« La liberté des peuples » sur Radio Libertaire
Samedi 3 octobre, entre 10h et 11h30, j’irai causer de La liberté des peuples – Bakounine et les révolutions de 1848 sur Radio Libertaire, dans l’émission « La philanthropie de l’ouvrier charpentier » (fameuse contrepèterie, soit dit en passant). La chose est annoncée ici :
http://rl.federation-anarchiste.org/spip.php?breve2708
Quand on habite à Paris, Radio Libertaire s’écoute sur la fréquence FM 89.4. Et quand on n’habite pas à Paris, ce qui reste tout de même une mode assez répandue, on peut malgré tout l’écouter via le site internet de Radio Libertaire :
Tournée de propagande pour La liberté des peuples
Le livre paru aux éditions de l’ACL, La liberté des peuples – Bakounine et les révolutions de 1848 fera l’objet de deux présentations publiques suivies chacune d’un débat.
– Paris: Le samedi 3 octobre 2009 à la librairie Publico, à partir de 16h30 (la date est annoncée sur leur site). La librairie Publico, c’est 145 rue Amelot, dans le 11ème arrondissement, métro République (lignes 3, 5, 8, 9 et 11) ou Filles du Calvaire (ligne 8 )
– Grenoble: Le mercredi 14 octobre 2009 à 20h à Antigone, café-bibliothèque-librairie situé au 22, rue des Violettes et accessible par la ligne C du Tram, arrêt « Vallier-Catane » ou « Docteur Calmette ». Plus de renseignements sur le site internet d’Antigone
Un petit texte de présentation pour ces deux débats:
Bakounine, modèle de Roudine?
En 1855, alors que Bakounine, à l’occasion de la guerre de Crimée, vient d’être déplacé de la forteresse Pierre-et-Paul vers celle de Schlüsselburg, Ivan Tourgueniev, qui fut son ami de jeunesse, publie Dimitri Roudine. Ce roman raconte l’histoire de Dimitri Roudine, jeune intellectuel russe, pétri de philosophie allemande, exerçant sur son entourage une influence considérable, et cherchant à jouer un rôle politique, mais qui en vient à échouer par méconnaissance de la réalité de son propre pays et de la nature humaine. La mort de Roudine est le symbole même de cet échec, puisque Roudine meurt sur les barricades à Paris en 1848. Auparavant, Roudine aura séduit Natalia, fille d’une aristocrate retirée à la campagne, éveillant en elle des sentiments auxquels il est incapable de répondre. Quant à son engagement français, il ne sera pas le fruit d’une conviction passionnée, mais d’une résignation.
Bakounine est censé avoir inspiré ce personnage. Qu’en est-il exactement?
Bakounine et Machiavel
Machiavel et Bakounine partagent dans l’histoire des idées le triste sort d’être souvent mentionnés, parfois passionnément haïs mais à peu près jamais lus: lorsque Bakounine est accusé d’être le théoricien du terrorisme, l’apôtre du déchaînement de la violence, Machiavel se trouve traité en théoricien de la raison d’État, en auteur pour qui « la fin justifie les moyens ».
Que se passe-t-il dès lors quand Bakounine parle de Machiavel? Cela signifierait-il qu’il l’a lu? Répète-t-il ce que d’autres ont raconté? Quelques éléments de réponse tirés d’un passage en revue des mentions de Machiavel dans les écrits et la correspondance de Bakounine.
Camarade Vitamine!
En 1969, dans sa chanson Le chien, Léo Ferré s’écrie:
Et si vraiment Dieu existait?
Comme le disait Bakounine
Ce Camarade Vitamine
Il faudrait s’en débarrasser!
Cette chanson a elle-même une histoire assez complexe: Ferré l’a enregistrée une première fois en 1969 à New York avec des musiciens de deux excellents groupes de jazz rock, le Mahavishnu Orchestra (groupe de John McLaughlin) et Weather Report (le groupe de Joseph Zawinul). Cette version est restée inédite, et Ferré a de nouveau enregistré la chanson en 1971 avec le groupe de rock Zoo pour l’album La solitude.
Mais d’où vient le propos qui est prêté à Bakounine dans cette chanson? Lire la suite de cette entrée »
Quelques jugements sur Bakounine comme théoricien
Au cœur de l’été, quelques jugements définitifs sur Bakounine comme théoricien : de quoi vous dégoûter, pour le cas où vous n’auriez pas encore été effrayés…
Isaiah Berlin, Les penseurs russes, Paris, Albin Michel, 1984:
« Ce n’est pas un penseur sérieux. Il n’est ni un moraliste, ni un psychologue. Il ne faut chercher chez lui ni théorie sociale, ni doctrine politique, mais une façon de voir et un tempérament. Point d’idées cohérentes à extraire de ses écrits, en aucune de ses périodes. » (p. 152).
« Bakounine, l’ami officiel de la liberté absolue, n’a pas légué une seule idée qui mérite d’être considérée en elle-même » (p. 154).
