Articles avec le tag ‘Bakounine’

Bakounine et Engels à l’EHESS le 9 février 2018 (et en 1848)

Ceci est la première de quatre billets à propos de Bakounine et des révolutions de 1848. Avec un bon mois de retard, je procède à la désannonce (comme on dit à la radio pour donner le titre d’une chanson que l’on vient de diffuser) de mon intervention dans le cadre du séminaire « Révolutions du XIXe siècle et sciences sociales » organisé par Quentin Deluermoz et Caroline Fayolle. Je profite de ce billet pour les remercier de leur invitation et de leur accueil. On peut trouver le programme de leur séminaire en suivant ce lien. Le prochaine (et dernière) séance a lieu ce vendredi, avec Michèle Riot-Sarcey, Kristin Ross et Isabelle Garo.

Pour la séance à laquelle j’ai participé, le titre de mon intervention était « L’Appel aux Slaves de Bakounine et Engels : dimensions démocratique, sociale et nationale des révolutions de 1848 ». Dans la lignée d’une publication récente dont je ferai état dans un prochain billet, il s’agissait pour moi d’actualiser des travaux déjà vieux de dix ans sur Bakounine et les révolutions de 1848, et notamment de prendre en considération les débats dont les interventions de Bakounine et la polémique d’Engels contre l’Appel aux slaves ont fait l’objet à l’intérieur du marxisme. Je reviendrai plus en détail dans un prochain billet sur Roman Rosdolsky et son ouvrage sur le traitement par Engels des peuples sans histoire, notamment dans la Neue Rheinische Zeitung (Nouvelle Gazette Rhénane). Pour le fac-similé en ligne de ce journal édité par Marx et Engels, on peut se rendre à cette adresse, d’où j’ai extrait l’image qui illustre ce billet. Lire la suite de cette entrée »

Amour et mariage chez Bakounine

antoniaUne fois n’est pas coutume, je cède le clavier à un autre bakouninien, en l’occurrence Gaetano Manfredonia, pour la version longue d’une contribution qu’il vient de publier par ailleurs dans un volume d’hommages à Ronald Creagh. Deux raisons à cela: je n’aurais pas fait mieux sur la question, et Gaetano me l’a gentiment proposé. Merci donc à lui de venir enrichir ce blog, auquel je tâcherai un jour ou l’autre de revenir moi-même plus assidûment. Cela ne vous dispense évidemment pas d’aller jeter un œil au volume en question, et d’en faire l’acquisition si cela vous tente!  La présentation de l’ouvrage est ici, et on peut le commander directement sur le site de l’éditeur (qui est aussi l’hébergeur de ce blog) JCA

Amour et mariage chez Bakounine

Bakounine a toujours occupé une place bien particulière au sein du mouvement anarchiste. Sa célèbre phrase de 1842 sur le « désir de destruction » a été utilisée par ses ennemis déclarés et par certains de ses commentateurs peu scrupuleux pour accréditer la thèse d’un Bakounine « apôtre de la pan-destruction » bien plus attiré par l’action que par la réflexion. Rien de plus erroné pourtant, pour peu que l’on prenne la peine de se pencher avec un minimum de sérieux tant sur son parcours militant que sur ses écrits. Lire la suite de cette entrée »

Ma thèse et autres vieilleries

2005nan21031_1pdf-pagesresizedComme un lecteur de ce blog m’a récemment demandé comment on pouvait accéder à ce que j’avais publié sur Bakounine, et comme il s’agit d’une demande qui s’est plusieurs fois manifestée ces dernières années, je me livre (comme on dit) à une petite recension de ce qui est disponible de ma pomme sur Internet.

Ma thèse de doctorat en philosophie, préparée sous la direction de Michel Senellart et soutenue à l’Université Nancy 2 en décembre 2005, peut être lue ici pour le premier tome et ici pour le second. Attention: il s’agit de gros fichiers, en format pdf, numérisés sans outils de reconnaissance de texte, donc d’une exploitation qui n’est guère aisée…

Le premier livre que j’ai publié sur Bakounine, Bakounine jeune hégélien. La philosophie et son dehors, Lyon, ENS Éditions, 2007 contient la traduction depuis l’allemand des textes écrits par Bakounine lors de son passage par le mouvement jeune hégélien (1842-43). J’avais déjà signalé qu’il était possible de lire ce texte en ligne. On peut désormais aussi le consulter en dans les formats epub ou pdf en se connectant depuis l’une des bibliothèques qui ont souscrit à une offre du nom de Freemium, je vous laisse découvrir ça sur la page de l’éditeur.

