Usual Suspect : la police brésilienne recherche Bakounine

bakrechPlusieurs sources concordantes (ici, ici, et aussi ici) indiquent que le dangereux activiste Michel Bakounine est recherché par la police brésilienne pour sa récente participation aux manifestations qui ont entouré le mondial de foot au Brésil. Bakounine fait en effet partie d’une liste de 18 militants anarchistes suspectés de violences lors des récentes émeutes dans ce pays. Une rumeur persistante indique cependant que l’individu en question se cacherait en Suisse, plus précisément à Berne, quelque part sous terre, depuis 138 ans…

L’avis de recherche ci-contre est un détournement qui circule actuellement sur les « réseaux sociaux » brésiliens.

À l’origine de ce fichage post-mortem, il y aurait l’interception par la police brésilienne d’une conversation téléphonique de Camila Jourdan, Professeure à l’Université de Rio, qui mentionnait le nom du révolutionnaire russe. Ne sachant pas de qui il s’agissait, les autorités brésiliennes en ont directement fait l’un de leurs suspects n°1. Visiblement, nous indiquent les mêmes sources, ce n’est pas la première fois que ladite police commet ce genre d’anachronisme, puisqu’au temps de la dictature militaire, de fins limiers du Département de l’ordre politique et social s’étaient échinés à retrouver la trace d’un certain Karl Marx, dont il était beaucoup question parmi les opposants.

Keep diggin’ !

Colifichets bakouniniens (6) : une carte postale

bakcarteAprès l’enveloppe, la carte postale…

Celle-ci n’émane pas exactement de ce milieu de petits rigolos qui s’amusent à fabriquer toutes sortes de petits objets à l’effigie de Michel Bakounine, mais s’inscrit dans le cadre d’une commémoration officielle, qui n’est pas celle des 200 ans de l’anarchiste russe, mais celle des 200 ans de relations diplomatiques entre la Russie et la Confédération Helvétique. À cette occasion, ont été éditées en Russie, mais à l’initiative de l’ambassade de Suisse à Moscou, des cartes postales à l’effigie des Russes les plus célèbres qui avaient séjourné en Suisse depuis l’instauration de ces relations. Figure à nouveau sous le dessin une phrase en russe que je ne parviens pas à traduire correctement. Au dos de cette carte, on trouve le logo du musée Bakounine de Priamoukhino, auquel il est ainsi fait de la publicité. Lire la suite de cette entrée »

Colifichets bakouniniens (5) : un badge

bakbadgedrtToujours dans la série des colifichets ramenés de Priamoukhino, voici le badge qui fut distribué à tous les participants à la conférence organisée pour le bicentenaire de la naissance de Michel Bakounine. Des personnes plus spécialisées que moi me corrigeront peut-être, mais il me semble que le badge a quelque chose de furieusement années 80 (le pin’s étant, lui, l’emblème des années 90), d’autant qu’il ne s’agit pas ici de la petite étiquette que les universitaires ont coutume de s’accrocher au revers de la veste ou à la poche de la chemise lors de leurs colloques, afin de pouvoir s’identifier respectivement, mais de l’objet même de la conférence. Pour ma part, je trouve que cela constitue une sorte de pont entre l’anarchisme révolutionnaire du XIXe siècle et la culture punk de la fin du XXe siècle (Bakunin was a punk rocker !).

Colifichets bakouniniens (4) : un mug et du thé

mugbakfaceInévitablement, la conférence de Priamoukhino a enrichi ma collection de colifichets bakouniniens de quelques articles supplémentaires. Je commence aujourd’hui par deux objets qui vont ensemble : un mug réalisé spécialement pour l’occasion du bicentenaire de la naissance de Michel Bakounine, et du thé de Priamoukhino qui fut distribué aux participants par la compagne de Sergueï Gavrilovitch. Lire la suite de cette entrée »