Tchijevski, Hegel en Russie, Paris, 1939 (en russe) :
« Le nihilisme anti-philosophique de la dernière période de Bakounine n’a pas de rapport avec l’histoire de la philosophie. »
Basile Zenkovsky, Histoire de la philosophie russe, Gallimard, 1953, t. 1:
A propos de la philosophie anarchiste développée par Bakounine après 1864: « Médiocre programme d’Aufklärung » (p. 286)
Question nationale, question sociale
L’activité révolutionnaire de Bakounine peut être sommairement partagée entre deux périodes: l’une au cours de laquelle il s’occupe essentiellement de la question des nationalités en Europe, en particulièrement de la question slave (1845-1863), l’autre, bien mieux connue, où il est actif sur le terrain de la révolution sociale (1864-1874). Toutefois, l’originalité de Bakounine parmi les révolutionnaires du XIXe siècle consiste à avoir toujours eu en tête ces deux questions, à l’articulation desquelles je souhaiterais consacrer les billets de cette rubrique. En somme, quels sont les problèmes politiques et historiques concrets (au XIXe siècle, on parlait alors de la question des nationalités et de la question sociale) sur lesquels l’activité théorique et pratique de Bakounine a tenté d’avoir prise?
Bakounine dans « Il était une fois la révolution »
Un ouvrage de Bakounine apparaît dans Il était une fois la révolution de Sergio Leone (1971). À la suite d’une discussion animée avec son compère mexicain Juan Miranda (joué par Rod Steiger), le personnage du révolutionnaire irlandais Sean Mallory (James Coburn) laisse tomber par terre le livre qu’il était en train de lire: Bakunin, The Patriotism. On peut regarder cette scène sur youtube (elle se trouve environ 8mn après le début de la video qui, malheureusement, est en VF). Si vous avez le DVD dans la version uncut, cela se trouve 1h18 après le début du film.
Cette scène pose deux problèmes distincts. Un problème philologique d’abord: de quel ouvrage précisément s’agit-il, puisque Bakounine n’a jamais écrit un ouvrage qui s’appellerait Le patriotisme? Un problème d’exégèse ensuite: que signifie cette scène, pourquoi un patriote irlandais est-il en train de lire ce que Bakounine a écrit sur le patriotisme, et pourquoi jette-t-il l’ouvrage dans la boue au cours de la discussion?
Bakounine et la philosophie
Dans cette rubrique du blog, je souhaiterais m’intéresser aux rapports que Bakounine a entretenus avec la philosophie, non seulement parce que j’ai moi-même une formation de philosophe, mais aussi parce que le rapport de Bakounine à la philosophie fait partie des éléments qui sont le plus constamment minorés par les commentateurs. Je reviendrai d’ailleurs dans un prochain billet sur la mauvaise réputation de Bakounine comme théoricien.
Alors, Bakounine philosophe? Non, et lui-même a très vite cessé de nourrir la moindre ambition sur ce terrain. Mais dire cela, ce n’est pas encore régler la question de ses rapports à la philosophie. Dans les prochains billets de cette rubrique, je reviendrai sur les différents aspects de la question, à savoir: que Bakounine a reçu une formation philosophique, qu’il a rompu avec la philosophie, qu’il s’en est tenu éloigné pendant plus de 20 ans, puis qu’il a décidé de combattre aussi sur ce terrain dans la dernière période de son œuvre. Lire la suite de cette entrée »
Bakounine dans l’Histoire du terrorisme de Blin et Chaliand
La 4ème de couverture ne pouvait que me mettre l’eau à la bouche: dans l’Histoire du terrorisme qu’ils avaient dirigée, Gérard Chaliand et Arnaud Blin étaient censés avoir « réunis [sic] pour ce livre les discours, manifestes, et autres textes théoriques des acteurs principaux du terrorisme, de Bakounine à Ben Laden, la plupart inédits en français. » De Bakounine à Ben Laden? Voilà qui promettait… Et d’une certaine manière, on n’est pas déçu.
Le projet même d’un ouvrage prétendant faire l’histoire de quelque chose qui serait le terrorisme et dont on pourrait suivre le développement dans l’histoire (« de l’Antiquité à Al Qaida », annonce fièrement le sous-titre de l’ouvrage), mériterait pour le moins d’être discuté. Je me suis concentré pour ma part sur les deux contributions qui évoquent Bakounine: celle d’Olivier Hubac-Occhipinti sur « Les terroristes anarchistes du XIXe siècle » (p. 125-144), et celle d’Yves Ternon sur « Le terrorisme russe (1878-1908) » (p. 145-188), ainsi que sur un texte fourni en annexe de l’ouvrage par Arnaud Blin et présenté comme une contribution de Bakounine intitulée « Révolution, terrorisme et banditisme » (p. 520-522). Mais il n’est pas impossible que l’on puisse tirer du traitement réservé à Bakounine des conclusions plus générales sur le sens et la valeur des ouvrages de cette sorte. Lire la suite de cette entrée »