Articles avec le tag ‘Lyon’
Misha Tsovma à Lyon
Au mois de décembre, j’ai reçu la visite à Lyon de Misha Tsovma, dans le cadre de la préparation de son documentaire sur Bakounine et sur ceux qui s’intéressent à lui de par le vaste monde. La photo qui illustre ce papier a bien entendu été prise sur la place des Terreaux, devant cet hôtel de ville qui vit se dérouler la tentative d’insurrection du 28 septembre 1870, et comme le hasard fait parfois bien les choses, ladite place était ornée du fameux A cerclé.
En venant à Lyon, Misha était en quête d’endroits à filmer par lesquels Bakounine serait passé. Bien entendu, les choses ne sont pas si simples: plusieurs de ces endroits n’existent plus, et pour d’autres il est devenu difficile d’en connaître l’adresse exacte. Pour l’essentiel nous nous sommes rendu en 4 endroits: Lire la suite de cette entrée »
Bakounine à Lyon: chronologie des événements
Étant donné la quantité d’approximations, voire de falsifications délibérées dont a fait l’objet le passage de Bakounine à Lyon en septembre 1870, il semble important de revenir rapidement sur la chronologie des faits.
Le contexte est le suivant: depuis le 19 juillet 1870, la France du Second Empire est en guerre contre la Prusse de Bismarck, alliée à un certain nombre d’États allemands qu’elle va bientôt unir sous la férule du 2ème Reich. Très vite, ce conflit tourne à la catastrophe pour les armées impériales, le point d’orgue de cette débandade étant la prise de Sedan le 2 septembre 1870. Lorsque la nouvelle de la capitulation de Napoléon III arrive dans le reste du pays (dans l’après-midi du 3 septembre à Paris), la République est proclamée, d’abord à Lyon, dans la matinée du 4 septembre, puis à Paris.
Bakounine à Lyon selon Marx et Engels
Raconté par Marx et Engels, le passage de Bakounine à Lyon donne la chose suivante:
« Le mouvement révolutionnaire de Lyon venait d’éclater. Bakounine d’accourir rejoindre son lieutenant Albert Richard et ses sergents Bastelica et Gaspard Blanc. Le 28 septembre, jour de son arrivée, le peuple s’était emparé de l’hôtel de ville. Bakounine s’y installa : alors arriva le moment critique, le moment attendu depuis bien des années, où Bakounine put accomplir l’acte le plus révolutionnaire que le monde ait jamais vu : il décréta l’abolition de l’État. Mais l’État, sous la forme et l’espèce de deux compagnies de gardes nationaux bourgeois, entra par une porte qu’on avait oublié de garder, balaya la salle, et fit reprendre à la hâte le chemin de Genève à Bakounine. »
Il y a 140 ans: Bakounine à Lyon
Il y a 140 ans, avait lieu l’insurrection de la place des Terreaux, dans le cadre de ce que l’on appelle parfois la première Commune de Lyon. Bakounine participa grandement à cette insurrection, au point que toutes sortes de récits relevant plus ou moins du racontar ont été colportés sur cet épisode. Comme je me trouve plus ou moins à Lyon, et que ce blog est hébergé par un éditeur libertaire lyonnais, il m’a semblé important de marquer le coup. Aussi me proposé-je dans de prochains billets:
1) de voir, dans la rubrique « mauvaise réputation », la manière dont cet épisode a été reconstruit par Marx et Engels dans leur correspondance, au point que leur version, reposant pourtant largement sur un mélange d’exagération, de mépris et de vision fantasmatique du personnage de Bakounine, en est venue à valoir pour la seule autorisée ;
2) de tenter de restaurer la chronologie des événements, en tout cas pour ce qui concerne Bakounine, notamment à partir des travaux de Fernand Rude et de l’équipe d’Arthur Lehning à l’IISG ;
3) de voir ce que Bakounine lui-même a pu raconter au sujet de cet événement dans sa correspondance, mais aussi en amont lorsqu’il considérait que le soulèvement de la ville de Lyon pouvait entrer dans ses plans révolutionnaires.
Dans l’immédiat, je me demande si la prise de l’hôtel de ville et sa redécoration avec une banderole « Bakounine, reviens, les bourgeois sont toujours là! » ne serait pas une bonne idée…