Impressions de Priamoukhino (3): les gens

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Je poursuis la relation de mes impressions de Priamoukhino en évoquant les personnes que j’y ai rencontrées. Il ne s’agit pas seulement de parler des personnes qui ont livré une communication à la conférence, mais aussi des organisateurs, et des personnes qui habitent Priamoukhino (quelques mois par an, comme Misha dans son isba, qui figure ci-contre en photo, ou pour la vie). Plus que tout autre événement de ce genre, la conférence de Priamoukhino a aussi été une expérience de vie, ou plutôt, elle est connectée à une expérience de vie qui se poursuit maintenant depuis plusieurs années – je veux parler de l’organisation annuelle de conférences sur place, de la présence récurrente d’anarchistes dans le village, notamment au cours des mois d’été, et de la connexion qu’ils ont établie avec quelques habitants. Pour celles et ceux qui voudraient faire connaissance avec ce contexte, dans une prose autrement plus émouvante que la mienne, je recommande à nouveau le livre de Vassili Golovanov, Éloge des voyages insensés (traduit aux éditions Verdier), qui s’ouvre précisément sur une visite du domaine des Bakounine à Priamoukhino (acceptez de glisser sur quelques erreurs historiques pour goûter tout le sel de cette prose). Pour l’heure, ce qui m’intéresse, c’est le rapport que ces expériences et événements entretiennent avec la figure de Michel Bakounine. Lire la suite de cette entrée »

Impressions de Priamoukhino (2): les lieux

rivpriamIl n’y a pas que les colloques, conférences, symposiums et autres congrès, dans la vie, et c’est heureux, et même ces événements ont leurs à-côtés, qui sont souvent tout aussi intéressants, sinon davantage, que le contenu des propos énoncés ex cathedra. Il s’agit des lieux dans lesquels se déroulent ces événements, et des gens que l’on y rencontre. Il est vrai que parfois, les participants à des colloques universitaires ne viennent que pour prononcer leur communication, ne voient pas la ville dans laquelle ils parlent, ni les gens auxquels ils s’adressent, au point qu’on pourrait se demander si une simple retransmission sur écran de leur intervention n’aurait pas suffi. Il est sans doute vrai aussi que parfois, on n’a pas le choix, mais cela n’en est que plus triste. Lire la suite de cette entrée »

Impressions de Priamoukhino (1) : la conférence

priamoukhinoJe continue mon compte-rendu de la conférence internationale tenue à Priamoukhino, village natal de Michel Bakounine, à l’occasion du bicentenaire de sa naissance, avec un billet rendant compte du déroulement de la conférence.

Quelques mots d’abord sur la conférence en général, avant d’évoquer quelques interventions en particulier. L’événement était préparé de longue date par les quelques militants qui séjournent régulièrement dans le village, et qui pour certains d’entre eux y ont même fait l’acquisition de l’une des nombreuses isbas abandonnées, en ruine, ou vendues par leurs propriétaires ruinés et alcooliques.

bakuninbusrotatedNous sommes partis de bon matin de Moscou par un car spécialement affrété pour l’événement (ci-contre, une photo du Bakunin Bus – que vous pourrez, à votre gré, renommer Magic Bakunin Bus, ou Bakunin Mystery Bus), et notre groupe de participants (conférenciers et autres) s’est élargi en chemin à quelques jeunes anarchistes montés à Tver’ et à Torzhok. Après six bonnes heures de car, la conférence a pu commencer dans les locaux de la petite école du village, dont la cantine avait également été mise à contribution pour l’occasion. Lire la suite de cette entrée »

Bakounine et le rôle révolutionnaire des déclassés

badgeresized[Je reproduis ici le texte de ma contribution à la récente conférence qui tenue à Priamoukhino, village natal de Bakounine, à l’occasion du bicentenaire de sa naissance. Il s’agit ici du texte original, que Misha Tsovma a traduit en russe à des fins de surtitrage, pendant que je lisais une version anglaise, nettement moins bonne puisque concoctée par mes soins – pour une fois les locuteurs anglophones sont donc désavantagés par rapport aux francophones et aux russophones. Une version de ce texte devrait paraître en russe dans les prochains mois, et une version abrégée a peut-être déjà été publiée dans une revue anarchiste russe, si j’ai tout bien compris (en tout cas, je me renseigne)… L’image ci-contre est une reproduction d’un badge avec mon nom transcrit en russe, fabriqué par les organisateurs de la conférence.] Lire la suite de cette entrée »

Priamoukhino 2014 : demandez le programme !

p1100200resizedrotatedPremier d’une série de billets sur Priamoukhino 2014 !

