Bakounine: sauvage, barbare ou civilisé?
A la lecture de certains textes de Bakounine, on est frappé par les différents usages qu’il fait du mot « barbare ». Sommairement, on peut avoir l’impression qu’il utilise ce terme dans deux registres bien distincts : d’une part, d’une manière assez banale, il en use dans son acception morale, lorsqu’il s’agit de dénoncer des actes de barbarie ; d’autre part, et c’est cela qui est frappant, il en fait localement un usage positif, allant jusqu’à se présenter lui-même, en tant que Russe, ou en tant que Slave, comme un barbare. Mais si l’on y regarde de plus près, il n’est pas certain que les choses soient aussi tranchées : dans le cas de la Russie, par exemple, il n’est pas rare que Bakounine utilise l’ambiguïté de cette notion (notion morale et « ethnographique », disons) pour souligner que la barbarie du pouvoir impérial s’explique pour partie par son origine tartare – la difficulté dans ce cas précis étant que ce pouvoir est en fait un pouvoir « knouto-germanique », alliance monstrueuse de la barbarie tartare et de la civilisation de l’État germanique. Dans ce billet je me propose donc, après avoir fourni quelques repères sur l’histoire, ancienne et moderne, de la notion de barbarie, et sur la base d’un recensement systématique des usages de la notion de barbarie chez Bakounine, de dresser un tableau synthétique et de creuser l’usage positif que Bakounine en fait.
Bakounine dans le Plan B
Dans le dernier numéro du Plan B, il est brièvement question de Bakounine, dans la rubrique p. 14 « L’histoire n’est pas finie ». Le problème, c’est que l’honorable organe de la Sardonie libre reproduit une erreur qu’on trouve un peu partout sur le Catéchisme révolutionnaire. Malheureusement, il semblerait que la boîte mail de la rédaction soit pleine jusqu’au gosier (il semblerait que la progression vertigineuse des ventes du Plan B ait conduit son équipe dans la débauche la plus effrénée, de sorte qu’ils ne consultent plus leur boîte mail). Du coup, je copie ici le petit mot que j’ai tenté de leur envoyer.
L’Atelier de Création Libertaire a 30 ans
Et maintenant, une page de publicité, avec deux nouvelles, une mauvaise et une bonne.
La mauvaise, c’est que le titre de ce billet ressemble à une chanson de Vincent Delerm (qui grâce à la déconfiture de l’industrie musicale commence enfin à ne plus exister, ce dont on ne peut que se réjouir).
La bonne, c’est qu’à l’occasion de ses trente ans, tous les livres publiés par l’ACL peuvent être commandés à moitié prix, et cela jusqu’au 31 décembre 2009 – cela vaut notamment pour La liberté des peuples – Bakounine et les révolutions de 1848, mais pour tout le reste aussi.
Pour bénéficier de cette offre, il suffit de suivre les instructions contenues dans ce lien.
Je joins également à ce billet le communiqué de l’ACL à l’occasion de ses trente ans.
Bakounine au Japon
Remontons de quelques semaines dans le temps. Avant d’arriver à San Francisco, Bakounine a séjourné deux semaines au Japon, plus précisément à Hakodate (port qui venait d’être ouvert sur l’île septentrionale d’Hokkaido, mais où les étrangers n’étaient pas admis, de sorte qu’il dut rester sur le bateau) et Yokohama (qui fut la seule ville japonaise où il mit les pieds). Contrairement à son passage par l’Amérique du Nord, ce bref séjour n’a guère laissé de trace. Il existe toutefois sur cette question un long article, en deux parties, de Philipp Billingsley, de l’Université de Saint-Andrews (Ecosse). Cet article m’a été signalé par Mikhail Tsovma, que je tiens à remercier (je serai certainement amené à reparler de Mikhail dans un prochain billet).
S’agissant de l’illustration de ce billet, il s’agit d’un dessin de Charles Wirgman paru dans The Illustrated London News et qui relate l’attaque de la légation britannique au Japon (située dans le temple Tozenji à Tokyo) le 5 juillet 1861 par une bande de ronin (chevaliers sans maître) hostiles à la présence des occidentaux – soit un mois avant l’arrivée de Bakounine dans le pays. C’est que le Japon de l’époque est agité de troubles qui prennent notamment pour cible les occidentaux présents au Japon. Ces troubles ne cesseront qu’avec la restauration Meiji à partir de 1868. Dans le même temps, de nombreuses révoltes paysannes éclatent contre les grands propriétaires terriens.
