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Un portrait italien de Bakounine
Misha Tsovma m’a transmis ce portrait de Bakounine. Il semble qu’il soit attribué au peintre italien Plinio Nomellini. Celui-ci est un représentant d’un courant néo-impressionniste proche du pointillisme, le divisionnisme, fondé par Seurat en 1884. Si j’en crois wikipedia, il s’agissait pour les peintres de ce courant d’appliquer sur un support de petites taches de couleur pure, de telle sorte que le mélange soit produit dans la perception du spectateur et que le maximum de luminosité soit ainsi atteint. Je signale ces éléments d’histoire de l’art aussi parce que réaliser un portrait divisionniste d’un auteur qui fit à plusieurs reprises l’éloge paradoxal de la division me semble parfaitement approprié.
Comme d’autres portraits de Bakounine, celui-ci a donc été peint, non pas d’après modèle, ni même d’ailleurs d’après photo, mais d’après l’idée que son auteur se faisait du révolutionnaire russe. Après tout, c’est aussi le cas des deux bustes de Korolev dont j’ai parlé dans de précédents articles (ici, et là), mais aussi, à ma connaissance, d’au moins un tableau russe qui représente l’arrestation de Bakounine d’une manière tout à fait fantaisiste.
On pourrait d’ailleurs, me semble-t-il, partager l’iconographie bakouninienne en trois catégories, qui correspondent à autant de périodes. Tout d’abord les portraits effectués de son vivant (photographies, dessins, peintures), et qui relèvent souvent davantage du document que de l’œuvre d’art. Ensuite ceux qui ont été réalisés dans les décennies qui ont suivi sa mort par des personnes qui ne l’ont pas côtoyé et qui ont davantage peint l’idée qu’ils accolaient au nom de Bakounine que le révolutionnaire russe lui-même. Le portrait de Nominelli entre dans cette catégorie, mais c’est aussi le cas, à mon avis, des deux bustes réalisés par Korolev. Enfin, depuis les années 60, on voit réapparaître des portraits de Bakounine, ce qui coïncide avec un regain d’intérêt pour l’anarchisme et son histoire, mais aussi à la plus large diffusion des documents photographiques : les portraits de cette période, réalisés d’après photo, ont en même temps souvent une coloration contemporaine qui indique qu’à travers Bakounine, c’est l’anarchie, telle qu’elle est perçue aujourd’hui, qui est peinte. J’en donnerais quelques exemples dans de prochains articles de cette nouvelle rubrique.
Colifichets bakouniniens (2) : un T-shirt…
Il y a de cela un an et demie, Marianne Enckell, du CIRA de Lausanne, m’a offert ce T-shirt à l’effigie de Mikhaïl Alexandrovitch. Comme il est indiqué dessus, ce magnifique article de prêt-à-porter a été confectionné pour la première édition, en 2001 à Bologne, de la biennale Art et Anarchie, également intitulée « ApaARTe°, materiali irregolari de cultura libertaria », qui s’est tenue à Bologne du 14 au 16 septembre 2001 (on retrouvera ici l’affiche de cette 1ère édition, et ici celle de la suivante).. Les éditions suivantes de cette biennale eurent lieu à Venise (2003), Raguse (2005) et Naples (2009). A ma connaissance, il n’y en a pas eu en 2011. On trouvera ici un article en italien sur la 1ère édition de cet événement.
Je ne connais pas l’auteur du portrait de Bakounine qui est reproduit sur ce T-shirt, et je n’ai pas trouvé de renseignements à son propos sur Internet. Si quelqu’un en a, je suis évidemment preneur, d’autant que je compte ouvrir sur ce blog une section iconographie !