dévoilé. »1 Telle fut la réaction du public à la statue de Michel Bakounine qui fut installée en septembre 1919 à Moscou, porte Miasnitski (devenue plus tard rue Kirov). L’auteur de ce monument provocateur était le sculpteur, peintre et architecte Boris Danilovitch Korolev (1884-1963)2, un artiste qui plus tard, en Union Soviétique, fut prisé non pas pour ses sculptures abstraites, mais pour ses bustes et statues expressifs et néanmoins orthodoxes de Lénine. Comme beaucoup de représentants connus du réalisme socialiste – Alexandre Deïneka, Vera Mouchina, Youri Pimenov – Korolev commença sa carrière artistique comme « formaliste ». Jeune homme, Korolev était presque aussi radical dans le domaine de la sculpture que l’était Bakounine dans le champ de la théorie politique. Comment les chemins de l’artiste et du politique se croisèrent-ils ? Cette contribution raconte l’histoire de leur étrange rencontre.

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Bakounine et Fichte

johann_gottlieb_fichteresizedAu cours de sa jeunesse, en Russie, Bakounine se plongea dans la philosophie allemande, à laquelle il s’initia au sein du cercle de Stankevitch à partir de 1836. Le premier auteur pour lequel il se prit véritablement de passion fut Johann Gottlieb (littéralement: Jean Théophile) Fichte (1762-1814). Il fut adepte de cette philosophie vers 1836-1837 avant de la délaisser progressivement après l’été 1837 pour celle de Hegel, dont il venait de lire la Phénoménologie de l’esprit. Ce dernier devait occuper une place bien plus durable dans la pensée de Bakounine, qui ne s’en détachera qu’à partir de 1842-43, en même temps qu’il se détachera de la philosophie elle-même.

Mais qu’en est-il exactement de son rapport précoce à Fichte? Cet enthousiasme de jeunesse n’a-t-il laissé aucune trace dans les développements ultérieurs de sa pensée?

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Avenue Bakounine dans « Le plus mauvais groupe du monde »

couverture-plus-mauvais-groupeSuite du feuilleton sur les rues qui portent le nom de Michel Bakounine ! Cette fois, ce n’est pas une rue de Morlaix ou de Tomsk, ce n’est même pas tout à fait une rue de cette planète puisqu’il s’agit d’une avenue du monde imaginaire construit par l’auteur portugais de bande-dessinée Jose Carlos Fernandes dans son album Le plus mauvais groupe du monde (Cambourakis, 2009). Je remercie Anatole Lucet d’avoir attiré mon attention sur ce petit détail.

Dans ce monde, qui semble tout droit sorti d’un roman de Borgès, et où les personnages, qui portent des noms qui rappellent l’Europe centrale, exercent des professions telles que « denteleur de timbres », « contrôleur municipal de briquets », « vérificateur météorologique » ou encore « cryptographe de seconde classe », l’avenue Bakounine croise l’avenue Thomas More. Au carrefour de ces deux artères, un « kiosque de l’utopie » a été installé, destiné à recueillir les suggestions des citoyens, suggestions qui ne sont jamais ramassées et dont on peut soupçonner qu’elles tombent dans un puits sans fond…

Je vous laisse découvrir les autres séquences où apparaît l’avenue Bakounine, dont je remarque simplement qu’elle semble, telle la rue Bakounine de Morlaix, avoir été plus ou moins tracée au milieu d’un no man’s land !

Spaghetti à la Bakounine

spaghettiAprès le pudding Salvator, concocté par Joseph Favre et dégusté à la fin de sa vie par Bakounine, je prends connaissance par René Fugler d’une autre recette bakouninienne : les « Spaghetti a la Bakunin ». René a trouvé cette recette dans un ouvrage récemment paru aux Editions générales First, La Cucina della mamma. Recettes authentiques des grands-mères italiennes (collectif, 414 p., 17,90 euros) – bien qu’en l’occurrence il s’agisse d’une recette mise au point par un homme. Cette référence se trouve sur le site anarlivre.

Le texte de présentation de cette recette indique que Bakounine « arriva en Italie en 1862 et tissa des liens avec Carlo Cafiero , Saverio Friscia, et Giuseppe Fanelli, avec lesquels il élabora les sujets qui allaient être la cause de la scission avec la branche marxiste de la Première Internationale ». En fait, Bakounine n’arriva en Italie qu’en 1864, mais peu importe en l’occurrence. C’est un dénommé Vella, peintre d’Agrigente et fervent admirateur de Bakounine, qui lui dédia cette recette sicilienne.

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Bakounine et le Souvarine de Germinal

terzieff_souvarineLe hasard de mes recherches (s’il en est un) m’a fait rencontrer l’ouvrage d’Émile de Laveleye, Le socialisme contemporain, Paris, 1881 et m’a conduit à me demander si Bakounine n’avait pas encore servi de modèle à un personnage littéraire, en l’occurrence celui de Souvarine dans Germinal de Zola. L’image qui illustre ce billet est tirée de la version cinématographique proposée par Claude Berri en 1993, non que j’apprécie particulièrement ce film, mais parce que le rôle de Souvarine y est tenu par Laurent Terzieff, comédien que j’aimais beaucoup et qui est récemment décédé. On trouvera ici un passage assez représentatif de ce personnage caricatural d’anarchiste mis en scène par Berri. Quoi qu’il en soit, comment passe-t-on d’un ouvrage sur le socialisme contemporain à Zola en passant par Bakounine?

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Comme tant de personnages intéressants, mais aussi comme l'anarchisme, dont il est considéré à raison comme l'un des fondateurs modernes, le révolutionnaire russe Michel Bakounine (1814-1876) a mauvaise réputation : apôtre de la violence, faible théoricien, radicalement extérieur au champ intellectuel européen, on ne compte plus les griefs qui lui sont adressés.
Toute une partie de ce blog consistera d'abord à corriger cette image, erronée non seulement parce qu'elle consiste à projeter sur la personne de Bakounine les fantasmes construits à propos de l'ensemble du mouvement anarchiste, mais aussi parce que Bakounine n'est pas seulement l'un des premiers théoriciens de l'anarchisme. En consacrant ce blog à Bakounine, nous entendons ainsi présenter toutes les facettes de sa pensée et de sa biographie, depuis les considérations familiales de ses premières années jusqu'aux développements théoriques anarchistes des dernières, en passant par son inscription momentanée dans la gauche hégélienne et par son panslavisme révolutionnaire. Nous nous permettrons également quelques excursus, dans la mesure où ils pourront contribuer à éclairer la biographie et la pensée de notre cher Michka ! Le tout sera fonction des envies, de l'actualité, des réactions de lecteurs, et contiendra autant que possible de la documentation sous forme d'images et de textes.
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