Par ailleurs, sur le site d’archives ouvertes HAL-SHS, je dépose à peu près tout ce que j’ai le droit d’y mettre, c’est ici.

Mais il y a une solution encore plus simple pour accéder à bon nombre de textes que j’ai pu publier, et qui ne se trouveraient pas en ligne: c’est de me les demander!

Bakounine et Wagner

wagnerMichel Bakounine et Richard Wagner se sont connus à Dresde en 1849. On connaît les détails des relations entre les deux hommes à travers les mémoires du musicien (Mein Leben), dictés à sa femme Cosima à partir de 1865, et qu’il commença à faire circuler à quelques dizaines d’exemplaires à partir des années 1870 parmi ses amis intimes (Nietzsche participa d’ailleurs à l’impression des premiers tomes). Dans ce texte volumineux (1600 pages), pas moins d’une soixantaine ont à voir avec les événements de Dresde, et donc directement ou indirectement avec Bakounine, qui est l’une des figures dominantes de ce passage (son nom apparaît une trentaine de fois). En revanche, Wagner n’est jamais mentionné dans la Confession de Bakounine, qui relate pourtant sa participation à l’insurrection de Dresde. À qui s’étonnerait de retrouver aux côtés de Bakounine le compositeur allemand, qui n’est pas précisément connu comme un apôtre de la révolution sociale mais plutôt comme un chantre de la germanité (avec un antijudaïsme non dissimulé), on rappellera qu’il fut aussi, dans sa jeunesse, un sympathisant enthousiaste des idées libérales et constitutionnelles agitées lors de la révolution de 1848 en Allemagne et que, comme beaucoup d’autres personnes de sa génération, ne resta de son nationalisme démocratique de jeunesse que le nationalisme… Toutefois, pour en revenir à la rencontre avec Bakounine telle qu’elle est narrée dans Ma vie, on ne doit pas perdre de vue que ces mémoires sont sujets à caution, à plusieurs titres. Lire la suite de cette entrée »

Colifichets bakouniniens (8) : un autre tee-shirt est possible

p1130906resizedJe dois à mon grand pourvoyeur de colifichets bakouniniens, Misha Tsovma, d’être entré en possession de ce tee-shirt à l’occasion de mon anniversaire. Il est encore l’œuvre des copains italiens qui avaient produit le précédent tee-shirt dont j’avais déjà parlé sur ce blog. J’aime beaucoup la désignation old school anarchist, qui suggère qu’il y a une nouvelle école (qui d’ailleurs n’en est pas une), non pas post mais plutôt néo-anarchiste, comme dirait Tomás Ibañez.

Une question me taraude toutefois: ce bout de tissu imprimé est-il en mesure d’impressionner notre sémillant désormais ex-ministre de l’économie et de rabattre le mépris de classe exprimé par son fameux « vous n’allez pas me faire peur avec votre tee-shirt » lancé à deux grévistes de la CGT à Lunel en mai dernier?

Prisons bakouniniennes (1): la forteresse de Königstein

bakkonigsteinÀ l’occasion de vacances en Saxe, j’ai fait un crochet par la forteresse de Königstein, où Bakounine fut emprisonné après l’écrasement de l’insurrection de Dresde en mai 1849. C’est aujourd’hui l’un des sites les plus visités de la région, et lorsqu’on y monte, on comprend vite pourquoi. De là-haut, on dispose d’une vue à 360° sur toute la région: les méandres de l’Elbe, qui passe en contrebas, la Suisse saxonne, l’agglomération de Dresde, les premières montagnes tchèques et les monts métallifères.Pour s’y rendre, il suffit de remonter l’Elbe par le train depuis Dresde en direction de la république tchèque, le village de Königstein se trouve à une petite-demie-heure, et de là, une autre demie-heure permet d’escalader la petite montagne au sommet de laquelle se trouve la forteresse.

vuekonigsteinresized Lire la suite de cette entrée »

La rentrée en chanson : La tomba di Bakunin

Merci à René F. de m’avoir fait découvrir cette chanson sur la tombe de Bakounine, et par la même occasion le répertoire d’Alessio Lega (dont les italianisants pourront lire la biographie ici).

NB: étrangement, la fonction d’insertion de vidéo depuis youtube dans wordpress ne fonctionne pas, je me contente donc de coller le lien : https://www.youtube.com/watch?v=7_kCSw8v-lc

Bakuninhütte

herbst08Il y a près d’un an de cela, de retour des commémorations liées aux 200 ans de la naissance de Bakounine, j’avais brièvement fait état, à propos d’une carte postale qui entrait dans la série des colifichets bakouniniens, de la Bakuninhütte, soit littéralement la « cabane Bakounine », fondée au cours des années 1920 par des membres de la FAUD.