D’autres billets suivront : d’abord un compte-rendu subjectif de la conférence et de ce qui l’a accompagnée, puis le texte de mon intervention (qui a été prononcée en anglais mais qui avait été originellement écrite en français), puis sans doute un photo-reportage sur les lieux de la conférence, et enfin une nouvelle collection de colifichets bakouniniens, puisque ma collection s’est évidemment enrichie à cette occasion.

De retour de la conférence internationale qui s’est tenue les 12 et 13 juillet 2014 à Priamoukhino, village natal de Bakounine, à l’occasion du 200ème anniversaire de ce dernier, je vais toutefois commencer par désannoncer (comme on dit à la radio pour une chanson qui vient d’y être diffusée) le programme à peu près complet de ladite conférence, en retraduisant depuis l’anglais. L’ordre dans lequel les communications sont mentionnées n’est pas celui dans lequel elles ont été prononcées, le programme ayant dû être légèrement modifié pour permettre au plus grand nombre possible de communications d’être traduites. Ce fut par exemple mon cas: je devais parler le premier après-midi, et j’ai finalement prononcé mon texte le lendemain après-midi, presque à la conclusion de la conférence.

Les différentes contributions étaient prononcées en russe ou en anglais, et dans la mesure du possible, elles étaient surtitrées respectivement en anglais ou en russe, avec parfois de la traduction simultanée. Toutes devraient faire l’objet d’une publication, au moins en russe, au cours des prochains mois.

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Antoni Kamiński

kaminist1Alors que je tente, après quelques mois passés la tête sous l’eau, sous les cours et sous les copies, de recoller à l’actualité des études bakouniniennes, je m’aperçois que je n’ai toujours pas rendu compte des deux premiers tomes publiés du gros ouvrage d’Antoni Kamiński, que l’auteur m’a fait parvenir l’an dernier. Il y a une bonne raison à cela, c’est que ces deux gros volumes (à l’exception des tables des matières, qui ont été traduites en anglais, en allemand et en français) sont rédigés intégralement en polonais, langue que je n’ai pas l’heur de maîtriser. Et pourtant, j’ai rapidement compris, en tenant ces volumes en main, qu’il s’agissait sans doute de la publication la plus remarquable consacrée à Bakounine depuis la fameuse Biographie de Max Nettlau – un simple regard sur le sommaire et la bibliographie suffit à se convaincre de la qualité de l’information mobilisée par l’auteur et de la pertinence de ses hypothèses de lecture sur l’itinéraire biographique, intellectuel et politique du révolutionnaire russe. Lire la suite de cette entrée »

Comme tant de personnages intéressants, mais aussi comme l'anarchisme, dont il est considéré à raison comme l'un des fondateurs modernes, le révolutionnaire russe Michel Bakounine (1814-1876) a mauvaise réputation : apôtre de la violence, faible théoricien, radicalement extérieur au champ intellectuel européen, on ne compte plus les griefs qui lui sont adressés.
Toute une partie de ce blog consistera d'abord à corriger cette image, erronée non seulement parce qu'elle consiste à projeter sur la personne de Bakounine les fantasmes construits à propos de l'ensemble du mouvement anarchiste, mais aussi parce que Bakounine n'est pas seulement l'un des premiers théoriciens de l'anarchisme. En consacrant ce blog à Bakounine, nous entendons ainsi présenter toutes les facettes de sa pensée et de sa biographie, depuis les considérations familiales de ses premières années jusqu'aux développements théoriques anarchistes des dernières, en passant par son inscription momentanée dans la gauche hégélienne et par son panslavisme révolutionnaire. Nous nous permettrons également quelques excursus, dans la mesure où ils pourront contribuer à éclairer la biographie et la pensée de notre cher Michka ! Le tout sera fonction des envies, de l'actualité, des réactions de lecteurs, et contiendra autant que possible de la documentation sous forme d'images et de textes.
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