Bakounine en Amérique
En septembre 1861, Bakounine se trouve depuis quatre années en Sibérie, où il a été exilé après avoir été libéré de la forteresse où il croupissait depuis 1851. C’est alors que s’offre à lui une possibilité de fuite qu’il ne manque pas de saisir. Profitant de la baisse de vigilance de ceux qui sont chargés de le surveiller (mais aussi sans doute de leur caractère corruptible), il se rend sur l’Océan Pacifique, où le capitaine d’un bateau américain en partance pour le Japon a accepté de le prendre à son bord. Il arrive à Yokohama, et de là embarque sur le Carrington, un bateau qui l’amène à San Francisco. C’est là le début d’un tour du monde qui s’achèvera à la fin du mois de décembre 1861, lorsque Bakounine arrivera à Londres, dans la maison de son ami l’écrivain et réformateur russe Alexandre Herzen.
Bakounine et Schopenhauer
Né en 1814 et mort en 1876, Bakounine s’est confronté à presque tous les philosophes du siècle : d’abord fichtéen, puis hégélien, il a abondamment fait usage, dans sa maturité, des philosophies de Comte et de Feuerbach et a eu Marx pour meilleur ennemi. Mais qu’en est-il au juste de celui qu’on présente, peut-être à tort, comme le plus marginal de tous les philosophes du XIXe siècle, Arthur Schopenhauer ?
On trouve en tout trois références à Schopenhauer dans toute l’œuvre de Bakounine.
Une soirée chez Antigone
Dans le cadre de la tournée de propagande pour La liberté des peuples – Bakounine et les révolutions de 1848, une rencontre était organisée à Antigone, café-bibliothèque-librairie à Grenoble ce mercredi 14 octobre à 20h. Antigone, c’est une association vouée à l’agitation artistique en milieu populaire, mais c’est aussi un lieu chaleureux où l’on peut boire un verre, lire de la littérature militante, acheter des livres d’éditeurs indépendants (à dominante libertaire, mais pas exclusivement), ou… rencontrer des auteurs.
René Berthier
A l’occasion du débat organisé à Publico le 3 octobre, j’ai fait la connaissance de René Berthier, ce qui m’a permis de me rendre compte que j’étais passé à côté de ce qui s’était écrit de mieux en français sur Bakounine.
En effet, je ne connaissais de René Berthier que le livre Bakounine politique – Révolution et contre-révolution en Europe centrale, publié en 1990 aux Editions du Monde Libertaire, livre intéressant mais qui ne portait que sur un aspect très précis de l’activité de Bakounine à partir de la fin des années 1860. Or René Berthier m’a appris que cet ouvrage n’était en fait qu’une petite partie du travail qu’il avait mené sur l’oeuvre de Bakounine, travail qui est désormais intégralement disponible sur son site internet (que j’ajoute à la liste de liens). Lire la suite de cette entrée »
Un après-midi rue Amelot
Dans le cadre de la tournée de propagande pour le livre La liberté des peuples – Bakounine et les révolutions de 1848 publié aux éditions de l’ACL, une rencontre était organisée à la librairie Publico, rue Amelot à Paris, ce samedi 3 octobre après-midi, faisant suite à l’émission du matin sur Radio Libertaire.
Une vingtaine de personnes était présente, ce qui suffisait à bonder la petite arrière-salle de la librairie. Ce fut l’occasion pour moi de faire quelques rencontres et de voir un peu la manière dont des textes de Bakounine, dont on pourrait croire qu’ils n’ont guère qu’un intérêt historique et documentaire, peuvent encore résonner avec l’actualité politique et militante…
Podcaster « La liberté des peuples »
Il est possible jusqu’à samedi prochain (10 octobre) d’écouter l’émission « La philanthropie de l’ouvrier charpentier » consacrée à La liberté des peuples – Bakounine et les révolutions de 1848 sur le site de Radio Libertaire. Il paraît qu’on appelle ça du podcast. C’est un fichier mp3 de 1h30 et 64Mo, et l’émission commence effectivement au bout de 8 minutes.
Mais si vous débarquez sur ce blog en retard et que vous tenez absolument à entendre l’émission, elle est aussi sauvegardée sur le site de l’ACL: Emission radio libertaire du 3 octobre 2009