Aujourd’hui, la feuille d’info de juillet-août du CIRA (Centre international de recherche sur l’anarchisme) de Marseille nous informe de l’actualité de cette cabane (merci à René F. d’avoir attiré mon attention dessus). Lire la suite de cette entrée »

Paléontologie: quelques vues du courant communiste international sur Bakounine

cciRené Berthier a récemment attiré mon attention sur deux articles de la Revue Internationale, vieux de dix ans déjà (et disponibles en ligne ici et ici). Cette revue est l’organe théorique du Courant communiste international dont la devise est, étrangement, « prolétaires de tous les pays, unissez-vous! » (mais où vont-ils chercher tout ça?).

Si, par extraordinaire, vous ne connaissiez pas cette organisation internationale et ne maîtrisiez pas sa différence d’avec les bordiguistes et les conseillistes (ce qui devrait pourtant être le but de tout être humain normalement constitué), vous pouvez vous rendre sur la page wikipedia qui lui est consacrée. Vous y apprendrez par exemple que, pour ce courant, les anarchistes font partie de la « gauche de l’appareil politique du capital » (mais aux côtés de tant d’autres – en fait tous les groupes gauchistes à l’exception du Courant communiste international). Malgré l’intérêt intrinsèque que l’on doit évidemment porter à ce groupe, c’est pour une autre raison que le double article en question, qui revient, au titre de « questions d’organisation », sur les conflits dans la première Internationale, m’a paru intéressant. C’est qu’il condense, sous une forme grossie, les principales caractéristiques de la manière qu’ont les publications marxistes traditionnelles de se rapporter à ce qu’on appelle souvent « le conflit entre Marx et Bakounine ». On notera d’ailleurs que dans le titre de ces deux articles, il n’est pas question de conflits au sein de l’Internationale, mais d’abord de « la première Internationale et la lutte contre le sectarisme » et de « la lutte de la première Internationale contre l’Alliance de Bakounine », c’est-à-dire de la lutte d’un organisme sain pour se débarrasser d’un corps étranger (plus loin, on verra qu’il est question d’une lutte d’autodéfense de l’AIT contre ses destructeurs). Comme je veux moi aussi que tous les prolétaires s’unissent, je me propose dans ce billet de regarder un peu dans le détail ce double concentré d’idéologie anti-anarchiste. Lire la suite de cette entrée »

Parution: actes de la conférence de Priamoukhino 2014

pryamoukhino2014Il avait été rendu compte sur ce blog l’été dernier de la conférence internationale qui s’était tenue à Priamoukhino, village natal de Bakounine en Russie, à l’occasion du bicentenaire de la naissance du révolutionnaire russe.

Comme les anarchistes sont des gens très organisés et très efficaces, à peine neuf mois plus tard, les actes de ce colloque international paraissaient déjà en russe. On trouvera le texte de mon intervention p. 183-200, mais pour les très nombreux lecteurs russophones de ce blog qui n’ont pas pu, pour une raison inexplicable, assister directement à la conférence en juillet dernier, j’en copierai prochainement le texte. Il s’agit de la traduction en russe du texte que j’avais déjà proposé sur ce blog, traduction qui avait été projetée en guise de surtitrage cependant que je lisais ma propre traduction en anglais d’un texte que j’avais d’abord rédigé en français. Bref, tout cela est très compliqué.

Comme tant de personnages intéressants, mais aussi comme l'anarchisme, dont il est considéré à raison comme l'un des fondateurs modernes, le révolutionnaire russe Michel Bakounine (1814-1876) a mauvaise réputation : apôtre de la violence, faible théoricien, radicalement extérieur au champ intellectuel européen, on ne compte plus les griefs qui lui sont adressés.
Toute une partie de ce blog consistera d'abord à corriger cette image, erronée non seulement parce qu'elle consiste à projeter sur la personne de Bakounine les fantasmes construits à propos de l'ensemble du mouvement anarchiste, mais aussi parce que Bakounine n'est pas seulement l'un des premiers théoriciens de l'anarchisme. En consacrant ce blog à Bakounine, nous entendons ainsi présenter toutes les facettes de sa pensée et de sa biographie, depuis les considérations familiales de ses premières années jusqu'aux développements théoriques anarchistes des dernières, en passant par son inscription momentanée dans la gauche hégélienne et par son panslavisme révolutionnaire. Nous nous permettrons également quelques excursus, dans la mesure où ils pourront contribuer à éclairer la biographie et la pensée de notre cher Michka ! Le tout sera fonction des envies, de l'actualité, des réactions de lecteurs, et contiendra autant que possible de la documentation sous forme d'images et de textes.
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